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Actualités - CHRONOLOGIE

Alors que les tiraillements politiques s'accentuent avec pour toile de fond la bataille présidentielle Le conseil constitutionnel aurait invalidé quatre mandats parlementaires

Le long week-end de l’«Achoura» aura été placé sous le signe de l’escalade. Escalade militaire, d’abord, au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest où la flambée de violence entamée dans la soirée de jeudi s’est poursuivie par intermittence jusqu’à hier soir, à coup de raids aériens et de duels d’artillerie qui ont fait trois tués et sept blessés dans les rangs de l’armée israélienne (VOIR PAR AILLEURS). Cette détérioration sur le terrain s’est accompagnée, parallèlement, d’une escalade politique ayant pour toile de fond la polémique sur l’armée et la politisation du rôle de la «Grande Muette».
Poursuivant sur sa lancée, le leader du PSP et ministre des Déplacés, M. Walid Joumblatt, a repris au cours des dernières quarante-huit heures ses critiques acerbes contre l’institution militaire, accusant explicitement le commandement de Yarzé, et plus particulièrement les renseignements de l’armée, d’avoir appuyé M. Elias Abou Rizk lors des dernières élections de la CGTL. Et pour compléter la campagne menée par le premier ministre Rafic Hariri et par M. Joumblatt sur ce plan, le ministre de la Défense Mohsen Dalloul a lancé hier une petite phrase lourde de conséquences, soulignant qu’il espérait que nul au Liban ne se laissera tenter par une expérience semblable à celle de la Turquie (allusion aux pressions exercées sur le gouvernement par l’establishment militaire turc).
En toute vraisemblance, les perspectives de la prochaine bataille pour la présidence de la République se dessinent en filigrane derrière ces attaques répétées contre le commandement et les services de renseignements de l’armée. Nul n’ignore en effet que certains cercles gouvernementaux cherchent d’ores et déjà à barrer la route de la première magistrature au général Emile Lahoud.
Certes, nous n’en sommes pas encore là, d’autant qu’en dix-huit mois (soit jusqu’à la date prévue de l’élection présidentielle, fin 98) beaucoup d’eau va, sans nul doute, couler sous les ponts. Il reste que pour nombre d’observateurs, certains développements majeurs de l’actualité locale sont, bel et bien, à inscrire au compte des manœuvres préliminaires qui précèdent généralement la bataille présidentielle. Tel est le cas, notamment, du verdict que le Conseil constitutionnel a été appelé à rendre au sujet des recours en invalidation de plusieurs mandats parlementaires.
On apprend sur ce plan que l’annonce de ce verdict est imminente et pourrait intervenir dans les quarante-huit heures. En réalité, les décisions du Conseil constitutionnel à ce sujet étaient hier soir connues de tous et faisaient déjà l’objet d’un débat houleux. Selon diverses sources toutes concordantes, le Conseil a accepté les recours en invalidation des mandats des députés Fawzi Hobeiche (maronite, Akkar), Emile Nawfal (maronite, Jbeil), Henry Chédid (maronite, Békaa-Ouest) et Khaled Daher (sunnite, Akkar).
A en croire les milieux proches du chef du gouvernement, des élections partielles seraient organisées dans les circonscriptions susmentionnées. Elles opposeraient les quatre députés précités et les quatre candidats malheureux qui avaient présenté, à la suite du scrutin de 96, des recours en invalidation, à savoir, respectivement, MM. Mikhaël Daher (maronite, Akkar), Nazem Khoury (maronite, Jbeil), Robert Ghanem (maronite, Békaa-Ouest) et Mohammed Yahya (sunnite, Akkar).
Certaines sources contredisent les indications rapportées à ce sujet par les milieux loyalistes et affirment que les élections partielles n’auraient lieu que dans les cas de MM. Fawzi Hobeiche et Mikhaël Daher, et Emile Nawfal et Nazem Khoury. Auquel cas, les mandats de MM. Khaled Daher et Henry Chédid seraient purement et simplement invalidés, et les deux députés seraient remplacés d’office, respectivement, par MM. Mohammed Yahya et Robert Ghanem. Ce dernier cas de figure a été confirmé en soirée par M. Khaled Daher dans une déclaration rapportée par l’ANI.
Quoi qu’il en soit, si les détails du verdict du Conseil constitutionnel demeuraient hier soir incertains, il était par contre acquis que les recours en invalidation des quatre mandats précités ont été bel et bien acceptés. Le Conseil devrait tenir aujourd’hui une réunion en son siège, à Hamra, afin d’entériner son verdict. Mais le déballage public, hier, des décisions prises par la haute instance juridique a relancé les interrogations soulevées par divers milieux qui ont souligné que ces «fuites» tendent à prouver que le verdict du Conseil a fait l’objet d’un véritable «marché» entre les pôles du pouvoir. Effectivement, aussi bien la présidence de la République que le chef du Législatif ou les cercles gouvernementaux (sans compter la presse) sont au courant depuis longtemps des détails des délibérations du Conseil alors que la teneur de ces délibérations aurait dû être tenue secrète, et le verdict n’aurait dû être révélé qu’après que le président de la Chambre et le ministre de l’Intérieur en auraient été informés.
Dans sa déclaration rapportée hier soir par l’ANI, le député Khaled Daher devait affirmer dans ce cadre que les décisions du Conseil ont été annoncées par l’un des membres de cette instance, le juge Adib Allam, au cours d’une rencontre au domicile de M. Nazem Khoury, à Jbeil, en présence de M. Abbas Hachem (candidat malheureux au siège chiite de Jbeil sur la liste de M. Khoury). Dans le but, sans doute, de discréditer l’instance qui a remis en cause son mandat de député, M. Daher a été jusqu’à souligner que le procès-verbal du verdict a été signé par certains membres du Conseil à leurs domiciles respectifs (ce qui, le cas échéant, serait contraire à la loi qui stipule que les décisions du Conseil doivent être prises et signées au cours d’une séance tenue au siège de l’instance en question).
En tout état de cause, il est désormais acquis que le pays s’est engagé sur la voie d’élections partielles dans plusieurs circonscriptions (sauf coup de théâtre de dernière minute). A quelques mois de la bataille présidentielle, un tel scrutin risquerait fort bien de stimuler encore davantage les tiraillements, voire la tension politique, qui se manifestent dans le pays à plus d’un niveau. Car ces élections partielles pourraient fournir l’occasion à diverses fractions d’avancer leurs pions dans la perspective de l’échéance de 1998. De fait — ironie du sort — trois des quatre sièges remis en cause mettent en jeu des pôles maronites dont plus d’un est présidentiable et soutenu, de surcroît, par des cercles influents.
Michel TOUMA
M.T.


Le long week-end de l’«Achoura» aura été placé sous le signe de l’escalade. Escalade militaire, d’abord, au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest où la flambée de violence entamée dans la soirée de jeudi s’est poursuivie par intermittence jusqu’à hier soir, à coup de raids aériens et de duels d’artillerie qui ont fait trois tués et sept blessés dans les rangs de...