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Actualités - CHRONOLOGIE

Propos incendiaires de Chaabane contre le pouvoir Berry prend contact avec le chef du MUI pour l'interroger sur les raisons de sa diatribe

Les propos incendiaires tenus dimanche par le chef du Mouvement d’unification islamique, cheikh Saïd Chaabane, qui a tiré à boulets rouges sur l’Etat libanais, et notamment le président de la République, M. Elias Hraoui, ont suscité une vague de remous dans les milieux politiques. Le chef du Parlement, M. Nabih Berry, a pris contact hier avec le dignitaire religieux pour l’interroger sur les raisons qui l’ont poussé à adopter une position, qui peut, pour le moins qu’on puisse dire, être qualifiée de séditieuse, d’autant que cheikh Chaabane a critiqué en termes virulents les préparatifs de la visite du pape Jean-Paul II au Liban.
Cheikh Chaabane a prononcé son prêche à la mosquée «Al-Mansouri» en mémoire des trois assassins du chef des «Ahbache», cheikh Nizar Halabi exécutés le 23 mars dernier.

Selon des sources proches de M. Berry, le chef du MUI a expliqué que ses paroles ont été mal interprétées par les médias et notamment par la LBCI qui les avaient rapportées et qu’il souhaite la bienvenue à Sa Sainteté au pays des Cèdres. De mêmes sources, on apprend que le chef du Législatif devait lui demander de prendre contact avec la chaîne de télévision pour expliquer son point de vue. M. Berry aurait, d’autre part, pris contact avec la LBCI pour lui demander de retransmettre le prêche du cheikh dans son intégralité.
Mais le texte du sermon dont «L’Orient-Le Jour» a pu obtenir une copie ne peut prêter à aucune équivoque. Si cheikh Chaabane a exprimé de vives réserves au sujet de la visite du pape et des honneurs qui lui seront réservés, c’est pour pouvoir dire que «l’Etat préfère les étrangers à ses fils, toutes appartenances communautaires confondues». Cheikh Chaabane a tiré à boulets rouges contre l’Etat, appelant le président Hraoui à démissionner parce qu’il a signé l’arrêt de mort des trois assassins du chef des «Ahbache», cheikh Nizar Halabi, un Libanais, Ahmed el-Kasm, et deux Palestiniens: Mounir Abboud et Khaled Mohamed Hamed. Les trois avaient été pendus le 23 mars dernier.

«L’Etat a voulu nous terroriser en exécutant les trois. Il a pensé que les musulmans seront à l’avenir écrasés... mais il n’a pas su qu’il s’est condamné à mort», a-t-il estimé, soulignant que les trois «défendaient une cause» et que «l’Etat est l’instigateur du crime dans la mesure où c’est lui qui a créé les «Ahbache», qui en a fait ses agents et qui les a poussés à frapper la rue mahométane».

Le droit à la sécurité

Le chef du MUI a aussi accusé le chef de l’Etat de s’être «dépêché» de signer l’arrêt de mort des trois meurtriers avant la visite de Sa Sainteté «pour ne pas être obligé de les gracier par égard pour le pape, du moment qu’une grâce générale est accordée (aux criminels) dans tout pays qu’il visite». Il a reproché à l’Etat les mesures de sécurité envisagées pour la visite du souverain pontife les 10 et 11 mai prochains, «alors qu’il est du droit de la population de bénéficier également de la sécurité». Cheikh Chaabane a aussi attaqué le président Hraoui «parce qu’il ouvre les sept portes du palais de Baabda devant les étrangers et refuse de nous recevoir malgré nos appels et nos supplications: nous voulions seulement le conseiller et plaider notre cause. Le Liban nous importe à nous aussi».

«Nous sommes les fils de ce pays et nous sommes prioritaires», a-t-il ajouté avant d’annoncer qu’il compte célébrer la fête de l’Adha, vers le mi-avril sur l’emplacement de la Place des Martyrs où le souverain pontife doit célébrer la messe et qu’il envisage pour cela de demander l’autorisation de l’Etat. «Que le Pouvoir nous traite comme le pape. Nous n’exigeons pas davantage», a-t-il poursuivi.
Le chef du MUI a insisté à plusieurs reprises dans son sermon sur la vocation de l’islam, en tant que religion appelant essentiellement à «l’adoration de Dieu et à l’instauration d’une justice humaine». Il a toutefois accusé l’Etat d’aller à contre-courant de cette tendance et de servir les intérêts des Américains et des Israéliens «qui veulent assujettir les musulmans». Après avoir considéré que l’Etat «est responsable du projet de discorde qui se prépare», il a accusé le pouvoir de «vouloir faire du Liban une deuxième Algérie», estimant que «les effusions de sang (dans ce pays du Maghreb) ont eu lieu lorsque la volonté du peuple a été aliénée par l’Etat».
Cheikh Chaabane a déclaré que «depuis plus de sept ans», son Mouvement «tente d’appeler l’Etat et les «Ahbache» à la raison». «Nous ne voulons pas que certaines personnes se portent volontaires pour une action similaire à celle que les trois avaient entrepris», a-t-il dit en allusion à l’assassinat de cheikh Nizar Halabi. «Mais le criminel reste celui qui a amené les gens à désespérer de la justice de l’Etat. Le pouvoir n’a pas le droit d’agir de la sorte. Personnellement, si j’arrive à ce stade (de désespoir) je tuerai...».
Les propos incendiaires tenus dimanche par le chef du Mouvement d’unification islamique, cheikh Saïd Chaabane, qui a tiré à boulets rouges sur l’Etat libanais, et notamment le président de la République, M. Elias Hraoui, ont suscité une vague de remous dans les milieux politiques. Le chef du Parlement, M. Nabih Berry, a pris contact hier avec le dignitaire religieux pour...