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Actualités - DISCOURS

Sfeir : la visite de Jean Paul II aidera les chrétiens à retrouver confiance "Il faut amnistier Geagea ou juger tous les chefs de milice", affirme le prélat maronite (photo)

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a souligné que la prochaine visite du pape Jean-Paul II au Liban revêt un caractère apostolique et nullement politique, «mais cela ne signifie pas qu’elle n’aura pas d’impact» sur la conjoncture générale dans le pays.
Dans une longue interview à la BBC, le patriarche maronite a affirmé dans ce cadre que la visite du Saint-Père «aidera les chrétiens à regagner confiance en eux-mêmes». Sur un autre plan, le cardinal Sfeir s’est prononcé en faveur d’une amnistie spéciale en faveur du leader des «Forces libanaises», M. Samir Geagea. «Il faudrait décréter une amnistie générale ou, à défaut, juger tous les chefs de milice», a notamment déclaré à ce propos le prélat maronite.
Interrogé sur le fait de savoir si la visite du souverain pontife pourrait être liée d’une quelconque façon à ses prises de position répétées lors de ses homélies dominicales, le cardinal Sfeir a déclaré: «La visite de Sa Sainteté n’est en aucune façon liée à nos prises de position politiques. Au cours de nos homélies du dimanche, nous essayons de définir certains principes qui devraient, à notre avis, être respectés dans notre vie nationale. Je ne pense pas que le Saint-Père tiendra le même langage que nous. Cela ne signifie pas qu’il ne définira pas certains principes de base, tels que la liberté, les droits de l’homme, la justice et l’égalité entre tous».
Prié de préciser si le souverain pontife pourrait appuyer, lors de sa visite, les positions de Bkerké concernant l’indépendance et la souveraineté du Liban, le patriarche maronite a déclaré: «Nous ne pouvons pas prédire ce que dira le Saint-Père, mais nous connaissons tous le sentiment de Sa Sainteté à l’égard du Liban. Il a suivi de près les épreuves que le Liban a endurées. Il ne peut donc que dire la vérité telle qu’elle se présente. On ne peut rien affirmer au sujet de ce que dira le Saint-Père, mais je pense qu’il évoquera la conjoncture présente».
En réponse à une question sur ses prises de position répétées concernant l’amnistie dont devrait bénéficier M. Geagea, le cardinal Sfeir a déclaré: «S’il faut faire le procès de tout ce qui s’est passé durant la guerre, il faudrait alors juger tous ceux qui ont participé à cette guerre. La justice ne peut pas être sélective. Il faut qu’il y ait une amnistie générale dont tous bénéficieraient ou alors que tous les chefs de milice soient jugés. Ils se sont tous comportés comme M. Geagea. Ils sont nombreux à avoir été des chefs de milice et à avoir agi en tant que chefs de milice. Il faut soit juger tout le monde, soit amnistier tout le monde».

Les garanties
aux chrétiens

Abordant ensuite le dossier du système politique en vigueur dans le pays, le patriarche maronite a souligné que les chrétiens du Liban bénéficiaient «non pas de privilèges, mais de garanties». «Lorsque l’indépendance a été proclamée, a-t-il souligné, les chrétiens craignaient d’être noyés dans un océan islamique. Certains postes-clés leur ont été, par conséquent, accordés, dont la présidence de la République. Aujourd’hui, l’équation a changé, en ce sens que les chrétiens se plaignent maintenant de ce dont se plaignaient par le passé les musulmans, à savoir le manque de participation au pouvoir. Nous ne prônons nullement l’hégémonie d’une fraction sur une autre. Nous plaidons, au contraire, pour l’égalité qui doit constituer l’une des spécificités du Liban. Les chrétiens et les musulmans doivent vivre sur un pied d’égalité, dans un climat de liberté et de respect».
Après avoir souligné la nécessité de combler les lacunes qui marquent l’accord de Taëf, le cardinal Sfeir a déploré le fait que les garanties accordées aux chrétiens se soient dissipées. Il a relevé sur ce plan que les prérogatives de la présidence de la République ont été pratiquement abolies. «Il faut qu’il y ait un équilibre entre toutes les fractions au niveau du pouvoir, a souligné Mgr Sfeir. Or, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas d’équilibre dans le partage du pouvoir».
«L’accord de Taëf, a poursuivi le patriarche maronite, a préconisé la formation d’un gouvernement d’union nationale, mais jusqu’à présent, ce gouvernement n’a pas vu le jour. La présence au sein du gouvernement de certaines personnes appartenant aux différentes communautés ne signifie pas que nous avons formé un gouvernement d’union nationale. C’est à la population de décider qui doit la représenter au sein du pouvoir». Le patriarche maronite a relevé à ce propos que les voix de l’électorat chrétien ont été marginalisées lors des dernières élections législatives du fait de l’adoption du mohafazat comme circonscription électorale dans plus d’une région.

L’intégrisme
musulman

En réponse à une question, le cardinal Sfeir a estimé que l’intégrisme musulman «n’est pas dirigé, jusqu’à présent, contre la présence chrétienne dans le pays». «Il existe certaines revendications qui vous paraissent justifiées et qui devraient être satisfaites, a-t-il souligné. L’intégrisme au Liban constitue une situation particulière liée à la résistance (contre Israël). Lorsque la résistance n’aura plus sa raison d’être, je pense que tous les Libanais seront en mesure de vivre dans un climat d’entente, de paix et de respect mutuel».
Interrogé, en conclusion, sur la nature des relations avec la Syrie, le cardinal Sfeir a déclaré: «Nous estimons qu’il est de notre intérêt commun d’entretenir les meilleures relations avec la Syrie. Mais dans le même temps, nous estimons que le Liban a le droit de préserver sa souveraineté et son indépendance. Il a le droit d’être libre de ses décisions, de gérer ses propres affaires et de sauvegarder ses intérêts».

Messe pour les médias

Signalons, par ailleurs, que le patriarche maronite a célébré hier une messe dans la basilique de Harissa pour la 31e journée mondiale des médias.
Etaient présents à cette occasion, le député Nabil Boustani, le directeur de l’Agence nationale d’information, M. Rafic Chelala, ainsi qu’un grand nombre de journalistes.
Dans son homélie prononcée après la lecture de l’Evangile, le cardinal Sfeir a invité les Libanais à se mobiliser à l’occasion de la visite du pape Jean-Paul II au Liban. Dans ce cadre, il a annoncé la publication par le secrétariat général des patriarches et évêques catholiques, d’un fascicule dont le but est de préparer spirituellement les croyants à la venue du Saint-Père.
Après la messe, Mgr Sfeir a reçu M. Chelala qui a souhaité une mobilisation de tous les médias lors de la visite du souverain pontife.
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a souligné que la prochaine visite du pape Jean-Paul II au Liban revêt un caractère apostolique et nullement politique, «mais cela ne signifie pas qu’elle n’aura pas d’impact» sur la conjoncture générale dans le pays.Dans une longue interview à la BBC, le patriarche maronite a affirmé dans ce cadre que la visite du...