Présentant à la presse le programme du prochain séjour du Saint-Père Le nonce insiste sur le caractère pastoral de la visite du pape (photo)

Le nonce apostolique, Mgr Pablo Puente, a insisté une nouvelle fois hier sur le caractère pastoral de la visite au Liban du pape Jean-Paul II, les 10 et 11 mai prochain. Le Saint-Père signera devant un groupe de jeunes Libanais le texte de l’exhortation apostolique élaborée fin 1995 à Rome par le synode spécial pour le Liban.
Pas de cérémonie officielle d’accueil pour le souverain pontife: le pape souhaite que son séjour se déroule dans la simplicité puisqu’il vient au Liban en tant que chef de l’Eglise catholique. Une seule cérémonie sera toutefois organisée en son honneur, à son arrivée, au palais de Baabda. Pour le reste, ses activités s’inscriront donc dans le cadre de la mission pastorale qu’il s’est fixée. Mgr Puente a tenu une conférence de presse hier pour annoncer les principales étapes du séjour du souverain pontife à Beyrouth, en précisant que c’est le Saint-Siège qui doit officiellement publier le programme détaillé de la visite.
Quant au but de la conférence de presse, c’est de «faciliter le travail des organisateurs et d’informer les personnes qui souhaitent prendre part aux actes publics de la visite», a précisé Mgr Puente. Selon les explications données par le nonce, les modalités d’accueil du pape ainsi que les détails techniques de sa visite sont en tous points semblables à ceux de ses 70 précédents voyages dans le monde: «L’avion du Saint-Père atterrira à l’AIB le 10 mai prochain à 12h15. L’arrivée sera considérée comme une «escale technique», en ce sens qu’il n’y aura ni cérémonie, ni participation du public. Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, ainsi que le directeur du protocole à la présidence de la République, M. Maroun Haïmari, seront à l’aéroport pour souhaiter la bienvenue à Sa Sainteté», aux côtés du nonce apostolique.
M. Haymari et Mgr Puente monteront à bord de l’avion «pour accueillir le pape qui se rendra immédiatement au palais de Baabda où auront lieu la cérémonie officielle et les entretiens avec les plus hautes autorités libanaises, politiques et religieuses». Le Saint-Père, qui a l’habitude de se mettre à genoux et d’embrasser la terre dès qu’il pose le pied sur un sol étranger, ne pourra pas cette fois accomplir ce rituel pour des raisons de santé, a expliqué Mgr Puente, ajoutant que Sa Sainteté a demandé qu’on lui présente un peu de terre libanaise sur un plateau pour qu’il puisse l’embrasser.

La «papamobile»

Le Saint-Père effectuera le trajet de l’aéroport à Baabda, en compagnie du patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, dans la voiture panoramique (voir schéma) appelée familièrement «papamobile», ce qui lui permettra de saluer et de bénir la population. «Toute cette procédure a été déjà adoptée dans d’autres pays, spécialement au cours de voyages brefs, afin de simplifier les déplacements du cortège pontifical», a précisé Mgr Puente. Le nonce a précisé que le pape possède deux voitures panoramiques, la première étant munie de vitres antiballes alors que la deuxième est ordinaire. Il a affirmé ignorer laquelle des deux Sa Sainteté fera venir avec lui. «J’espère que c’est le modèle muni de vitres antiballes, a-t-il déclaré sur le ton de la plaisanterie, même s’il n’y a pas de danger». Le pape, a-t-il ajouté, refuse de se déplacer dans des véhicules aux vitres noires «parce qu’il aime regarder les gens, les bénir et être regardé».

Après la cérémonie de Baabda, le Saint-Père rejoindra en hélicoptère le siège de la nonciature apostolique à Harissa où il déjeunera. L’appareil doit atterrir à Bkerké qu’il doit visiter avant de se rendre au siège de la nonciature. «A 19h, il rencontrera dans la basilique de Notre-Dame les jeunes Libanais et c’est au début de cette rencontre qu’il signera le texte de l’exhortation apostolique post-synodale», a indiqué le nonce.
La messe du dimanche

Le dimanche 11 mai, le Saint-Père célébrera la messe au centre-ville, sur une esplanade aménagée près de la mer, en contrebas de la Place des Martyrs. Il quittera Harissa à 8h30 et fera le trajet de Jounieh à Beyrouth en suivant l’autoroute du littoral, dans l’automobile panoramique, afin de pouvoir saluer et bénir la foule. Le pape doit quitter le Liban en début de soirée, à 19h30. Entre-temps, il recevra à Harissa les évêques et les patriarches orthodoxes avec qui il soulèvera des questions d’ordre œcuménique. On ignore l’heure à laquelle cette rencontre est prévue. Mgr Puente a précisé que les préparatifs et les contacts se poursuivent en vue de son organisation. Le souverain pontife doit aussi consacrer, au cours d’une messe privée, la nouvelle chapelle de la nonciature, construite en 1993 en prévision de sa première visite, qui était prévue comme on le sait en 1994, avant d’être reportée.
Mgr Puente a insisté sur le caractère pastoral de la visite. Mais il n’en demeure pas moins que ce séjour d’une trentaine d’heures au Liban a une finalité bien déterminée, a-t-il rappelé.«Présenter aux Eglises catholiques du Liban l’exhortation apostolique et les documents qu’il a préparés après le synode» et qui comportent les thèmes soulevés durant cette assemblée spéciale pour le Liban. «Le pape veut que la visite soit dédiée seulement au synode spécial sur le Liban, en considérant qu’une partie de cette assemblée s’est achevée et que la phase la plus importante, à savoir l’application, commence».
Mgr Puente a ensuite mis l’accent sur le caractère symbolique de la signature du texte de l’exhortation apostolique lors de sa rencontre avec la jeunesse libanaise. Et d’expliquer: «Normalement, c’est en privé que le pape signe des documents publiés à l’issue d’un synode. Le synode spécial s’adresse comme vous le savez à tout le monde, mais plus particulièrement à la jeunesse qui va vivre dans cette Eglise renouvelée que nous attendons tous. Un jeune homme et une jeune fille prononceront chacun un petit mot avant que le pape ne réponde ensuite en français».
Mgr Puente a aussi précisé que le texte de l’exhortation est rédigé en français et qu’il sera traduit en arabe après la signature du document. Après avoir réaffirmé l’intérêt que Sa Sainteté porte au Liban, Mgr Puente a indiqué que le pape a «toujours considéré qu’il est nécessaire d’aider le Liban, dans tous les domaines, et notamment sur le plan international». «Il continuera de le faire», a-t-il ajouté. Et d’enchaîner tout de suite: «Le Saint-Père a une grande confiance dans les Libanais. Il est convaincu que s’ils réussissent à se renouveler, à agir tous unis et à parvenir à une vraie réconciliation, ils assureront la meilleure garantie pour l’avenir du Liban». «C’est pour cette raison que le synode a été organisé», a-t-il ajouté.
Mgr Puente a ensuite souligné la dimension de «la préparation spirituelle de la visite du pape pour qu’elle ne soit pas un acte extérieur mais qu’elle ait une dimension plus profonde». «Sa Sainteté souhaite que sa visite entre profondément dans l’âme des Libanais, catholiques, chrétiens en général et musulmans», a-t-il affirmé, avant de faire état de la détermination du Saint-Père à visiter le Liban en dépit de la situation régionale explosive. «Le pape est décidé à venir, a-t-il déclaré, il savait que la situation est difficile et complexe sur le plan régional».