L'Iran s'alarme du manque de prévention des séismes (photos)

TEHERAN, 12 Mai (AFP). — La fragilité des maisons rurales et l’absence de normes antisismiques dans les villes sont largement responsables des lourds bilans des séismes qui secouent régulièrement l’Iran, estimait lundi la presse en appelant le gouvernement à prendre des mesures draconiennes.
Le séisme de 7,1 degrés sur l’échelle ouverte de Richter, qui a fait près 4.000 morts samedi, selon un bilan provisoire, dans l’est du pays, a ravivé les craintes de catastrophes beaucoup plus importantes.
«Un tremblement de terre à Téhéran serait à coup sûr une tragédie», écrit le journal «Kayhan International», reflétant l’inquiétude latente des habitants de la capitale iranienne.
Téhéran, dont la population a doublé en vingt ans pour approcher les 10 millions d’habitants, est construite dans une zone à très haut risque, dans un pays dont la quasi-totalité du territoire est déjà considérée comme instable du point de vue sismique.
La presse fait la litanie des séismes meurtriers qui ont endeuillé le pays ces dernières années sans qu’apparemment aucune leçon n’ait été tirée: 10.000 morts en 1968, 25.000 morts en 1978, 40.000 en 1990. Selon les statistiques officielles, près de 200.000 Iraniens ont péri dans des séismes depuis 1941.
«Les normes de sécurité sont rarement respectées et les permis de construire municipaux sont accordés à la va-vite, souvent grâce à des dessous de table», selon un expert européen.
Certains grands hôtels de Téhéran et de nombreuses tours ont ainsi été construits à proximité de zones de fracture parfaitement identifiées depuis longtemps par les sismologues.

Soudures fragiles

Les techniques de construction des immeubles s’inspirent apparemment de celles en vigueur dans des pays à fort risque sismique, avec en particulier des structures en poutrelles d’acier censées absorber les chocs sans rompre.
«Mais si on y regarde de plus près, les soudures sont fragiles, les immeubles trop hauts, les fondations insuffisantes, ce qui veut dire que les immeubles s’effondreront facilement», relève cet expert.
«La tendance actuelle de l’urbanisation à Téhéran est à la construction de hautes tours sans prendre en compte des facteurs impératifs de sécurité», s’alarme aussi le journal «Kayhan».
La situation est pire encore dans les zones rurales, où l’habitat traditionnel est souvent fait de maisons de pierres et de briques séchées au soleil, assemblées avec du torchis.
Les toits sont souvent en rondins de bois recouverts de terre séchée, posés en équilibre sur les murs et donc prêts à s’effondrer à la moindre vibration.
Le journal «Tehran Times» fait observer que la plupart des maisons détruites samedi dans la province de Khorassan, dans une zone semi-désertique, était «des cabanes en terre mal construites», très vulnérables.
La presse iranienne relève aussi que le précédent tremblement de terre, survenu fin février à Ardébil (nord-ouest), avait fait plus de mille morts et rasé des dizaines de villages alors que sa magnitude — 5,5 sur l’échelle ouverte de Richter — n’avait rien d’exceptionnel.
Au Japon, pays souvent cité en référence, les normes antisismiques sont prévues pour des chocs aussi puissants que celui qui a frappé l’est du pays samedi.
«Le gouvernement devrait donner la priorité à la prévention de ces désastres, plutôt que de privilégier l’envoi d’aide d’urgence aux victimes», affirme le «Tehran Times».
Le journal «Iran News», quant à lui, propose une liste de mesures d’urgence, en tête desquelles l’imposition de normes antisismiques. «Le simple savoir-faire, que nous avons, n’est plus suffisant. Il faut désormais une action urgente», selon le quotidien.