Ce diplomate ajoute que «dans la bataille tout à fait cruciale à ses yeux qu’il livre pour Jérusalem, le premier ministre israélien s’appuie sur les éléments suivants:
— Tout d’abord la position unifiée adoptée par tous les partis israéliens qui soulignent tous que Jérusalem n’est pas négociable.
— L’approbation tacite des Etats-Unis, par complaisance pour le lobby juif américain.
— La timidité des réactions arabes qui se limitent à ce jour au gel de la normalisation relationnelle avec l’Etat hébreu. Ce dont ce dernier se gausse car la judaïsation totale de Jérusalem est pour lui un objectif nettement plus important.
— Les pressions assorties de menaces exercées sur les Palestiniens et sur les Arabes pour la neutralisation de ce qu’Israël appelle «le terrorisme», à savoir aussi bien l’intifada des pierres que les attentats, sans vouloir convenir que le premier acte de violence est l’implantation d’une colonie juive à Abou Ghneim. Ainsi, Netanyahu menace de «torpiller le processus s’il y a un attentat», en faisant semblant d’ignorer qu’il a déjà balancé ce projet de paix au panier par ses «initiatives» et ses provocations.
— Dans ce sens, Netanyahu laisse entendre que, «généreusement», il pourrait admettre la création d’un Etat palestinien désarmé, si on le laisse tranquillement s’installer à Abou Ghneim et si les actes de violence cessent. Il insinue également qu’il ordonnerait un redéploiement israélien dans de larges étendues de la Cisjordanie, qu’il veillerait à une stricte application des accords d’Oslo dans des délais accélérés, et même qu’il accepterait de retourner aux principes de Madrid pour négocier avec la Syrie, si on lui laisse Jérusalem...»
Les Arabes, Palestiniens compris, y sont-ils disposés? Voudront-ils sacrifier Jérusalem pour les «avantages» que leur promet Netanyahu? En fait, la réponse à cette question ne leur appartient pas d’une manière exclusive. On sait en effet que la question de Jérusalem déborde de loin le contentieux territorial ou ethnique régional car elle concerne directement les trois grandes religions monothéistes mondiales: le judaïsme, le christianisme et l’islam. Dès lors, la logique voudrait que les Etats-Unis, «officier traitant» du dossier, ne traitent pas Jérusalem comme un simple volet du conflit régional et ne soient pas tentés, là comme ailleurs, de faire montre de la même traditionnelle partialité en faveur d’Israël. Ils pourraient être aidés, dans leur quête d’une solution raisonnable, par l’Union européenne et par l’Organisation de la Conférence islamique, dans la mesure où ces parties ne sont pas très loin d’admettre pour Jérusalem un statut spécial de ville ouverte.
Mais pour le moment, le comportement U.S. suscite beaucoup d’interrogations. On note en effet l’étrange pusillanimité immédiate de Clinton après le camouflet que lui a infligé en public Netanyahu, qui s’est permis de déclarer en sa présence qu’il va poursuivre les implantations à Jérusalem et qu’il dénie aux Palestiniens le droit de protester dans la rue, appelant même les Etats du monde entier à condamner ce «terrorisme»! Clinton a donc fait comme s’il n’avait rien entendu, alors qu’en pratique le premier ministre israélien venait de dire devant lui «bye bye le processus U.S.», car c’est ce que signifie en pratique l’entêtement sur Abou Ghneim. Il reste que, pour compenser un peu, Washington a ensuite annoncé que Clinton allait maintenant recevoir les Palestiniens et les écouter attentivement...
Il faut donc voir ce qu’il en sortira, en espérant que les Etats-Unis comprendront qu’il ne peut y avoir de paix dans cette région du monde hors des principes de Madrid qu’ils ont eux-mêmes établis.
E.K.
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