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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Sfeir : la présence syrienne n'a que trop duré

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a appelé hier à préparer la voie à une émancipation du Liban de la présence syrienne, estimant que celle-ci «n’a que trop duré».

Le patriarche était interrogé par le journaliste égyptien Imadeddine Adib, de la deuxième chaîne de la télévision arabe par satellite Orbit, actuellement au Liban pour une série d’interviews. L’entretien avec Mgr Sfeir était simultanément diffusé sur Orbit et sur la Future Television.
«La Liban et la Syrie sont des voisins et, en tant que tels, ils devraient entretenir des relations d’amitié et de respect mutuel», a déclaré le patriarche. «Nous disons même plus. Nous avons intérêt, au Liban et en Syrie, à ce que nos relations soient les meilleures possibles, d’autant que les liens entre les deux pays sont nombreux», a-t-il dit.
«Mais une telle relation ne pourrait voir le jour que si chacun des deux pays jouissait de la souveraineté, de l’indépendance et de la liberté de décision», a poursuivi Mgr Sfeir, rappelant que la clause de l’accord de Taëf qui prévoyait le redéploiement de l’armée syrienne n’avait pas été appliquée.
Interrogé par le journaliste sur le point de savoir si le Liban pouvait «dès demain» se passer de la présence militaire syrienne sur son sol, le patriarche a répondu: «Cette affaire n’a que trop duré. Ou bien nous sommes capables d’assumer seuls nos responsabilités, ou bien ne parlons plus d’indépendance. Nous ne disons pas «demain». Seulement, il faudrait commencer à préparer la voie à cela. Un calendrier avait été déjà établi à Taëf, mais rien ne s’est passé».

Le Liban, un pays arabe

Sur un autre plan, le patriarche a souligné que le Liban était devenu, après Taëf, un pays arabe à part entière, après avoir été uniquement «à visage arabe». Il a cependant affirmé avec force que ce pays était et resterait «un pont entre l’Orient et l’Occident» et qu’il aurait toujours «un visage tourné vers le désert et un autre vers la Méditerranée».
Il a estimé que la coexistence était «une caractéristique du Liban», niant que la guerre ait été un conflit interconfessionnel. «Le plus souvent, a-t-il remarqué, c’étaient les chrétiens qui faisaient la guerre aux chrétiens et les musulmans aux musulmans».
Il a néanmoins jugé «impossible» un abandon du système confessionnel. «En Occident, quand deux personnes se rencontrent, l’une ne demande pas à l’autre si elle est catholique, protestante ou autre. Au Liban, on cherche toujours à connaître l’appartenance confessionnelle des uns et des autres. Voilà pourquoi une véritable laïcisation n’est possible qu’à très long terme, après une transformation des mentalités», a-t-il dit.
«Cela ne signifie pas pour autant que les communautés doivent se comporter comme des tribus», a ajouté la patriarche. Selon lui, sur le plan populaire, «la réconciliation a déjà eu lieu, mais sur le plan politique et institutionnel, c’est une tout autre histoire».
Au sujet du conflit avec Israël, il a souligné que le Liban n’était pas en mesure de se réconcilier seul avec l’Etat hébreu. «Mais il n’est pas non plus en mesure de faire la guerre seul contre Israël», a-t-il dit, qualifiant de «grande erreur» le fait qu’il y ait un seul front arabe en activité, en l’occurrence au Liban-Sud.

La visite du pape

Sur la visite du pape, il a affirmé que son premier résultat était d’avoir opéré un nouveau «rapprochement» entre les Libanais, estimant cependant que d’autres résultats apparaîtraient avec le temps.
Enfin, Mgr Sfeir a indiqué que les modalités d’application de l’Exhortation apostolique signée par Jean-Paul II étaient actuellement à l’étude et que de premiers contacts avaient déjà été effectués à ce sujet. «Nous allons poursuivre ces contacts avec des milieux chrétiens et non chrétiens pour parvenir à l’application», a-t-il dit, se réjouissant du fait que tous les Libanais aient «accueilli positivement» ce document.

Débat

Commentant lors d’un débat qui a suivi l’interview les propos du patriarche maronite au sujet de la Syrie, M. Ghazi Aridi, conseiller politique du ministre Walid Joumblatt, a mis l’accent sur la nécessité de l’application de l’accord de Taëf dans son intégralité. «Il est impensable d’évoquer le problème du redéploiement des forces syriennes et d’occulter l’abolition du confessionnalisme politique prévue également par Taëf».
M. Aridi a déclaré ne pas partager l’avis de Mgr Sfeir qui a qualifié la guerre du Liban de guerre des autres sur son territoire. «La guerre au Liban a des racines dans la société libanaise», a-t-il dit.
De son côté, M. Samir Frangié (indépendant) a estimé que la coexistence au Liban est possible si chaque composante de la société fait l’effort de comprendre «les intérêts vitaux de l’autre».
Prenant en exemple le ministre Walid Joumblatt, M. Frangié a qualifié de «vital» et de «légitime» la position du ministre Joumblatt qui a tenu à l’organisation en 1996 d’élections législatives sur base du caza dans la circonscription du Mont-Liban.
De son côté, M. Mohamed Sammack, conseiller du mufti de la République, cheikh Mohamed Kabbani, a estimé que la guerre au Liban n’a jamais été «une guerre de religion».
«Pendant quinze ans, la guerre du Liban a changé de nature, mais elle n’a jamais été une guerre de religion. Elle a eu tantôt des raisons d’ordre politique liées au régime politique adopté dans le pays, tantôt elle a eu des raisons sociales ou d’autres tributaires d’ingérences extérieures».
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a appelé hier à préparer la voie à une émancipation du Liban de la présence syrienne, estimant que celle-ci «n’a que trop duré».Le patriarche était interrogé par le journaliste égyptien Imadeddine Adib, de la deuxième chaîne de la télévision arabe par satellite Orbit, actuellement au Liban pour une série...