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Actualités - ANALYSE

L'opposition dénonce la politique des deux poids deux mesures

«Décidément incorrigible, grogne cet opposant de l’Est, le gouvernement continue à traiter les Libanais de deux manières tout à fait contraires, l’une bonne et l’autre mauvaise, selon leur appartenance régionalo-communautaire. On applique la loi à la lettre, ou même de façon abusive comme on l’a vu pour les arrestations qui avaient suivi la fusillade de Tabarja, contre les uns, en les accusant en sus d’«entraver le processus de paix civile», ce qui est leur faire beaucoup trop d’honneur. Et on ferme les yeux sur le comportement pourtant étrange des autres qui, assurés de l’impunité, finissent par aller très loin dans la violation de règles par trop élastiques...».
Et de souligner que «les effets de la discrimination courante frisent maintenant la cote d’alerte. On a vu ainsi, après l’exécution des assassins de Nizar Halabi, les armes faire leur réapparition avec défi ouvert dans certaines régions. On a entendu, toujours dans ce cadre, des propos subversifs violents dirigés contre le chef de l’Etat, le président du Conseil, le mufti de la République mais aussi contre la justice. Tout cela sans réaction officielle et comme si de rien n’était. Des positions littéralement incendiaires ont pu être affichées au Sud comme à Tripoli, suite à cette triple pendaison, sans que les services qualifiés ne bougent le petit doigt, ne procèdent à la moindre enquête, ne posent aucune question, n’interpellent ou plus simplement ne mettent en garde personne».

Cette personnalité ouvre ensuite une parenthèse pour noter qu’au Sud, «et au nom de la préservation de l’esprit de résistance au véritable ennemi, l’occupant israélien, le Hezbollah a adopté une attitude sensée, appelant les parties concernées à ne pas attiser les feux des dissensions d’ordre sectaire qui peuvent prendre corps au sein d’une même communauté puis s’étendre pour rejoindre les clivages entre confessions distinctes. De fait, malgré cet appel du Hezbollah, on a vu se former au Sud des mouvements de forte animosité confessionnelle exigeant qu’il y ait autant de chrétiens pendus que de musulmans. Certains ulémas ont ajouté qu’il faut dans ce sens envoyer Samir Geagea à la potence. A Tripoli, cheikh Saïd Chaabane, qui durant la guerre avait un moment dominé cette ville en tant qu’«émir» d’une formation intégriste, a refait surface à cette occasion, à travers un prêche d’une rare virulence, dirigé principalement contre le chef de l’Etat et contre le reste de l’appareil d’Etat, accusé par exemple de vouloir «chouchouter» le pape, si l’on peut ainsi s’exprimer, lors de sa prochaine visite. Le dignitaire religieux a distribué généreusement ses semonces, n’épargnant que peu d’officiels mais en pratique seul M. Nabih Berry a réagi en lui demandant des explications au sujet du pape. Il aurait fallu pourtant une levée de boucliers générale, sans compter l’ouverture d’une enquête en bonne et due forme car les propos de cheikh Chaabane peuvent facilement être assimilés à une incitation aux dissensions confessionnelles. On ne peut cependant pas beaucoup s’étonner de cette passivité étatique: après tout, quand M. Berry lui-même avait lancé des accusations en l’air personne n’avait songé à lui en demander raison...».

En réalité, l’amertume de cet opposant n’est pas tout à fait fondée: des députés font savoir qu’ils ont l’intention de soulever la question de la récente escalade verbale des intégristes (cheikh Toufayli à Baalbeck s’est de son côté répandu en menaces au sujet de l’éventuelle ouverture du dossier des attentats des années quatre-vingt) et de demander des mesures de rétorsion légale. De même des ministres, alarmés par l’apparition d’armes aux obsèques des trois suppliciés exécutés pour le meurtre de cheikh Halabi, avaient l’intention d’en parler en Conseil des ministres; on leur a fait valoir que cela n’en valait pas la peine, que c’était un incident passager, qu’on allait appréhender les éléments armés; mais ces responsables, constatant que la série de défis à l’autorité de la loi se poursuit impunément, laissent entendre qu’ils ne vont pas rester les bras croisés. A cette nuance près qu’ils vont sans doute solliciter auparavant l’avis des décideurs...

Ph.A-A.
«Décidément incorrigible, grogne cet opposant de l’Est, le gouvernement continue à traiter les Libanais de deux manières tout à fait contraires, l’une bonne et l’autre mauvaise, selon leur appartenance régionalo-communautaire. On applique la loi à la lettre, ou même de façon abusive comme on l’a vu pour les arrestations qui avaient suivi la fusillade de Tabarja,...