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Actualités - ANALYSE

Les relations opposition de l'est-Damas : une éclaircie serait en vue

A l’approche de la visite du pape, on reparle des relations entre les chrétiens de l’Est opposant et Damas où diverses personnalités se sont rendues ces derniers temps, tandis qu’on notait les visites effectuées par des responsables syriens à nombre de pôles libanais, politiques ou spirituels.
Sur l’éventuelle «normalisation relationnelle», un dignitaire religieux développe en substance l’argumentation suivante: «Le virus «israélien» dont les Syriens dénonçaient les ravages au sein de la collectivité chrétienne a disparu en même temps que les leaderships qui, dans des circonstances difficiles, avaient dû s’en armer. A l’époque il n’y avait pas d’autre moyen de défendre les régions chrétiennes menacées de mort subite par les Palestiniens. Mettant l’occasion à profit Israël avait proposé une aide dont les chrétiens s’étaient aperçus par la suite qu’elle n’était pas offerte pour leurs beaux yeux, mais bien pour faciliter l’éclatement d’un pays qui représentait un modèle de coexistence, formule qui est la négation même de l’esprit sioniste. A l’époque, les pôles chrétiens conscients du péril n’avaient pas sur le terrain l’emprise de ceux qui sollicitaient le secours israélien. Les premiers avaient vainement tenté de faire valoir que si les Israéliens devaient «sortir» les Palestiniens, ce serait pour prendre leur place et qu’il serait difficile alors de trouver une force capable de les déloger à leur tour...».
Cette personnalité, affirme ensuite, sur un ton de conciliation poussé à l’extrême, que «les chrétiens ont assumé les conséquences d’une faute dont ils n’étaient pas coupables commise par des leaderships omnipotents qui leur avaient imposé un choix terriblement erroné, sans leur permettre de la discuter. Aujourd’hui les chrétiens ne doivent plus continuer à être collectivement sanctionnés et traités comme s’ils étaient des agents de l’ennemi pour d’anciennes décisions dont ils n’étaient nullement responsables».
«Or, souligne le dignitaire religieux, c’est ce qui se passe depuis Taëf. Cet accord, malgré ses flagrantes lacunes, malgré les désavantages manifestes qu’il leur apportait, les chrétiens l’avaient accepté par aspiration à la paix civile. Ils pensaient en outre y trouver une plate-forme minimale pour organiser la vie politique dans le pays sur une base d’égalité. Mais, déjà mauvais au départ sur beaucoup de points importants, l’accord a de plus été tronqué, complètement ignoré ou détourné de son sens au niveau de l’application. On n’a ainsi vu la formation d’aucun gouvernement d’entente nationale pour panser le plaies de la guerre et recimenter la coexistence, ferment d’unité. On n’a pas vu non plus, quoi qu’on en dise, la dissolution effective de toutes les milices libanaises ou non libanaises. On n’a également pas assisté à la prise en charge de l’ensemble du territoire libéré par les seules forces régulières nationales, alors que la date en avait été fixée dans le pacte initial à septembre 1992».

Partialité

Et de rappeler que «le parti-pris systématique avait été illustré successivement par le plan global de sécurité, par la désignation de 40 députés puis par les élections de 92, boycottées par 86% des électeurs. Les violations flagrantes de l’accord s’étaient multipliées, aggravant constamment les déséquilibres. Et on se retrouve avec une partie qui a à la Chambre des représentants à la hauteur, de poids, tandis que l’autre voit ses leaders véritables éliminés, obligés de boycotter des élections qui n’ont rien de libre et de démocratique. La participation de tous reste ainsi lettre morte, une fraction imposant largement sa volonté, et ses privilèges, à l’autre. Ainsi on trouve un pouvoir qui s’exerce de façon très sévère, arbitraire même des fois au point de transgresser la loi, dans une région et qui est pratiquement absent dans l’autre. Les dossiers de crime de guerre ont été ouverts pour une partie et pas pour l’autre...».
«Et après tout cela, on vient ingénument nous demander: mais pourquoi vous dites-vous désenchantés, que veulent donc les chrétiens... Comme si l’on n’entendait ni nos sermons ni les déclarations de l’opposition ou la grogne de la rue... Au lieu de se livrer à cette ridicule comédie du faux étonnement, on ferait mieux de traiter les problèmes de fond et de voir aussi comment refonder les relations avec les Syriens, non seulement des chrétiens mais aussi de tous les Libanais car il y a des règles générales à respecter dans un cadre de rapports sainement équilibrés».

Les constantes restent
inchangées

Et de préciser ensuite qu’il faut «une nouvelle loi électorale qui assure la même dose de représentativité à toutes les composantes politiques du pays, en base d’un découpage de circonscriptions qui obéirait partout aux même critères, en utilisant la carte électorale individuelle pour que chacun puisse voter là où il le souhaite, au Liban comme dans nos consulats à l’étranger. Une fois une vraie Chambre mise en place, on pourrait former un Cabinet d’union au sein duquel tous les courants majeurs du pays seraient représentés. Il faudra aussi conforter, en cessant les immixtions, une notion très peu respectée jusqu’à présent: l’autonomie de la justice, sans laquelle il ne peut y avoir d’Etat de droit. Il faudra par ailleurs, sur un plan général, promouvoir partout le critère de compétence et lutter contre la corruption. Sur un autre plan, le Liban devra se battre d’un même front, politiquement et diplomatiquement, pour récupérer sa pleine souveraineté, son indépendance totale et son entière autonomie de décision, sans plus se laisser soumettre à une quelconque tutelle. Ce qui implique évidemment qu’il ne devrait plus y avoir dans ce pays de présence armée étrangère».

Venant de la part d’une instance religieuse, c’est là de toute évidence un vœu pieux. Mais qui révèle que les constantes, malgré les prémices de détente relationnelle, restent inchangées pour l’heure. Il reste que si la perspective d’un blocage du processus régional devait se confirmer, il est possible que les rapports entre ces pôles de l’Est et les décideurs s’améliorent, à la lumière de la visite du pape et pour offrir un front de résistance encore plus solide face aux menées israéliennes...

E.K.
A l’approche de la visite du pape, on reparle des relations entre les chrétiens de l’Est opposant et Damas où diverses personnalités se sont rendues ces derniers temps, tandis qu’on notait les visites effectuées par des responsables syriens à nombre de pôles libanais, politiques ou spirituels.Sur l’éventuelle «normalisation relationnelle», un dignitaire religieux...