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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Le PSP se joint à la polémique sur l'armée En même temps, Joumblatt critique l'état dans le scénario d'attentat contre le pape

Y-a-il au Liban des services parallèles travaillant dans l’ombre, poursuivant des objectifs distincts de ceux que poursuit l’autorité politique? C’est la question que pose désormais ouvertement le chef du PSP, M. Walid Joumblatt, les milieux politiques qu’il représente et même, d’une certaine façon, le président du Conseil, M. Rafic Hariri.
Dans le cadre de la polémique engagée à ce sujet, une «source autorisée» au sein du PSP a commenté, hier, dans un communiqué incendiaire publié par l’ANI (officielle), la réponse indirecte apportée mercredi par le commandant en chef de l’armée, le général Emile Lahoud, à des accusations formulées par M. Hariri.
«Comment l’armée peut-elle affirmer qu’elle est soumise à l’autorité politique et se permettre en même temps de faire une déclaration politique, s’attaquant à l’une des figures de l’autorité politique?», s’est interrogée la source autorisée, en allusion à une déclaration du général Lahoud que les milieux politiques ont considérée comme une réponse indirecte au président du Conseil (VOIR AUSSI PAGE 2).
Ce dernier a accusé, à plusieurs reprises, des services de l’armée de chercher à provoquer «l’effritement des institutions étatiques». Le président du Conseil reproche en particulier à l’armée d’avoir pris partie dans le conflit de légitimité au sein du monde syndical, en appuyant la confédération présidée par M. Elias Abou Rizk.
Dans sa réponse indirecte, le général Lahoud avait affirmé en particulier que «la responsabilité de l’effritement des institutions est due à des causes connues de tous, et l’armée est, au contraire, l’un des motifs de ce qui reste de crédibilité à l’Etat».
Dans son commentaire, hier, la «source autorisée» du PSP a rappelé qu’il a fallu l’intervention du ministre de la Défense lui-même, M. Mohsen Dalloul, pour que l’armée postée à l’entrée du siège de la CGTL, où se déroulaient les élections, cède la place aux Forces de sécurité intérieure. C’était à ces dernières que l’autorité politique, en l’occurrence le ministre de l’Intérieur, avait confié le maintien de l’ordre, le jour des élections syndicales, le 24 avril dernier. «Comment peut-on affirmer, en pareil cas, que certains services de l’armée sont au-dessus des conflits internes?», s’interroge le PSP.

Ordre de prééminence

Plus profondément, ce que le PSP soulève, c’est la question de l’ordre de prééminence au sein des institutions de l’Etat, accusant l’armée «d’exagérer» l’importance de sa contribution et son mérite, qu’il reconnaît par ailleurs. «Ce n’est pas à l’armée que l’autorité politique doit la sécurité, base de la stabilité intérieure, bien au contraire, dit en substance le communiqué du PSP. C’est grâce à l’existence d’une décision et d’un consensus politique que l’armée a pu se redresser, et la Nation avec».
Les PSP reproche aussi au commandant en chef de l’armée d’avoir mis toutes les milices dans le même sac, en affirmant que le rôle de l’institution militaire est de protéger l’Etat contre les milices. «En tout état de cause, il est inadmissible qu’au nom de la protection de l’Etat contre les milices, certains membres de l’institution militaire se conduisent avec une mentalité milicienne, enfreignant lois et règlements», ajoute le communiqué.
Le communiqué met aussi en doute le fait que l’armée soit réellement au-dessus des préférences confessionnelles et des polarisations politiques, et cite à l’appui de ses critiques dans ce domaine des promotions et des missions d’entraînement accordées ou refusées indépendamment du mérite.
Tout en admettant que «des erreurs doivent être corrigées» au sein de l’Etat et qu’«il existe un état de corruption au sein des administrations», le communiqué cite l’armée au nombre des institutions qui ont besoin d’être réformées, comme toutes les autres, et met en garde l’institution militaire contre la tentation de se croire à l’abri de toute imperfection et du «modèle» turc. Et de s’interroger pour finir sur la finalité de l’édification de l’institution militaire: «Quelle armée bâtit-on, pour quel Liban? Pour quelle mission réserve-t-on ce grand nombre de soldats et d’officiers, au vu des dépenses considérables qu’ils entraînent?»

Pour leur propre compte

Le communiqué du PSP aurait pu être passé sous silence s’il ne suivait une déclaration de M. Walid Joumblatt et une autre attribuée à une «source autorisée» du parti, soulevant tous deux des épisodes troubles dans lesquels des services de l’Etat semblent avoir agi pour leur propre compte.
Ainsi, M. Joumblatt a accusé hier «certains services qui se sont déjà illustrés dans l’affaire Okamoto» (l’affaire des membres de l’Armée rouge japonaise arrêtés au Liban) d’avoir tout bonnement «inventé» la tentative d’attentat contre le pape.
On sait que l’affaire de l’arrestation de membres de l’Armée rouge japonaise au Liban avait révélé de graves lacunes dans la chaîne de commandement et la subordination d’une institution comme celle de la Sûreté de l’Etat aux autorités politiques. Le numéro 2 de ce service, le brigadier Ali Makki, avait été destitué en raison de cette affaire.
Abondant dans le sens de M. Joumblatt, une source autorisée du PSP avait qualifié la nouvelle de la tentative d’attentat contre le pape de «roman policier», assurant que cette mise en scène avait pour but de compromettre la visite du pape, «en détournant l’attention des Libanais et du monde du contenu de l’Exhortation apostolique (...) tout en poussant à s’interroger sur les services qui auraient joué le grand rôle dans le succès de la visite».
A Séoul, où il se trouve en visite officielle (VOIR PAR AILLEURS) le président du Conseil, M. Rafic Hariri, s’est refusé à tout commentaire «de loin» sur la réponse indirecte du commandant en chef de l’armée à ses accusations.
Il reste que cette polémique a le mérite de braquer les projecteurs de l’actualité sur des tiraillements dans les rapports entre les institutions de l’Etat. Il faut souhaiter que les parties concernées en tirent rapidement les leçons, faute de quoi cette affaire, après bien d’autres, affaiblira un peu plus la confiance des Libanais dans leurs institutions, au moment même où l’Exhortation apostolique essaie d’insuffler un nouvel esprit d’unité et de courage aux Libanais, en les responsabilisant à l’égard de leur pays.
Y-a-il au Liban des services parallèles travaillant dans l’ombre, poursuivant des objectifs distincts de ceux que poursuit l’autorité politique? C’est la question que pose désormais ouvertement le chef du PSP, M. Walid Joumblatt, les milieux politiques qu’il représente et même, d’une certaine façon, le président du Conseil, M. Rafic Hariri.Dans le cadre de la...