Ces taxes, qui viseraient notamment la pollution dérivant de la combustion des sources d’énergie fossiles, permettraient de lever plus de 1.000 milliards de dollars à l’échelle mondiale, estime David Roodman, auteur de l’étude.
Une telle somme pourrait être utilisée pour réduire de 15% les impôts sur les revenus et les investissements, qui se montent actuellement à 7.500 milliards de dollars au niveau mondial, selon le WWI.
«Il faut faire payer les coûts de la pollution par ceux qui en sont responsables», a déclaré lors d’une conférence de presse M. Roodman.
«La pollution des voitures coûte 218 millions de dollars par an à l’Etat américain en frais médicaux pour soigner les maladies pulmonaires liées au smog, a affirmé M. Roodman. Ce problème ne peut être résolu que si les automobilistes commencent à payer une partie de ces coûts», notamment par une augmentation de la taxe sur l’essence.
Une augmentation des taxes sur la pollution, qui toucherait tout pollueur, de l’individu à l’entreprise, permettrait d’alléger également les charges sociales des entreprises, en favorisant l’embauche. Des millions d’emplois pourraient ainsi être créés, estime l’étude.
Celle-ci cite l’exemple de certains pays européens qui, en augmentant ces taxes, ont réussi à décourager des activités polluantes et à réduire les impôts des contribuables.
Les Pays-Bas ont ainsi imposé en 1970 une taxe sur la décharge de métaux lourds (plomb, mercure, zinc...) et matériaux organiques dans les cours d’eau et les lacs qui a débouché sur une réduction de 86 à 97% de ces décharges entre 1976 et 1994.
Influence des lobbies
Le Danemark a pu réduire en 1994 de 2,5% l’impôt sur le revenu grâce à la perception de taxes sur l’électricité, le charbon, l’essence et le dépôt et l’incinération des déchets. En même temps, le recyclage a grimpé de 12% à 82% des déchets sur une période de 6 à 8 ans.
La Suède a réduit de 1,9 l’impôt sur le revenu individuel par l’imposition d’une taxe sur les émissions carboniques, d’azote et de dioxyde de souffre. Cette taxe a contribué à une réduction de 35% des émissions d’oxydes d’azote sur un an.
M. Roodman a néanmoins reconnu la difficulté d’introduire des taxes similaires aux Etats-Unis, en raison de l’influence des lobbies industriels sur le Congrès. La proposition par le président Bill Clinton en 1992 d’une taxe sur l’énergie s’était heurtée à une forte résistance de la part des lobbies des compagnies pétrolières.
De plus, le Congrès républicain, manifestement opposé à toute imposition de nouvelle taxe, accepterait difficilement des initiatives comme celles prises en Europe.
«Le système de la commercialisation de permis de polluer pourrait se développer davantage aux Etats-Unis», a indiqué M. Roodman.
Des permis sont cotés sur le marché à terme de Chicago depuis mars 1993. L’Agence de protection de l’environnement attribue à des entreprises, notamment les centrales électriques, une allocation de pollution annuelle, qui compte un certain nombre de droits, équivalent chacun à une tonne de dioxyde de souffre.
Les entreprises plus propres vendent leurs droits aux plus polluantes, dans le cadre d’une initiative visant à réduire ces émissions, responsables des pluies acides, avant l’an 2000. Les entreprises sont ainsi motivées à se moderniser et utiliser des méthodes plus efficaces et moins polluantes.
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