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Actualités - CHRONOLOGIE

Clinton déterminé a accroître la pression sur Israël Les palestiniens annoncent - mais les israéliens démentent - un sommet Clinton-Arafat-Netanyahu

Les Palestiniens font état de préparatifs américains en vue d’une rencontre, au début de la semaine prochaine à Washington, Clinton-Arafat-Netanyahu — une nouvelle que du côté israélien on démentait peu après. Mais Yitzhak Mordehaï, ministre de la Défense dans le Cabinet Likoud, se prononçait peu après pour une telle réunion, alors que le président Bill Clinton paraît de plus en plus déterminé à accroître la pression sur le premier ministre israélien, attendu lundi prochain dans la capitale fédérale pour une visite-éclair de douze heures. Bien que le projet de rencontre palestino-israélienne n’ait pas été confirmé de source US, le chef de l’Exécutif américain avait indiqué mardi s’être mis d’accord avec le roi Hussein de Jordanie sur plusieurs «idées» destinées à remettre sur rails les négociations entre les deux parties.
La Maison-Blanche a officiellement annoncé hier que Netanyahu sera reçu par le président Bill Clinton lundi en fin de matinée. Le porte-parole a qualifié la situation actuelle au Proche-Orient de «problème difficile et très délicat».
Les deux hommes «examineront beaucoup d’idées différentes sur la manière dont nous pouvons amener les parties (Israéliens et Palestiniens) à renouer le dialogue», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Michael McCurry.
L’une de ces idées pourrait apparemment être un sommet à trois entre les Etats-Unis, Israël et l’Autorité palestinienne.
Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la Maison-Blanche n’a pas démenti les propos de source palestinienne relatifs à une rencontre à trois, indiquant simplement qu’il n’y avait pas «en ce moment» de projet de sommet.
«Nous examinons un certain nombre d’idées à propos de la manière dont nous pouvons amener les parties à renouer le dialogue», s’est-il borné à répéter.
Pour sa part, le ministre israélien de la Défense, arrivé hier aux Etats-Unis, a souhaité que Yasser Arafat et Benjamin Netanyahu se rencontrent de toute urgence afin de désamorcer la tension dans la région.
«Le président Arafat devra tout mettre en œuvre pour combattre la violence dans la région et rencontrer le premier ministre pour trouver une formule qui permette de poursuivre le processus de paix et de créer une atmosphère différente dans la région», a estimé M. Yitzhak Mordehaï, qui s’exprimait à New York devant la conférence des dirigeants des organisations juives américaines.

Les pressions

Les pressions de la communauté internationale sur Israël vont bloquer le processus de paix au Proche-Orient, a encore estimé mercredi à New York Yitzhak Mordehaï.
«Nous devons faire passer le message à la communauté internationale que (...) faire pression ne contribue aucunement au processus de paix», a-t-il souligné, selon un communiqué de la conférence des présidents des principales organisations juives américaines.
«Je n’ai jamais vu de colonies à Jérusalem. J’ai vu des quartiers, y compris celui de Har Homa», a-t-il déclaré.
En soirée, le porte-parole du département d’Etat Nicholas Burns appelait une nouvelle fois les Palestiniens à lutter contre le terrorisme. «Nous souhaitons que l’Autorité palestinienne fasse un effort déterminé et concret pour lutter contre tous ceux, dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et peut-être même à Jérusalem, qui prônent la violence et la terreur», a affirmé M. Burns.
Le nouvel appel intervenait alors que le secrétaire d’Etat Madeleine Albright avait parlé à deux reprises au téléphone, mardi soir, avec M. Arafat. Elle avait également appelé le premier ministre israélien, a précisé M. Burns.
Le secrétaire d’Etat s’est par ailleurs entretenu mercredi avec le roi Hussein de Jordanie de la possibilité de relancer la processus de paix.

Une convocation

M. Netanyahu rencontrera M. Clinton lundi à la Maison-Blanche, la radio publique israélienne ayant indiqué qu’il arriverait dimanche soir à Washington pour une visite officiellement motivée par la conférence d’une organisation juive américaine.
Même s’il est normal, pour un premier ministre israélien, d’être reçu par le président des Etats-Unis lorsqu’il est de passage à Washington, l’entrevue de lundi s’apparente bel et bien à une convocation.
«Je pense qu’il est important que nous parlions et je suis heureux qu’il vienne», avait commenté mardi M. Clinton.
La tâche de Washington est délicate, dans la mesure où il est politiquement difficile pour un président des Etats-Unis, quel qu’il soit, de critiquer trop ouvertement le gouvernement israélien.
Malgré les deux vetos américains à l’ONU, M. Clinton n’a pas manqué une occasion de rappeler qu’il désapprouvait la décision de M. Netanyahu de construire cette colonie de peuplement à Jérusalem-Est.
La question, mercredi, était de savoir jusqu’où il était prêt à aller pour obtenir un gel de ce projet.
«Le président sait combien les sentiments du gouvernement d’Israël sont forts à ce sujet, a commenté le porte-parole de M. Clinton, Michael McCurry. Mais dans le même temps, vous connaissez les vues du gouvernement américain» sur cette colonie de peuplement, a-t-il poursuivi.
Conscient des pressions qui l’attendent lundi à Washington, M. Netanyahu a d’ailleurs pris les devants en faisant savoir qu’un gel en échange d’un arrêt des violences était exclu. «Tel est le message qui sera transmis au président Clinton», a affirmé mercredi à la radio d’Etat israélienne le porte-parole du premier ministre, Shaï Bazak.

Démenti israélien

Dans le même temps, l’Etat hébreu démentait la nouvelle d’un sommet américano-palestino-israélien, au début de la semaine à venir à Washington, annoncée dans la journée par Marwan Kanafani, porte-parole de Yasser Arafat. «Il n’existe pas pour le moment de projet ou de préparatifs en vue d’un tel sommet», a affirmé David Bar-Ilan, porte-parole du premier ministre israélien.
L’agence palestinienne WAFA avait indiqué que le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright avait téléphoné à deux reprises à M. Arafat pendant la nuit de mardi à mercredi.
M. Bar Illan a indiqué que M. Netanyahu comptait présenter au président Clinton sa proposition d’accélérer les négociations sur le statut final des territoires palestiniens en vue de parvenir à un accord en six mois au lieu de deux ans. Il a également souligné que M. Netanyahu n’avait pas l’intention de «faire de gestes» envers M. Arafat tant que le président palestinien ne «se sera pas décidé à déployer 100% d’efforts dans la lutte contre le terrorisme».
L’arrestation dans la bande de Gaza de 30 militants du Jihad islamique annoncée mercredi par la police palestinienne constitue «un bon signe, mais il faut voir s’ils ne seront pas libérés dans les prochains jours comme cela avait été le cas après d’autres attentats terroristes», a ajouté M. Bar Illan (VOIR PAGE 7).
Les positions, de part et d’autre, demeurent fort éloignées. Ainsi, M. Arafat a fait savoir qu’il était d’accord pour accélérer les négociations sur le statut final des territoires palestiniens en échange d’un gel par l’Etat hébreu des colonies d’implantation, ainsi que l’a annoncé l’émissaire de l’Union européenne Miguel Moratinos, dans un entretien accordé au quoditien israélien «Haaretz». M. Moratinos a précisé avoir transmis l’offre du président palestinien à M. Netanyahu, qui avait suggéré en mars de boucler les pourparlers sur cette question en six mois au lieu de deux ans.
M. Arafat réclame toutefois qu’une décision en ce sens soit assortie d’un gel de la colonie de Har Homa et d’une application rapide des clauses de l’accord intérimaire sur l’autonomie palestinienne, dont l’ouverture d’un aéroport et d’un port dans la bande de Gaza.

Le message à Clinton

Pour sa part, le premier ministre israélien a d’ores et déjà annoncé qu’il ferait part au président américain de «sa détermination à poursuivre la construction du quartier de Har Homa». «Il n’est pas question d’accepter un quelconque gel en échange d’un arrêt des violences et du terrorisme», a déclaré son porte-parole Shaï Bazak à la radio d’Etat. «Notre politique est très claire: si le terrorisme palestinien continue, il n’y aura pas de processus de paix, a ajouté M. Bazak. Tel est le message qui sera transmis au président Bill Clinton».
Lors d’un entretien, mardi, avec son ministre des Affaires étrangères M. David Lévy, M. Netanyahu avait évoqué les risques que comportait ce voyage mais a conclu qu’il était impossible de refuser une invitation du président Clinton, indique-t-on dans l’entourage du premier ministre.
«Il est important d’avoir un contact direct et au plus haut niveau avec l’administration américaine pour contrer les tentatives arabes de nous brouiller avec Washington», a déclaré un haut responsable israélien qui a requis l’anonymat.
«M. Netanyahu demandera aux Etats-Unis d’exercer toute leur influence pour amener l’Autorité palestinienne à combattre réellement le terrorisme», a-t-il ajouté.
Pour l’ancien premier ministre travailliste Shimon Pérès, «il n’y a plus une minute à perdre. Sans une intervention énergique américaine, le processus de paix va s’effondrer».
Selon le chef de la diplomatie israélienne David Lévy, «M. Netanyahu verra les choses à Washington». «Si Yasser Arafat remplit ses obligations, nous pourrons revenir à la table de négociations, dans une autre atmosphère», a-t-il affirmé à la presse.

Diplomates arabes
chez Lévy

Dans la journée de mercredi, quatre diplomates arabes ont rencontré M. Lévy. Il s’agit des ambassadeurs d’Egypte et de Jordanie et de deux diplomates, l’un marocain, l’autre tunisien.
M. Lévy a qualifié d’«inacceptables» les pressions exercées par les pays arabes qui veulent contraindre Israël à revenir sur la voie de la paix en gelant la normalisation et en envisageant un retour au boycottage.
«Si Israël est mis au ban des accusés par le monde arabe, qui le menace et menace les pays normalisant leurs relations avec lui, c’est inacceptable», a affirmé M. Lévy devant les journalistes, après la réunion avec les ambassadeurs qui s’est tenue à huis clos. «Il faut agir pour que le processus de paix ne coule pas», a-t-il ajouté.
Selon M. Lévy, Israël est déterminé à aller de l’avant vers la paix et exige des Palestiniens qu’ils «luttent contre l’incitation organisée à la violence et contre le terrorisme», a-t-il dit.
M. Lévy a cependant réaffirmé la volonté d’Israël de poursuivre la construction de la colonie juive de Har Homa. «Le gouvernement a été unanime pour lancer les travaux à Har Homa, c’est notre droit de bâtir à Jérusalem, ce n’est pas contraire à nos accords», a affirmé M. Lévy.

(AFP, Reuter)
Les Palestiniens font état de préparatifs américains en vue d’une rencontre, au début de la semaine prochaine à Washington, Clinton-Arafat-Netanyahu — une nouvelle que du côté israélien on démentait peu après. Mais Yitzhak Mordehaï, ministre de la Défense dans le Cabinet Likoud, se prononçait peu après pour une telle réunion, alors que le président Bill Clinton...