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Actualités - REPORTAGE

Marée humaine pour le pape à Harissa après un bain de foule entre l'AIB et Baabda Jean Paul II aux jeunes : faites tomber les murs (photos)


La première journée de la visite historique du pape Jean-Paul II au Liban s’est terminée en apothéose: plus d’une centaine de milliers de jeunes se sont rassemblés autour et à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Harissa ainsi qu’au pied de la statue de la Vierge pour ovationner avec une ferveur bouleversante le souverain pontife. Le spectacle de cette marée de jeunes euphoriques clamant leur désir de liberté et exprimant avec un enthousiasme débordant leur besoin d’espoir a visiblement eu un grand impact sur le Saint-Père.

Dès son arrivée, peu avant-midi trente, hier, Jean-Paul II a, d’entrée de jeu, donné le ton de sa visite au Liban. S’adressant aux nombreuses personnalités officielles venues l’accueillir à l’AIB, le pape a appelé «au respect de l’équilibre» entre toutes les communautés du pays, soulignant que «le Liban est appelé à se tourner résolument vers l’avenir, librement déterminé par le choix de ses habitants». Et le Saint-Père d’ajouter qu’il est venu «en ami du Liban, pour encourager les fils et les filles de cette terre d’accueil, soucieux d’indépendance et de liberté». Ces fils et ces filles du Liban devaient d’ailleurs lui réserver un véritable bain de foule le long de la route entre l’AIB et Baabda, plus particulièrement entre la place du Musée et la région de Hazmieh-Baabda.
Mais c’est lors de sa rencontre avec les jeunes, hier soir, que Jean-Paul II a laissé transparaître son message. Un message d’espoir, essentiellement. Le Saint-Père s’est livré, pour expliciter sa pensée sur ce plan, à une profonde réflexion sur l’expérience des Pèlerins d’Emmaüs qui furent désespérés et désemparés après la mort du Christ. Ils devaient cependant retrouver espoir rapidement. «Leur expérience peut vous aider, car elle ressemble à celle de chacun d’entre vous», a souligné le souverain pontife. L’allusion au désenchantement, voire au désespoir, des jeunes chrétiens libanais est évidente. Tout en appelant ces jeunes à ne pas oublier leur «identité chrétienne», le Saint-Père les a invités à œuvrer afin de «faire tomber les murs qui ont pu s’édifier durant les périodes douloureuses de l’histoire» du Liban.
En dépit du phénomène de foule — qui a transformé la rencontre avec les jeunes en une folle soirée empreinte de joie, de sérénité et d’enthousiasme — le courant a manifestement passé entre le Saint-Père et les jeunes. Répondant aux dizaines de milliers de jeunes qui scandaient d’une seule voix «liberté, liberté», Jean-Paul II a déclaré, en s’adressant en toute simplicité à la marée humaine: «Merci d’avoir applaudi mon discours. Vous avez applaudi là où il le fallait. Quant à moi, j’ai bien compris».
Au terme de son discours, qu’il a tenu à prononcer devant la foule rassemblée sur la grande place de Harissa, le pape a été longuement ovationné par les jeunes qui scandaient son nom et agitaient une forêt de foulards de toutes les couleurs. De nombreux drapeaux des «Forces libanaises» ainsi que des portraits du général Michel Aoun et de M. Samir Geagea étaient perceptibles aussi bien à l’intérieur de la basilique qu’au sein de la marée humaine rassemblée au pied de la statue de la Vierge.
Visiblement émus et débordant d’enthousiasme, les jeunes ont scandé en choeur: «Jean-Paul II, we love you» et «Vive le pape». Répliquant spontanément aux réactions de la foule, le Saint-Père a déclaré: «C’est incroyable, mais merci». Se laissant aller à son émotion, et visiblement soucieux d’accorder une attention particulière à la jeunesse massée devant lui, le pape a relaté l’expérience qu’il avait vécue en 1980 au Brésil, dans la ville de Bello Horizonte, où — comme hier à Harissa — des dizaines de milliers de jeunes étaient venus l’ovationner. Il leur avait alors dit: «Quel bel horizon». «Aujourd’hui, 17 ans après, a ajouté le souverain pontife, je revis le même spectacle et je répète aussi: Quel bel horizon»...
Sous les ovations de la foule qui répétait «Jean-Paul II, we love you», le Saint-Père a pénétré à l’intérieur de la basilique de Harissa où plus de 15.000 jeunes lui ont réservé un accueil non moins enthousiaste, agitant des foulards de toutes les couleurs et scandant d’une seule voix: «Vive le pape» (en arabe); «Jean-Paul II, we love you»; et «liberté, liberté».
Après avoir accordé sa bénédiction aux jeunes, le Saint-Père s’est assis sur un fauteuil revêtu de velours rouge. Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a alors prononcé un discours dans lequel il a exprimé sans détour les attentes, les appréhensions et les aspirations de la collectivité chrétienne. Soulignant que la jeunesse réclame «clarté et transparence dans une société pluraliste», le cardinal Sfeir a affirmé que «les jeunes du Liban se voient jusqu’ici incapables d’arriver, sur le plan politique, à certains postes de responsabilité».
La parole a ensuite été donnée aux jeunes. En leur nom, l’un d’eux, M. Pierre Najm, a évoqué de plein fouet les inquiétudes et le sentiment d’appréhension de la jeunesse chrétienne: «La situation économique ne promet pas des jours meilleurs, les libertés fondamentales nous sont arrachées une à une, des jeunes sont détenus pour des raisons politiques, les droits de l’homme sont bafoués à chaque instant. La jeunesse libanaise est prise par un sentiment d’impuissance. Notre existence en tant que chrétiens nous paraît menacée». Exprimant le sentiment de vide et d’aspiration à plus de liberté, le porte-parole des jeunes devait s’adresser directement au pape en déclarant: «Dites à haute voix ce que nous craignons de dire. Soyez notre courage et nommez les choses par leur nom».
C’est précisément là l’un des objectifs de l’Exhortation apostolique que le pape a signé hier soir à la basilique, au terme de la soirée euphorique de Harissa. Indice particulièrement significatif: l’Exhortation a pour thème «Nouvelle espérance pour le Liban». Son texte sera rendu public aujourd’hui. Le document signé par le pape reprend, à peu de choses près, la teneur de l’appel final du synode. Il fait état, notamment, des difficultés rencontrées par les Libanais, concernant la grande inquiétude causée par l’occupation du Sud, la situation économique, le problème des déplacés et le retrait des forces non libanaises. Contrairement à l’appel final du synode, la requête relative au retrait des troupes syriennes n’est pas explicitement reprise. Mais la double mention de «l’occupation du Sud» et du «retrait des forces non libanaises» (évoqués séparément et d’une manière parallèle) ne laisse planer aucune équivoque sur ce plan, d’autant que l’Exhortation souligne la nécessité du rétablissement de la souveraineté libanaise.

Après la signature du texte de l’Exhortation, le souverain pontife a reçu plusieurs souvenirs qui lui ont été remis par des groupes de jeunes avant de quitter la basilique sous les ovations des dizaines de milliers de jeunes qui ne cessaient de scander, en agitant drapeaux et foulards: «Liberté, liberté»; «Vive le pape»; «Jean-Paul II, we love you».
Cette soirée a toutefois été marquée par quelques points négatifs. Les militaires ont d’abord interdit aux photographes de la presse locale de prendre des photos de la marée de jeunes rassemblés sur la grande place de Harissa. En outre, et du fait de la densité de la foule, des dizaines de cas d’évanouissement ont été signalés. Les équipes de la Croix-Rouge ont d’ailleurs fini par être débordées. Et pour compléter le tableau, les dizaines de milliers de jeunes ont dû regagner Jounieh à pied en raison des failles au niveau de l’organisation des transports en commun qui devaient assurer le retour vers la capitale.
Il reste qu’en dépit de ces accrocs, la soirée de Harissa aura été placée sous le signe de l’espoir renouvelé, de la joie et de l’enthousiasme. Une jeune étudiante a confié à ce propos, sur le chemin de Jounieh: «Il y a longtemps que je n’ai pas senti cette paix en moi. Je ne savais pas que la prière et la méditation pouvaient être la source d’une joie aussi intense».
Ce sentiment d’enthousiasme a été accentué encore davantage par le formidable spectacle qui s’offrait à la foule du haut de la montagne de Harissa: de Jounieh à Zouk, en passant par les diverses localités du littoral du Kesrouan, des dizaines de milliers de cierges illuminaient dans la nuit les immeubles et les habitations de la région. Ce même spectacle, littéralement bouleversant, était également perceptible dans le Metn et dans certains quartiers des faubourgs chrétiens de la capitale. Pour la visite du pape Jean-Paul II, la population chrétienne était hier en fête, signe, sans doute, d’un espoir renouvelé.les couleurs. De nombreux drapeaux des «Forces libanaises» ainsi que des portraits du général Michel Aoun et de M. Samir Geagea étaient perceptibles aussi bien à l’intérieur de la basilique qu’au sein de la marée humaine rassemblée au pied de la statue de la Vierge.
Visiblement émus et débordant d’enthousiasme, les jeunes ont scandé en choeur: «Jean-Paul II, we love you» et «Vive le pape». Répliquant spontanément aux réactions de la foule, le Saint-Père a déclaré: «C’est incroyable, mais merci». Se laissant aller à son émotion, et visiblement soucieux d’accorder une attention particulière à la jeunesse massée devant lui, le pape a relaté l’expérience qu’il avait vécue en 1980 au Brésil, dans la ville de Bello Horizonte, où — comme hier à Harissa — des dizaines de milliers de jeunes étaient venus l’ovationner. Il leur avait alors dit: «Quel bel horizon». «Aujourd’hui, 17 ans après, a ajouté le souverain pontife, je revis le même spectacle et je répète aussi: Quel bel horizon»...
Sous les ovations de la foule qui répétait «Jean-Paul II, we love you», le Saint-Père a pénétré à l’intérieur de la basilique de Harissa où plus de 15.000 jeunes lui ont réservé un accueil non moins enthousiaste, agitant des foulards de toutes les couleurs et scandant d’une seule voix: «Vive le pape» (en arabe); «Jean-Paul II, we love you»; et «liberté, liberté».
Après avoir accordé sa bénédiction aux jeunes, le Saint-Père s’est assis sur un fauteuil revêtu de velours rouge. Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a alors prononcé un discours dans lequel il a exprimé sans détour les attentes, les appréhensions et les aspirations de la collectivité chrétienne. Soulignant que la jeunesse réclame «clarté et transparence dans une société pluraliste», le cardinal Sfeir a affirmé que «les jeunes du Liban se voient jusqu’ici incapables d’arriver, sur le plan politique, à certains postes de responsabilité».
La parole a ensuite été donnée aux jeunes. En leur nom, l’un d’eux, M. Pierre Najm, a évoqué de plein fouet les inquiétudes et le sentiment d’appréhension de la jeunesse chrétienne: «La situation économique ne promet pas des jours meilleurs, les libertés fondamentales nous sont arrachées une à une, des jeunes sont détenus pour des raisons politiques, les droits de l’homme sont bafoués à chaque instant. La jeunesse libanaise est prise par un sentiment d’impuissance. Notre existence en tant que chrétiens nous paraît menacée». Exprimant le sentiment de vide et d’aspiration à plus de liberté, le porte-parole des jeunes devait s’adresser directement au pape en déclarant: «Dites à haute voix ce que nous craignons de dire. Soyez notre courage et nommez les choses par leur nom».
C’est précisément là l’un des objectifs de l’Exhortation apostolique que le pape a signé hier soir à la basilique, au terme de la soirée euphorique de Harissa. Indice particulièrement significatif: l’Exhortation a pour thème «Nouvelle espérance pour le Liban». Son texte sera rendu public aujourd’hui. Le document signé par le pape reprend, à peu de choses près, la teneur de l’appel final du synode. Il fait état, notamment, des difficultés rencontrées par les Libanais, concernant la grande inquiétude causée par l’occupation du Sud, la situation économique, le problème des déplacés et le retrait des forces non libanaises. Contrairement à l’appel final du synode, la requête relative au retrait des troupes syriennes n’est pas explicitement reprise. Mais la double mention de «l’occupation du Sud» et du «retrait des forces non libanaises» (évoqués séparément et d’une manière parallèle) ne laisse planer aucune équivoque sur ce plan, d’autant que l’Exhortation souligne la nécessité du rétablissement de la souveraineté libanaise.
Après la signature du texte de l’Exhortation, le souverain pontife a reçu plusieurs souvenirs qui lui ont été remis par des groupes de jeunes avant de quitter la basilique sous les ovations des dizaines de milliers de jeunes qui ne cessaient de scander, en agitant drapeaux et foulards: «Liberté, liberté»; «Vive le pape»; «Jean-Paul II, we love you».
Cette soirée a toutefois été marquée par quelques points négatifs. Les militaires ont d’abord interdit aux photographes de la presse locale de prendre des photos de la marée de jeunes rassemblés sur la grande place de Harissa. En outre, et du fait de la densité de la foule, des dizaines de cas d’évanouissement ont été signalés. Les équipes de la Croix-Rouge ont d’ailleurs fini par être débordées. Et pour compléter le tableau, les dizaines de milliers de jeunes ont dû regagner Jounieh à pied en raison des failles au niveau de l’organisation des transports en commun qui devaient assurer le retour vers la capitale.
Il reste qu’en dépit de ces accrocs, la soirée de Harissa aura été placée sous le signe de l’espoir renouvelé, de la joie et de l’enthousiasme. Une jeune étudiante a confié à ce propos, sur le chemin de Jounieh: «Il y a longtemps que je n’ai pas senti cette paix en moi. Je ne savais pas que la prière et la méditation pouvaient être la source d’une joie aussi intense».
Ce sentiment d’enthousiasme a été accentué encore davantage par le formidable spectacle qui s’offrait à la foule du haut de la montagne de Harissa: de Jounieh à Zouk, en passant par les diverses localités du littoral du Kesrouan, des dizaines de milliers de cierges illuminaient dans la nuit les immeubles et les habitations de la région. Ce même spectacle, littéralement bouleversant, était également perceptible dans le Metn et dans certains quartiers des faubourgs chrétiens de la capitale. Pour la visite du pape Jean-Paul II, la population chrétienne était hier en fête, signe, sans doute, d’un espoir renouvelé.

M.T.
T.A-R.
Michel TOUMA
et
Tilda ABOU RIZK




La première journée de la visite historique du pape Jean-Paul II au Liban s’est terminée en apothéose: plus d’une centaine de milliers de jeunes se sont rassemblés autour et à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame de Harissa ainsi qu’au pied de la statue de la Vierge pour ovationner avec une ferveur bouleversante le souverain pontife. Le spectacle de cette marée de...