Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Tout comme à Washington , lundi Netanyahu à La Haye : un dialogue de sourds

Un rôle pour l’Union européenne au Proche-Orient? Oui, mais «essentiellement économique» et en tout cas «plus équilibré» qu’actuellement: d’entrée de jeu le premier ministre israélien a donné le ton de ses entretiens hier et aujourd’hui aux Pays-Bas et demain en Italie. Du coup, on a parlé à La Haye d’un dialogue de sourds, le premier ministre néerlandais affirmant à ce propos, amer: «Nos entretiens ont été très comparables à ce qui s’est passé aux Etats-Unis», dans une allusion aux conversations de Benjamin Netanyahu, lundi dernier, avec le président Bill Clinton.
S’adressant à la Chambre des députés néerlandaise, M. Netanyahu a indiqué que le rôle-leader revenait aux Etats-Unis et que l’Europe devait donc exercer un rôle complémentaire mais qu’il fallait qu’il soit «plus équilibré».
Commentant ce dernier mot, M. Hans van Mierlo, ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas (qui exercent pour le semestre en cours la présidence tournante de l’UE), a indiqué qu’il était «inconvenant».
Le premier ministre israélien a encore rejeté avec force les assertions selon lesquelles Israël ne respecterait pas les accords de paix d’Oslo, alors que les Palestiniens eux s’y tiendraient. Il a défendu une nouvelle fois la construction de Har Homa, à Jérusalem-Est, en assurant que son pays «ne viole en aucune façon les accords d’Oslo».
«Ce sont les Palestiniens qui violent ces accords», a affirmé M. Netanyahu.
Le premier ministre a déploré que beaucoup de gouvernements étrangers considèrent Israël comme les méchants et les Palestiniens comme les bons. «Ils voient Israël comme une puissance coloniale, et les Palestiniens, comme la victime oppressée par cette puissance», a expliqué M. Netanyahu, précisant que si l’une des parties a fait du mal à l’autre au cours de l’histoire récente, c’était les Palestiniens à Israël et non le contraire. Il a déploré la campagne de désinformation relative, selon lui, à l’attitude d’Israël dans le processus de paix, soulignant que l’image qui en résultait était «complètement faussée».

Riposte néerlandaise

La riposte néerlandaise ne s’est pas fait attendre: le chef du gouvernement Wim Kok a précisé qu’il appartenait aux Pays-Bas de «rester en contact avec Israël et la Palestine en même temps». Quant à l’Union européenne, a dit M. Kok, on sait déjà que son opinion «est connue de tous» et qu’elle reste «inchangée».A propos du rôle de l’UE dans la relance du processus de paix, M. Kok a souligné que celui-ci est «complémentaire de celui des Etats-Unis, qui ont un rôle de leader«, ajoutant que les Quinze ne souhaitent «pas seulement payer les aspects économiques et sociaux de processus».

Irritée par l’inflexibilité de l’Etat hébreu, l’UE n’entend pas rester immobile, notamment face à la flambée de violence dans les territoires palestiniens, qui «la préoccupe profondément», ainsi que l’a déclaré M. Kok. C’est ainsi que le chef de la diplomatie néerlandaise Hans van Mierlo rencontrera aujourd’hui vendredi le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat pour tenter de trouver avec lui des solutions permettant la relance des négociations. La Haye a précisé à cet égard qu’il informera Washington des résultats de cette démarche.

Programme chargé

Jeudi, le programme de M. Netanyahu était extrêmement chargé. Outre un déjeuner et une réunion de travail avec MM. Kok et van Mierlo, il a été reçu par la reine Beatrix, s’est entretenu avec les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, MM. Frits Korthals Altes et Piet Bukman, ainsi qu’avec des représentants des commissions parlementaires des Affaires étrangères. Le premier ministre israélien a également rencontré la communauté juive aux Pays-Bas et vanté les capacités économiques de son pays auprès d’hommes d’affaires invités par la Chambre de commerce israélo-néerlandaise.
En soirée, M. Netanyahu devait encore être l’hôte d’un dîner de gala offert par son homologue néerlandais.
Il quittera les Pays-Bas dans la matinée pour l’Italie, où il doit présider une conférence économique israélo-italienne. Son retour en Israël est prévu dimanche.
A Washington entre-temps, le secrétaire d’Etat Madeleine Albright a reçu jeudi après-midi deux responsables palestiniens. Les émissaires de Yasser Arafat, Mahmoud Abbas et Saëb Erakat, ont rencontré d’abord le coordinateur américain pour le Proche-Orient Dennis Ross dans la capitale fédérale.
Un premier responsable palestinien, Hanane Achraoui, ministre palestinien de l’Enseignement supérieur, avait été reçu pendant deux heures mardi par M. Ross, au lendemain de l’échec des discussions entre le président Clinton et le premier ministre israélien.
Mme Achraoui avait qualifié la rencontre de «positive» mais en soulignant qu’il faudrait «bien des discussions supplémentaires» avant d’espérer rétablir le dialogue israélo-palestinien, interrompu depuis trois semaines.
S’adressant jeudi à la presse avant l’arrivée de MM. Abbas et Erakat, elle avait demandé que Washington fasse pression sur Israël pour qu’il suspende la construction de nouveaux logements juifs à Jérusalem-Est et dans les implantations de Cisjordanie et Gaza.
Jeudi, Mme Albright a confirmé n’avoir aucun projet pour le moment de se rendre au Proche-Orient, ajoutant que les efforts pour relancer le processus de paix continueraient depuis Washingon.
«Pour cette période, le président et moi estimons que le centre des discussions s’est pour une large part déplacé à Washington», a-t-elle déclaré en réponse à des questions sur un éventuel déplacement, objet de spéculations croissantes.
«Nous traversons une période très difficile», a indiqué Mme Albright lors d’un déjeuner organisé par la Société américaine des éditeurs de journaux.
«Il est absolument essentiel pour nous de nous assurer que le cycle des violences soit rompu et que nous pouvons retrouver une atmosphère dans laquelle les négociations fructueuses qui ont eu lieu puissent reprendre», a-t-elle ajouté.
Le secrétaire d’Etat a réaffirmé que Washington entendait jouer un «rôle central» au Proche-Orient tout en affirmant que l’enjeu était de savoir si Israéliens et Palestiniens voulaient avancer.
«Tout aussi central que nous sommes, nous ne pouvons jouer de rôle si les deux parties n’ont pas la confiance de se rencontrer», a estimé le chef de la diplomatie américaine.

(AFP, Reuter)
Un rôle pour l’Union européenne au Proche-Orient? Oui, mais «essentiellement économique» et en tout cas «plus équilibré» qu’actuellement: d’entrée de jeu le premier ministre israélien a donné le ton de ses entretiens hier et aujourd’hui aux Pays-Bas et demain en Italie. Du coup, on a parlé à La Haye d’un dialogue de sourds, le premier ministre néerlandais...