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Actualités - CHRONOLOGIE

Une région musulmane contrôlée par les hans

URUMQI (Chine), 12 Mai (AFP). — La flambée de violence ethnique dans la région musulmane du Xinjiang (nord-ouest de la Chine) traduit, plus qu’un clivage religieux, un profond malaise de la part des Ouïghours, majoritaires, face aux Hans (Chinois de souche) qui contrôlent l’essentiel de l’économie régionale.
«Si le clivage n’était que religieux, les Ouïghours chercheraient à s’allier aux Kazakhs, aux Ouzbeks, aux Huis et aux autres peuples musulmans du Xinjiang. Or, ils ne partagent même pas leurs lieux de prière», souligne un ingénieur originaire d’un pays arabe et travaillant dans le cadre d’un programme de coopération internationale.
Le gouvernement agite la thèse de la poussée islamiste en Asie centrale, refroidissant ainsi la sympathie que la cause ouïghoure pourrait éveiller en Occident, selon des diplomates occidentaux en Chine.
Mais les Hans qui arrivent en force dans la région sont considérés par nombre de Ouïghours davantage comme une menace pour l’avenir de leurs enfants que comme des «infidèles» contre lesquels il faudrait partir en guerre sainte.
«Les Hans nous prennent tout. Ils vont nous voler jusqu’à notre chemise», affirme Baruj, patron d’un four où l’on fait des nams, délicieux pains ronds, près du bazar d’Urumqi, la capitale régionale.
Ces craintes semblent confirmées par les statistiques.
Quelque 80% des 300.000 salariés de la puissante Corporation de production et construction du Xinjiang, un conglomérat qui assure un quart du Produit intérieur brut (PIB) de la région, sont des Hans, admettent des responsables de la Commission économique du Xinjiang.
Le personnel ouïghour est peu présent dans les champs pétrolifères du Tarim et de Tuha, ainsi que dans la nouvelle zone de développement économique créée à Urumqi pour attirer les investissements étrangers.
Selon les fonctionnaires de la Commission au plan, un million de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit une sur seize, «notamment dans les régions des minorités du Sud», foyers de contestation séparatiste.
Et Urumqi, où se concentre l’essentiel de l’activité économique, est à près de deux tiers Han.
Dans ce contexte, la volonté des autorités de couper l’herbe sous les pieds des indépendantistes en assurant le développement de la région doit être relativisée, d’autant plus que toute amorce d’activité économique est un attrait pour les dizaines de millions de paysans chinois qui, ces dernières années, ont quitté la terre à la recherche d’un emploi.
Bien que les responsables refusent de livrer la moindre estimation sur l’ampleur de cette nouvelle vague d’immigration intérieure, ils reconnaissent que depuis 1949 les Hans du Xinjiang sont passés de 300.000 à 6 millions, soit actuellement 37% de la population, contre 47% d’Ouïghours.
Cette hostilité envers les nouveaux arrivés on la retrouve également chez des Hans nés ou installés de longue date au Xinjiang. «Je ne sais pas pourquoi le gouvernement laisse faire. Plus il y en aura, plus on aura des problèmes», affirme Chen Haoyi, qui est camionneur.
M. Chen, né au Xinjiang de parents venus dans les années 40 de Tianjin (près de Pékin), est même prêt à trouver des justifications aux poseurs de bombes qui, fin février, ont fait neuf morts et 74 blessés dans trois autobus d’Urumqi.
«Quand le désordre règne en haut, il y a trois sortes de troubles en bas», affirme-t-il, évoquant la corruption dans les rangs du Parti communiste.
URUMQI (Chine), 12 Mai (AFP). — La flambée de violence ethnique dans la région musulmane du Xinjiang (nord-ouest de la Chine) traduit, plus qu’un clivage religieux, un profond malaise de la part des Ouïghours, majoritaires, face aux Hans (Chinois de souche) qui contrôlent l’essentiel de l’économie régionale.«Si le clivage n’était que religieux, les Ouïghours...