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Actualités - ANALYSE

L'activisme sectaire commence à inquiéter la caste politique

A tort ou à raison, un politicien influent s’alarme de «l’activisme croissant des partis, courants ou associations à caractère confessionnel» et prédit que, «si on n’y met pas bon ordre, les sectaristes, qui portent les germes de division jusqu’au sein des communautés, vont finir par replonger le pays dans l’instabilité et par menacer sérieusement la paix civile...»
Ce Cassandre souligne que, «de tout évidence, les extrémismes de toutes sortes sont le pire des dangers pour un pays composite comme le Liban. Or çà et là, faute d’une rapide remise au pas, on voit aujourd’hui fleurir et prospérer divers mouvements fanatiques tous plus exaltés les uns que les autres».
Ce politicien poursuit: «Jadis la lutte politique mettait aux prises des camps opposés englobant chacun un mélange de diverses confessions. L’un des effets de la guerre a été de beaucoup réduire cette forme de mixage politique au profit de regroupements monoconfessionnels qui deviennent le point de support de la rivalité avec «l’autre, en face». Mais aussi le théâtre de luttes d’influence intestines pour le leadership ou le contrôle d’une communauté déterminée. L’actualité offre un exemple frappant de ce double clivage, à travers le cas des intégristes anti-Ahbache qui s’en prennent d’une part, sur le plan interne pour ainsi dire, à Dar el-Fatwa; et, d’autre part, à Baabda et au pape... Ces phénomènes de cristallisation, qui s’inscrivent, répétons-le, dans le prolongement de la guerre, portent naturellement atteinte à l’unité nationale, élément indispensable de survie pour l’Etat libanais. On voit là combien en définitive les déséquilibres sont nocifs aussi bien pour la partie qu’ils semblent favoriser que pour la partie qu’ils pénalisent. Grosso modo c’est parce que l’Est est brimé, déprimé, empêché d’entretenir une vraie ossature politique qu’on voit l’Ouest se permettre l’éclosion, la montée en puissance de courants qui le rongent de l’intérieur par leurs surenchères et, de plus, le mettent en porte-à-faux par rapport à un éventuel dialogue national. Autrement dit, d’un côté il y a presque le vide, tandis que, sur l’autre rive, les modérés, qui seuls peuvent redonner un jour sa chance à une indispensable entente nationale gage de stabilité pérenne, commencent à perdre pied».
Cet homme d’expérience relève ensuite que «la grande majorité des Libanais reste certes attachée à la coexistence, à la solidarité nationale, en rejetant toute forme de violence mais il faut savoir la mobiliser contre les dangers de déstabilisation qui se profilent à l’horizon et on peut se demander si les dirigeants actuels en sont capables. Ils devraient réagir sans tarder, en mettant à profit l’élément sécurisant que constitue la présence syrienne. Une présence qui peut plus facilement sans doute (car elle ne craint pas d’être accusée de parti pris délibéré) intimider, remettre au pas, ramener à la raison les parties tentées de dévier pour des motifs de croyance ou d’idéologie».
«Il est évident, poursuit cette source, que, pour commencer, et comme l’ont promis MM. Michel Murr et Mohsen Dalloul, il faut veiller à sanctionner toute atteinte aux lois en vigueur, pour ne pas laisser se créer des précédents aux conséquences dévastatrices. On peut noter que, par une sorte de paradoxe, si le pouvoir n’entreprend pas de reprendre la situation vraiment en main, sans tergiversation et sans aucune faiblesse en comptant le cas échéant sur un soutien syrien concret, il est probable qu’il se retrouvera plongé dans un statu quo interminable de pourrissement politico-sécuritaire, l’empêchant pour longtemps de pouvoir se passer des forces syriennes, qu’il y ait ou non retrait israélien du Sud. Le Liban redeviendrait en somme un pays piégé, condamné à ne pas pouvoir mener à bien son redressement et voué par là à un constant appauvrissement, un pays susceptible d’exploser à tout moment. Il s’agit donc de «déminer» le terrain sans plus tarder et en attendant de pouvoir abolir le confessionnalisme politique, entreprise de longue haleine, il faut d’urgence neutraliser le fanatisme où qu’il se trouve par une nouvelle loi des partis et des associations dont les médias doivent pour leur part cesser le couvrir les activités pour ne pas leur faire de propagande gratuite...», conclut cette personnalité.
E.K.
A tort ou à raison, un politicien influent s’alarme de «l’activisme croissant des partis, courants ou associations à caractère confessionnel» et prédit que, «si on n’y met pas bon ordre, les sectaristes, qui portent les germes de division jusqu’au sein des communautés, vont finir par replonger le pays dans l’instabilité et par menacer sérieusement la paix...