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Actualités - ANALYSE

Municipales : l'opposition accuse le pouvoir de fuir les urnes ...

C’est confirmé: en annonçant en début d’année les municipales pour juin, on a voulu tout simplement jouer encore une fois à malin malin et demi. «En réalité, souligne une source opposante, ni l’Exécutif ni le Législatif n’en voulaient de ces élections; mais aucun de ces deux pouvoirs ne voulait prendre la responsabilité d’en enterrer le projet pour ne pas être accusé d’entraver la normalisation administrative».«Initialement, ajoute la même source, les trois présidents s’étaient entendus pour reporter l’échéance de deux ans et c’est ce qui explique la réaction outrée qu’a eue au départ M. Nabih Berry en apprenant que le Conseil des ministres fixait la date des municipales au 1er et au 8 juin de l’année en cours. M. Berry avait alors pensé que MM. Hraoui et Hariri s’étaient mis d’accord dans son dos et avaient avancé la date du scrutin pour l’embarrasser, ne pas lui laisser suffisamment de temps pour préparer, face au Hezbollah, des élections dont les résultats au Sud lui seraient globalement défavorables. Il pensait également qu’on avait voulu de la sorte riposter à son refus de «marcher» dans l’affaire des retouches constitutionnelles demandées par le chef de l’Etat avec l’appui du président du Conseil».
«En deuxième réflexion, poursuit cet opposant, M. Berry a décidé de jouer le jeu, de relever le défi et d’approuver le projet des municipales rapprochées lors du débat sur la question à la Chambre. Ceci pour deux raisons: renvoyer la balle dans le camp de l’Exécutif et répondre au souhait de la grande majorité des députés qui étaient pour le scrutin en juin. M. Berry a donc renoncé à objecter que cette date tombe mal car elle perturbe tout à la fois les examens officiels et la saison touristique d’été. Par contre, il a posé une double condition technique précise: la correction des liste d’électeurs et la distribution de la carte électorale individuelle en calculant que le gouvernement n’aurait pas le temps matériel de se plier à de telles exigences qui offraient l’avantage de paraître tout à fait légitimes. Cependant, le ministre de l’Intérieur M. Michel Murr a mis les bouchées doubles et il est parvenu à enclencher la carte électorale et l’épuration des listes, bien qu’on ne sache pas si tout serait distribué et corrigé dans les délais... En tout cas, le travail accompli donnait aux municipalités une sorte de caractère inéluctable et la masse électorale, composée des partis et des candidats potentiels, a commencé à y croire et à bouger sur le terrain. Les concertations, les tractations se sont multipliées en vue d’alliances déterminées et le pays politique est donc entré en campagne. Ainsi, le mouvement «Amal» et le Hezbollah ont décidé une nouvelle fois de s’entendre, pour éviter une bataille électorale qui pourrait provoquer des heurts sanglants au Sud, région sensible entre toutes. La mobilisation populaire s’est accrue et il apparaissait que nombre de clans ou de familles connus pour leur loyalisme se fractionnaient autour de rivaux sortis de leurs rangs, ce qui renforçait partout les courants opposants. La défaite probable du pouvoir aux municipales serait l’éclatante réfutation des dernières législatives dont elle prouverait l’irrégularité globale. Dès lors, les dirigeants, les ministres et nombre de députés ont commencé à se dire que les municipales n’étaient après tout pas si urgentes et qu’on pouvait les reporter sans mal. Pour y parvenir, certains ont suggéré qu’on associe le projet de loi concernant les élections municipales à celui qui porte sur la décentralisation administrative et dont l’étude nécessite encore beaucoup de temps. D’autres, allant plus loin sur la même voie, ont proposé qu’on y associe également la loi électorale relative aux législatives puisqu’il faut s’assurer que le découpage des circonscriptions n’obéirait pas forcément au tracé des nouvelles frontières administratives. Mais ces tentatives de dérobade ayant été contrées, le projet de loi des municipales étant reconnu comme seul prioritaire pour le moment à cause des délais, le gouvernement à dû piteusement le retirer de la Chambre sans fournir d’autre explication que le litige sur certains points, comme l’interdiction de cumul des mandats. En fait, en se contentant de proposer quelques amendements à la loi en vigueur depuis 1977, le gouvernement admet qu’une nouvelle loi n’interviendra que pour régir les élections municipales qui suivront les prochaines, dans six ou dans sept ans. De ce fait, le texte pourra être préparé parallèlement à ceux concernant la décentralisation administrative et la loi électorale des législatives. On a donc renvoyé les municipales pour éviter une déroute du camp loyaliste. Et par là, le pouvoir a encore perdu du peu de crédit qui lui reste...», conclut cette personnalité.

E.K.
C’est confirmé: en annonçant en début d’année les municipales pour juin, on a voulu tout simplement jouer encore une fois à malin malin et demi. «En réalité, souligne une source opposante, ni l’Exécutif ni le Législatif n’en voulaient de ces élections; mais aucun de ces deux pouvoirs ne voulait prendre la responsabilité d’en enterrer le projet pour ne pas être...