Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Alors que Damas poursuit sa campagne diplomatique tous azimuts Syrie-Irak : les signes de normalisation se précisent

Alors que Damas poursuit son action politico-diplomatique auprès des pays arabes pour contrer le rapprochement turco-israélien et obtenir une mobilisation des pays de la région face à l’opération militaire d’Ankara dans le nord de l’Irak, des sources diplomatiques à Bagdad ont relevé avec intérêt les signes de rapprochement avec la Syrie.
«La visite d’une délégation économique syrienne à Bagdad et la condamnation par Damas de l’incursion turque en Irak constituent autant de signes d’un rapprochement», estiment les mêmes sources. L’ambassadeur irakien à l’ONU, Nizar Hamdoun, a fait état de son côté, sans élaborer, de «tentatives menées depuis quelque temps en vue de normaliser les relations» entre l’Irak et la Syrie, rompues depuis près de vingt ans.
La visite depuis mardi à Bagdad de la délégation syrienne, la première depuis le début des années 80, a eu le feu vert de Damas et a pour objet d’étudier les perspectives de coopération commerciale. Elle pourrait constituer un prélude à une normalisation politique, selon une source irakienne autorisée.
Le président de l’Union des Chambres de commerce syrienne Rateb Challah, qui dirige la délégation, a exprimé hier l’espoir que les marchandises achetées par l’Irak en vertu de l’accord «pétrole contre nourriture» transiteraient par les ports syriens.
«Nous espérons que la Syrie sera le débouché sur la Méditerranée de l’Irak pour l’importation des marchandises vers ce pays», a déclaré M. Challah au quotidien officiel irakien al-Joumhouriya.
Les ports syriens constitueraient une concurrence sérieuse au port jordanien d’Aqaba sur la mer Rouge, plus éloigné et par lequel transitent la plupart des marchandises pour l’Irak.
Mais la frontière irako-syrienne est fermée depuis 1980, un an après la rupture entre
les deux pays. M. Challah a déclaré à ce propos que sa délégation est venue exprès par la route à travers le poste-frontière «car nous voulons que la frontière reste ouverte pour permettre la coopération entre les deux pays» à l’avenir.
La délégation syrienne a été reçue par plusieurs ministres dont ceux du Pétrole, du Commerce, de l’Agriculture, de la Santé et de l’Industrie.
Dans une déclaration publiée mercredi, le ministre du Pétrole Amer Rachid a exprimé «l’espoir que cette visite ouvrira de nouveaux horizons devant la coopération pétrolière» entre les deux pays.
Selon une source irakienne autorisée, la visite de la délégation syrienne «constitue en elle-même un indice des efforts pour un rapprochement entre les deux pays, qui pourrait commencer par la coopération commerciale».
Un diplomate arabe à Bagdad a également estimé que cette visite constituait «un bon signe en direction d’une normalisation irako-syrienne», tout en rappelant que des tentatives de réconciliation entre les deux pays, gouvernés par deux branches rivales du parti nationaliste arabe Baas, avaient déjà eu lieu dans le passé.
Dans le même temps, le vice-président syrien Abdel - Halim Khaddam a multiplié les déclarations critiquant l’intervention menée par l’armée turque depuis une semaine dans le nord de l’Irak, échappant au contrôle de Bagdad, à la poursuite des rebelles kurdes turcs.
«La Syrie est inquiète pour l’Irak, un pays arabe frère qui fait face à une menace étrangère», avait déclaré mardi M. Khaddam, en tournée dans le Golfe pour rallier les pays arabes à la position de Damas. «Les opérations militaires turques dans le nord de l’Irak constituent une violation de la souveraineté d’un pays arabe frère», a-t-il dit.
M. Khaddam, qui a quitté hier les Emirats arabes unis pour Oman puis Bahrein, a déclaré en soirée: «Le partenariat israélo-turc menace l’ensemble de la nation arabe, ainsi que la paix et la stabilité dans la région».
«Nous avons besoin d’une position arabe unifiée face aux menaces et aux défis auxquels est confrontée la nation arabe», a précisé, de son côté, un responsable syrien accompagnant M. Khaddam, qui a requis l’anonymat.
«Nous évoquons dans nos discussions la nécessité pour les Arabes de se montrer fermes face à l’attitude obstinée d’Israël et à l’alliance turco-israélienne, qui est dirigée contre nous», a-t-il ajouté.
Turquie, Israël: ces deux thèmes ont figuré également au centre de l’entretien que le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh a eu dans la journée d’hier à Moscou avec son homologue russe Evgueni Primakov. Celui-ci affirmait par la suite qu’il ne pouvait y avoir de paix au P.-O. sans «restitution des territoires conquis lors de précédents conflits». Le chef de la diplomatie russe, a-t-on noté, n’a mentionné aucun territoire en particulier.
M. Primakov a également enjoint «tous les participants au processus de paix au Proche-Orient» de reprendre les pourparlers de paix «sur la base des accords déjà trouvés», et notamment le principe «terre contre paix».
Toutes les parties «doivent accepter les décisions prises par les dirigeants qui les ont précédés», a affirmé M. Primakov, sans citer le nom du principal coupable aux yeux de Damas, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
«L’arrivée de nouveaux dirigeants dans tel ou tel pays ne peut pas provoquer des envies de tout recommencer depuis le début».
M. Primakov a également souligné que la Russie était favorable à des pourparlers qui touchent simultanément «tous les aspects du conflit».
«Si on ne résoud pas les questions sur le Liban et la Syrie, il ne peut pas y avoir de paix au Proche-Orient», a-t-il affirmé.
M. el-Chareh, qui avait eu auparavant une conversation téléphonique avec Boris Eltsine, a réaffirmé l’inquiétude de la Syrie face au rapprochement entre la Turquie et Israël, qui «appuyée par une grande puissance» — autrement dit les Etats-Unis — «essaient de faire renaître une atmosphère de guerre froide au Moyen-Orient».
Le ministre russe a déclaré qu’il «comprenait cette inquiétude» face à des «alliances militaires dans la région dont les flèches pourraient viser Damas».
Alors que Damas poursuit son action politico-diplomatique auprès des pays arabes pour contrer le rapprochement turco-israélien et obtenir une mobilisation des pays de la région face à l’opération militaire d’Ankara dans le nord de l’Irak, des sources diplomatiques à Bagdad ont relevé avec intérêt les signes de rapprochement avec la Syrie.«La visite d’une délégation...