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Actualités - CHRONOLOGIE

Elections de la CGTL : horizon bouché et bataille acharnée Abou Rizk poursuit sa campagne et Zoghbi annonce son programme (photos)

A trois jours de la date prévue pour les élections du bureau exécutif de la CGTL, la lutte s’envenime et les deux camps multiplient les déclarations et les campagnes visant à démoraliser l’adversaire. D’un côté, on trouve le chef actuel de la centrale syndicale, M. Elias Abou Rizk, candidat à un nouveau mandat et opposant déclaré au gouvernement, à sa politique sociale et à ce qu’il appelle sa détermination à réprimer les libertés. De l’autre, le camp des loyalistes, polarisé autour de M. Antoine Béchara, président de la Confédération des syndicats sectoriels, et qui a choisi comme candidat pour affronter M. Abou Rizk, le président de la Fédération des offices des eaux, M. Ghoneim Zoghbi.
Alors que M. Abou Rizk battait le rappel de ses troupes, en essayant d’obtenir un maximum d’appui politique et syndical, à travers une réunion conjointe du bureau exécutif actuel de la CGTL et du comité de suivi issu de la rencontre du Coral Beach, M. Ghoneim Zoghbi tenait une conférence de presse, en présence de M. Béchara et des représentants des 5 fédérations syndicales que le ministre du Travail a voulu imposer jeudi dernier à la CGTL.
Des deux côtés, des propos durs ont été prononcés, et les deux camps affichent leur détermination à mener la bataille jusqu’au bout. Si M. Zoghbi s’est défendu d’être le candidat du pouvoir, s’en prenant directement à M. Abou Rizk et à ce qu’il appelle «sa direction autocratique», pour M. Abou Rizk, au-delà des personnes, c’est une bataille entre le gouvernement et la liberté syndicale. Et, à l’issue de la réunion conjointe du bureau exécutif et du comité issu de la rencontre du Coral Beach (qui regroupe comme on le sait des représentants de la plupart des courants et personnalités d’opposition), un communiqué appuyant fortement la position de M. Abou Rizk et dénonçant les ingérences du gouvernement dans les affaires syndicales a été publié. Le communiqué invite tous les ordres professionnels à envoyer des représentants pour assister aux élections de jeudi, dans l’espoir de réunir le plus grand nombre de témoins pour décourager d’éventuelles interventions antidémocratiques, comme cela s’était passé le dimanche 13 avril à Saïda. Le communiqué refuse aussi de considérer les 5 nouvelles fédérations comme faisant partie du collège électoral. Pour lui, celui-ci est formé de 44 membres (les représentants des 22 fédérations officiellement affiliées à la CGTL). De même, il ne reconnaît pas la nouvelle direction élue «frauduleusement» le 13 avril à la fédération des syndicats des ouvriers et salariés du Sud, ainsi que les nouveaux représentants, «élus tout aussi frauduleusement», de la fédération des syndicats des ouvriers et salariés du secteur pétrolier.

Conférence de presse

De son côté, M. Zoghbi qui a tenu sa conférence de presse en présence de représentants des 5 fédérations parrainées par le ministre du Travail et des 5 autres alliées de M. Béchara, a présenté son programme de candidature sans annoncer toutefois sa liste, laissant ainsi la voie ouverte à d’ultimes négociations. Tout en accusant M. Abou Rizk de politiser la centrale syndicale, M. Zoghbi a annoncé son appui à la résistance contre Israël et son souhait de voir s’établir entre le Liban et la Syrie des relations privilégiées.
Par ailleurs, et toujours dans le cadre d’une contre-offensive médiatique des opposants à M. Abou Rizk, le président-élu en catimini, jeudi dernier, de la fédération des syndicats du secteur pétrolier, M. Georges Abou Haïdar, a demandé à son prédécesseur, considéré par la CGTL comme étant encore en fonction, M. Abdallah Ghazal, de se retirer discrètement.
Ainsi — et à quelques jours du scrutin — la bataille se situe désormais au sein de la CGTL qui apparaît au bord d’une scission officielle.
Que se passera-t-il jeudi? Les spéculations vont bon train et, chaque jour, de nouveaux scénarios sont avancés. Le gouvernement, par le biais de M. Béchara et de ses alliés, tentent d’amener les partisans de M. Abou Rizk à le laisser tomber. Ils leur auraient même proposé de rester majoritaires au sein du bureau exécutif (formé de 12 membres), mais de voter pour M. Ghoneim Zoghbi à la tête de la centrale. Selon des sources syndicales, cette proposition aurait été faite au PCL, principal allié d’Abou Rizk, qui a aussi le soutien des Kataëb, du courant aouniste, du Hezbollah et d’autres pôles syndicaux. Mais les mêmes sources précisent que cette proposition a été refusée, surtout après la décision du ministre du Travail d’imposer à la CGTL 5 nouvelles fédérations proches du mouvement Amal. Ces fédérations — ainsi que trois autres — avaient obtenu une autorisation de M. Abdallah Amine, alors ministre du Travail il y a quatre ans, mais la CGTL avait refusé leur adhésion, pour ne pas provoquer un déséquilibre confessionnel et politique au sein de la centrale. D’ailleurs, M. Abou Rizk s’est demandé hier pourquoi seules 5 des 8 fédérations ayant obtenu une autorisation ont bénéficié de la décision du ministre Hardane. Selon lui, la réponse est claire, il s’agit d’assurer la victoire du candidat du pouvoir, et pour cela, les autorités n’ont besoin que de 5 nouvelles fédérations, c’est-à-dire 10 voix, deux pour chacune.
Ainsi, si le collège électoral est constitué de 44 membres (pour 22 fédérations), M. Abou Rizk est pratiquement assuré de la victoire. Mais s’il est constitué de 54 membres (pour 27 fédérations), les opposants à M. Abou Rizk auraient l’avantage. C’est donc sur ce point que se jouera la bataille de jeudi. Comme la réunion est présidée par le doyen d’âge, le président de la fédération des syndicats unifiés, M. Hussein Ali Hussein, et que ce dernier est un partisan de M. Béchara, l’affaire risque de se compliquer. Des sources loyalistes laissent ainsi entendre que les prérogatives du doyen d’âge sont étendues et qu’il peut par exemple décider de tenir les élections dans un autre lieu que le siège central de la CGTL (ce qui éviterait de mêler l’armée à l’opération de vote puisqu’elle est responsable de la sécurité du secteur de Badaro) et choisir les membres du collège électoral. Toutefois, dans les textes du règlement interne de la CGTL, aucune prérogative de ce genre n’est octroyée au doyen d’âge. Voilà donc un nouveau thème de conflit qui se profile à l’horizon déjà sombre de l’avenir de la CGTL.
A trois jours de la date prévue pour les élections du bureau exécutif de la CGTL, la lutte s’envenime et les deux camps multiplient les déclarations et les campagnes visant à démoraliser l’adversaire. D’un côté, on trouve le chef actuel de la centrale syndicale, M. Elias Abou Rizk, candidat à un nouveau mandat et opposant déclaré au gouvernement, à sa politique...