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Actualités - INTERVIEWS

Sfeir : la visite du pape, un acte de foi en un Liban libre et indépendant Certaines parties pourraient demander une amnistie spéciale en faveur de Geagea à l'occasion de la venue du Saint-Père, souligne le patriarche maronite (photo)

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a souligné que la prochaine visite du pape Jean-Paul II au Liban, les 10 et 11 mai prochain, constitue «un acte de foi de la part du Saint-Père en un Liban libre, souverain et indépendant». Dans une interview conjointe accordée à l’AFP, à l’agence locale «Al-Markazya» et à la chaîne de télévision internationale WTN, Mgr Sfeir a précisé dans ce cadre que la venue du souverain pontife au Liban «ne modifiera pas d’un coup de baguette magique la situation présente» dans le pays.
Mettant l’accent sur le caractère historique et exceptionnel de la visite du pape au Liban — la première d’un souverain pontife dans le pays des Cèdres — le patriarche maronite a rappelé l’importance du synode pontifical sur le Liban qui a eu lieu à l’initiative du pape Jean-Paul II. «Ce synode, a souligné le cardinal Sfeir, a permis aux Libanais, et plus particulièrement aux chrétiens, de se réconcilier, de se pardonner mutuellement et de renouer avec leurs valeurs spirituelles».
«Sur le plan spirituel, a ajouté Mgr Sfeir, la visite du pape est importante parce qu’elle rappelle aux Libanais, et notamment aux chrétiens, que ce qui les a sauvés à travers l’Histoire c’est leur attachement aux valeurs spirituelles et morales. Cette visite ne revêt pas un caractère politique. Elle a un caractère pastoral, mais on ne peut pas dissocier le spirituel du social et du politique». Et le patriarche maronite de poursuivre: «Nul n’ignore que le Liban est dans une situation peu enviable. Sa souveraineté et son indépendance sont bafouées, de même que le Liban n’a pas d’autonomie de décision. Si les Libanais parviennent à unifier leur position et à faire preuve de solidarité dans leur action, ils seront alors en mesure d’atteindre l’objectif qu’ils recherchent, peut-être pas dans l’immédiat, mais tout au moins à plus long terme».

La présence
syrienne

Le patriarche maronite a, par ailleurs, estimé que le souverain pontife n’abordera pas ouvertement, au cours de sa visite, le problème de la présence armée syrienne dans le pays, comme ce fut le cas lors de la publication de l’appel final du synode. «Il n’abordera ni la présence syrienne, ni la présence non syrienne, a précisé le cardinal Sfeir. Certes, nous insistons pour que le Liban jouisse, comme tout pays, de son indépendance et de sa liberté, de même que nous réclamons qu’il n’y ait aucune armée non libanaise sur son territoire. Mais il semble que la conjoncture internationale et régionale ne permette pas encore la réalisation des aspirations des Libanais. Le Saint-Père a été le premier à réclamer que le Liban recouvre son indépendance et sa souveraineté. Cela se réalisera en temps opportun».
Mgr Sfeir a rappelé sur ce plan que l’accord de Taëf avait prévu un redéploiement syrien au Liban deux ans après l’approbation des réformes politiques, mais cette clause n’a jamais été appliquée. Le patriarche maronite a réitéré à ce propos ses critiques à l’égard de l’application sélective de l’accord de Taëf. «Cet accord, a-t-il déclaré, était censé organiser la vie politique, mais en réalité, nous nous retrouvons sans aucune vie politique dans le pays. L’accord de Taëf n’a nullement été appliqué correctement: il n’y a pas eu de véritable gouvernement d’union nationale, et les élections de 1992 et de 1996 se sont déroulées dans des conditions connues de tous».
Et le cardinal Sfeir de poursuivre: «Les erreurs s’accumulent. Ni la Constitution, ni les lois en vigueur ne sont respectées. C’est ce qui s’est passé, notamment, hier lorsqu’ils ont prorogé le mandat de la Chambre pour une période de huit mois, à la surprise de tout le monde. Tel fut le cas aussi lorsqu’ils ont prolongé d’un an les mandats des conseils municipaux. Quant à la CGTL, elle a été scindée en deux. Il s’agit là d’un cumul d’erreurs. Le pays souffre d’une instabilité sur le plan de l’application des lois et cela a un impact désastreux sur la situation générale. Les lois ne semblent bénéficier d’aucune immunité au Liban».

Le cas de
Geagea

En réponse à une question, le patriarche maronite a, d’autre part, indiqué «ne pas savoir» si le leader des «Forces libanaises», M. Samir Geagea, bénéficiera d’une amnistie spéciale à l’occasion de la visite du pape. «Certaines parties, a-t-il précisé à ce propos, pourraient réclamer une amnistie en faveur de M. Geagea. Une telle demande devra se faire par écrit».
Après avoir souligné que près d’un demi-million de chrétiens ont quitté le pays durant la guerre, le cardinal Sfeir a déclaré sur ce plan qu’il ne saurait y avoir au Liban «une démocratie du nombre». «Il ne peut y avoir qu’une démocratie consensuelle, a-t-il souligné, en ce sens que toutes les communautés dont se compose le Liban devraient affirmer leur présence et participer activement à la vie publique, quelle que soit l’importance numérique de chaque communauté».
Mgr Sfeir a par ailleurs souligné que le pays n’est pas en mesure de supporter «un nouveau décret de naturalisation, car l’équilibre confessionnel a été rompu du fait des naturalisations». En conclusion, le patriarche maronite a affirmé qu’il ne se rendra à Damas que «lorsque le problème avec la Syrie aura été réglé».

Les précisions de
Mgr Aboujaoudé

Par ailleurs, au cours d’une rencontre-débat au domicile de M. Samih Solh, en présence du président du syndicat de la presse, M. Mohammad Baalbacki, ainsi que d’un certain nombre de directeurs de journaux, le vicaire patriarcal maronite, Mgr Roland Aboujaoudé a déclaré que les visites du chef de l’Eglise catholique sont essentiellement pastorales. «Le fait d’insister sur ce caractère de la visite, a-t-il poursuivi, lui évite tout cachet politique (...). Le pape vient au Liban en tant que père de tous les Libanais; il ne vient pas visiter les chrétiens uniquement (...). D’ailleurs, l’amour que le souverain pontife voue au Liban l’a poussé à organiser un synode consacré à ce pays».
A la question de savoir pourquoi le président de la République, M. Elias Hraoui, ne recevra pas le pape, en tant que chef de l’Etat du Vatican, à l’A.I.B., Mgr Aboujaoudé a répondu que c’est le souverain pontife lui-même qui a souhaité que sa visite soit uniquement pastorale, sans mesures protocolaires officielles, ainsi que l’avait souligné le Nonce apostolique.
Evoquant ensuite l’itinéraire que suivra le pape à sa sortie de l’aéroport, Mgr Aboujaoudé a indiqué qu’il prendra la route passant par la banlieue-sud, Furn el-Chebbak et Hazmieh pour aboutir à Baabda.

Sfeir reçoit
Haimari

Toujours dans le cadre des préparatifs de la visite du pape, le patriarche maronite a reçu hier le directeur du protocole à la présidence de la République, M. Maroun Haimari, qui l’a mis au courant des mesures arrêtées à Baabda pour la réception officielle du pape.
Mgr Sfeir a reçu par la suite M. Séoud Rouphaël, ancien député de Baalbeck, qui a qualifié la visite du pape de «très importante pour le Liban surtout à la lumière des derniers développements sur la scène régionale».
Le patriarche maronite a reçu enfin une délégation de la famille sunnite el-Khatib des villages de Chéhim, Barja, Jieh et Hasroute à Iqlim el-Kharroub.
Mgr Sfeir avait rencontré nombre d’émigrés libanais membres de cette famille lors de la visite qu’il a effectuée dernièrement au Brésil.
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a souligné que la prochaine visite du pape Jean-Paul II au Liban, les 10 et 11 mai prochain, constitue «un acte de foi de la part du Saint-Père en un Liban libre, souverain et indépendant». Dans une interview conjointe accordée à l’AFP, à l’agence locale «Al-Markazya» et à la chaîne de télévision internationale WTN,...