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Actualités - CHRONOLOGIE

Alors que Pérès mène contre lui un combat perdu d'avance Netanyahu tente de ressouder une coalition fragilisée Le premier ministre israélien nomme un comité de surveillance du fonctionnement du gouvernement

Le non-lieu consenti par l’appareil judiciaire israélien à Benjamin Netanyahu, faute de preuves suffisantes sur les «fraudes et abus de confiance» dont il était soupçonné, lui accorde un répit politique, au moins provisoire, et, par la même occasion, replace le processus de paix au centre des préoccupations régionales .
Sans illusion, cependant, les Palestiniens considèrent la situation comme «dangereuse», selon le négociateur en chef palestinien, Saëb Erakat, qui estime que le gouvernement israélien pourrait durcir son attitude «et se réfugier dans l’escalade» pour faire oublier le scandale. «Il n’y a pas d’espoir de traiter avec Netanyahu, et la voie est sans issue», indique, pour sa part, Yasser Abed Rabbo, ministre de l’Information, qui témoignait ainsi de l’inquiétude des Palestiniens qui semblaient ainsi parier sur une chute du gouvernement Netanyahu.
Plusieurs opposants travaillistes ont bien entamé hier une procédure visant à mettre en examen le président du Conseil israélien devant la Haute Cour de justice, mais les milieux judiciaires estiment qu’ils mènent un combat perdu d’avance et que Netanyahu est désormais à l’abri des poursuites, bien que politiquement fragilisé par le scandale.
Le chef du Likoud, qui avait plaidé la maladresse et la bonne foi dans cette affaire, écarte d’un revers de main les appels de l’opposition travailliste à sa démission — qu’une majorité d’Israéliens ne souhaite plus — et s’efforce de recoller les morceaux d’une coalition fortement secouée.
Il a ainsi annoncé la création d’un comité consultatif de surveillance du fonctionnement du gouvernement et des nominations de hauts fonctionnaires pour apaiser les craintes de deux ministres qui avaient menacé de démissionner, Nathan Chtcharanski et Dan Meridor (Finances).
Le premier, qui détient le portefeuille de l’Industrie et du Commerce, dirige le parti russophone Yisrael ba-Aliya, dont les sept députés permettent au premier ministre de disposer d’une courte majorité à la Knesset, et le second appartient au Likoud. Tous deux sont revenus sur leur menace dimanche soir, après l’annonce du non-lieu.
Les Palestiniens, qui se sont efforcés de ne pas paraître s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Etat hébreu durant la phase judiciaire de la crise, craignent de faire maintenant les frais d’une opération de diversion de la part d’un chef du Likoud qui a repris du poil de la bête.
Saëb Erakat, un des principaux négociateurs palestiniens, juge la situation «dangereuse» car, «généralement, lorsque le gouvernement israélien connaît un scandale de corruption, il se réfugie dans l’escalade contre les Palestiniens, que ce soit par de nouvelles confiscations de terres, par de nouvelles colonies ou par le bouclage asphyxiant des territoires».
L’impasse dans laquelle se trouvait le processus de paix palestino-israélien dès avant le début de la crise israélienne revient sur le devant de la scène comme en témoignent des heurts qui ont fait cinq blessés lundi en Cisjordanie encore sous contrôle israélien, dont un gravement atteint d’une balle, a dû être évacué sur Hébron.
Rien n’indique en effet que Netanyahu, dont la politique ultra-nationaliste qui s’est traduite par une reprise controversée de la judaïsation de Jérusalem-Est est à l’origine de la crise diplomatique, soit désormais plus enclin à mettre de l’eau dans son vin. Bien au contraire.
Aussitôt connu le non-lieu dont il a bénéficié, le chef du Likoud s’est adressé à ses compatriotes pour étriller l’opposition travailliste qui réclame toujours son départ, en l’accusant de saper ses initiatives pour consolider l’annexion de Jérusalem-Est, empêcher la formation d’un Etat palestinien et conserver le Golan syrien sous contrôle israélien.
Ce souffle sur les braises qui couvent dans la région depuis son élection-surprise sur le fil du rasoir, il y a 11 mois, montre bien la difficulté de la tâche que s’assigne Washington: désamorcer la tension régionale en favorisant l’ouverture des négociations sur le statut final des territoires palestiniens occupés depuis 30 ans.
Hanane Achraoui, membre de l’exécutif autonome palestinien, a déclaré à Reuter que l’allocution prononcée dimanche soir par Netanyahu montrait bien que le chef du gouvernement israélien entendait poursuivre sur une voie qui a précisément amené le processus de paix au point mort où il se trouve actuellement.
Prié de son côté par la chaîne américaine CNN de dire si, maintenant que la menace de poursuites contre lui était écartée, il serait mieux en mesure de négocier la paix avec les Palestiniens, Netanyahu a réitéré sa position de fermeté: «Oui, s’ils contiennent le terrorisme et y mettent fin».
Mais, pour Yasser Arafat, la politique du premier ministre israélien «mène toute la région à la catastrophe» et les milieux diplomatiques du Caire estiment que les Palestiniens sont dans «la pire situation depuis qu’ils ont été chassés de Beyrouth en 1982» par l’armée israélienne.
Les Palestiniens sont dans «une position de négociation extrêmement faible» et le règlement de leur contentieux avec Israël n’est plus considéré comme prioritaire par les Etats-Unis, qui ne s’y intéressaient, d’après leur analyse, que dans la mesure où il existait à leurs yeux des perspectives d’en tirer un succès diplomatique flatteur.
Ce qui se profile dans l’immédiat, ajoute-t-on, c’est que les palestiniens vont devoir consentir aux nouveaux quartiers juifs de Jérusalem-Est en échange des derniers retraits israéliens de Cisjordanie prévus par les accords d’autonomie de 1993 — une déception pour eux, qui espéraient de la crise un gel des nouvelles colonies juives.
Le non-lieu consenti par l’appareil judiciaire israélien à Benjamin Netanyahu, faute de preuves suffisantes sur les «fraudes et abus de confiance» dont il était soupçonné, lui accorde un répit politique, au moins provisoire, et, par la même occasion, replace le processus de paix au centre des préoccupations régionales .Sans illusion, cependant, les Palestiniens...