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Actualités - CHRONOLOGIE

Violation de la zone d'exclusion par l'Irak : Clinton dénonce mais ne menace pas

Le président américain Bill Clinton a déclaré hier que l’Irak ne devait pas se servir de la religion pour passer outre à l’embargo qui lui est imposé par l’ONU, sans toutefois menacer Bagdad de représailles, allant même jusqu’à minimiser l’initiative irakienne en la qualifiant de «violation technique», selon les propres termes du Pentagone.
Des hélicoptères irakiens sont arrivés hier à la frontière avec l’Arabie Séoudite pour y prendre des pèlerins de retour de La Mecque, en violation de la zone d’exclusion aérienne en vigueur depuis 1992 dans le sud de l’Irak.
Bill Clinton s’est déclaré attaché à la liberté de la pratique religieuse «partout dans le monde», mais a précisé: «Nous ne voulons pas que la religion soit de facto utilisée et dénaturée pour tenter de faillir aux engagements internationaux (de l’Irak)».
«Nous comptons continuer à observer la zone d’exclusion aérienne et soutenir l’embargo jusqu’à ce qu’il (le président irakien Saddam Hussein) se plie aux résolutions des Nations Unies», a affirmé le président américain.
La violation de la zone d’exclusion a été rapportée hier par l’agence officielle irakienne INA, qui a révélé qu’«un certain nombre d’hélicoptères avaient été envoyés hier et ce matin dans la zone frontalière d’Arar pour transférer des pèlerins irakiens de la ville d’Arar vers toutes les provinces du pays», précisant que «les hélicoptères ont atterri sans encombre au poste frontière».

La Maison-Blanche avait lancé lundi une mise en garde à l’Irak, en prévenant que les Etats-Unis riposteraient «de façon adéquate» si Bagdad ne reconsidérait pas sa décision d’envoyer des hélicoptères dans le sud du pays.
Le secrétaire à la Défense, William Cohen, avait déclaré que l’Irak ne pouvait se permettre de violer la zone d’exclusion aérienne en envoyant arbitrairement des hélicoptères chercher ses pèlerins. Mais il avait ajouté qu’une exception à l’embargo aérien pouvait être envisagée pour des raisons humanitaires si l’Irak en faisait la demande en suivant la procédure requise.

Un droit naturel

L’INA ajoute que des équipes de télévision étrangères se trouvaient à bord d’un des hélicoptères envoyés mardi à Arar.
Le quotidien Babel, dans un éditorial publié en première page à Bagdad, écrit de son côté que «la décision irakienne d’aller chercher à la frontière séoudienne des pèlerins malades et de les ramener chez eux par voie aérienne est un droit tout à fait naturel. Personne, que ce soit les Américains ou d’autres, n’a le droit de le contester».
La décision de survoler la zone d’exclusion a été prise lors d’une réunion des responsables irakiens présidée par le président Saddam Hussein. A cette occasion, les dirigeants de Bagdad avaient mis les Etats-Unis en garde contre toute tentative d’interception des hélicoptères.
Malgré le régime de sanctions imposé par l’ONU, l’Irak avait affrété le 9 mars un appareil civil vers l’Arabie Séoudite pour acheminer 104 pèlerins musulmans malades à La Mecque.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies avait alors demandé à l’Irak de ne plus affréter de vols sans son autorisation. Mais le Conseil n’avait pas parlé de violation de la zone d’exclusion.
Après l’incident de mardi, tous les observateurs se demandent si Washington engagera des représailles à l’encontre de Bagdad. Les alliés des Etats-Unis dans le Golfe ont récemment assoupli leur position dans ce dossier, attachant moins d’importance que Washington à la stricte application des sanctions imposées à l’Irak après la Guerre du Golfe.
A Paris, le porte-parole du Quai d’Orsay, Jacques Rummelhardt, a déclaré hier à ce propos: «Les Etats voisins de l’Irak, ceux concernés par la zone d’exclusion aérienne, n’ont pas exprimé à notre connaissance de préoccupation...».
Le président américain Bill Clinton a déclaré hier que l’Irak ne devait pas se servir de la religion pour passer outre à l’embargo qui lui est imposé par l’ONU, sans toutefois menacer Bagdad de représailles, allant même jusqu’à minimiser l’initiative irakienne en la qualifiant de «violation technique», selon les propres termes du Pentagone.Des hélicoptères...