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Actualités - ANALYSE

L'opposition fustige l'augmentation que les officiels voudraient se donner...

La galette des rois au printemps: la Chambre veut augmenter les traitements des députés, et généreuse, des ministres quand les fonctionnaires auront eu leur réajustement ascensionnel de salaires...
«C’est bien joli, remarque un opposant, mais comment concilier ces prodigalités, qui viennent se greffer sur les deux cents milliards de L.L. rajoutés au Budget par les députés, avec les impératifs d’austérité et de compression des dépenses dont se réclame le pouvoir. A juste titre d’ailleurs car le déficit du Trésor, nul ne l’ignore, frôle la cote d’alerte. Le gouvernement, qui doit en tout cas prendre l’initiative en la matière en élaborant un projet de loi, a l’air de vouloir se rendre complice des parlementaires. Il trahirait par là les promesses faites à la Banque mondiale, qui lui demande de se montrer plus économe des deniers publics et se lancerait dans des dépenses inconsidérées d’autant plus nuisibles qu’elles se feraient au détriment de vraies priorités. Car ce qu’on va octroyer aux ministres et aux députés sera naturellement pris à ce qu’on devrait donner, comme prestations, au travailleur libanais ordinaire. Ce qui serait d’autant plus durement ressenti qu’il est probable qu’en application de sa fameuse maxime «pas de dépense nouvelle sans nouvelle rentrée» M. Siniora ne tente de pressurer encore plus les contribuables pour assurer le financement de cette surcharge et faire en sorte que le déficit virtuel du Budget ne dépasse pas les 50%».

Le fait est que le projet d’auto-rectification des honoraires de ceux qui se proclament «serviteurs de la nation» semble des plus sérieux. Interrogé à ce sujet le président du Conseil M. Rafic Hariri a en effet estimé que les émoluments des ministres comme des députés lui semblent trop réduits pour couvrir ce qu’il appelle «les obligations sociales» de ces notabilités. Et encore moins, ajoute-t-il, «les services» qu’à son avis elles rendent aux citoyens. «Services» dont on se demande cependant ce qu’ils peuvent bien être «car on voit rarement, reprend l’opposant déjà cité, un ministre ou un député payer la note d’électricité des gens, déjà qu’ils ne paient pas la leur propre, comme MM. Elias Hraoui et Elie Hobeika leur en ont fait publiquement le reproche...»

La corruption

«De plus, poursuit cette source, combien y a-t-il de ministres et de députés qui ne soient pas riches et auxquels leurs émoluments ainsi que les primes qui vont de pair ne suffisent pas... combien y en a-t-il qui n’ont pas, parfois grâce à leurs fonctions, bien d’autres rentrées nettement plus juteuses, quand ils ne sont pas dotés grâce à leur profession de départ, médecine, droit, génie, commerce, entreprise ou bétonnage...»
«Peut-on oublier, poursuit cet opposant, la pourriture que la caste politique elle-même avoue et qui révulse une opinion publique que révolterait absolument dès lors toute gâterie que les politiciens s’octroieraient. Puis, répétons-le, quel peut bien être cet oiseau rare, ce pauvre hère qui aurait besoin d’un surplus mensuel d’un million de L.L. par exemple. Ce qui se traduirait pour le Trésor par une surdépense de quelque deux petits milliards de L.L. par an... pour laquelle on assommerait les gens avec un surenchérissement maximal des taxes ou impôts indirects pouvant rapporter aux services de M. Siniora des dizaines de milliards. On peut donc penser, ajoute cet opposant, que la sollicitude haririenne s’adresse en réalité bien plus au fisc, qui sortirait gagnant de l’affaire, qu’aux députés qui ne seraient alors qu’un prétexte de plus, aux côtés de fonctionnaires et de l’augmentation de leurs salaires pour laquelle M. Siniora veut faire flamber l’essence, si l’on peut dire... Le plus drôle c’est qu’on entend des politiciens affirmer qu’avant de payer leur augmentation aux fonctionnaires, il faut les épurer; et les fonctionnaires de répondre qu’avant de réformer l’Administration, il faut mettre un terme au clientélisme, en épurant les mœurs politiciennes, cause première selon eux de presque toute la corruption qui ronge si fort le corps de l’Etat. En fait les cinq petits millions que perçoit par mois un député et les six ou sept millions d’un ministre ne sont pas grand- chose mais il est évident que ce n’est pas un million de plus qui suffirait, si besoin il y avait, ce qui n’est pas le cas, à de très rares exceptions près ces «cas sociaux» pouvant être du reste traités à part par des dispositions spéciales du Bureau de la Chambre ou par la présidence du Conseil... Il est par contre assez inquiétant de voir qu’en règle générale un fonctionnaire de première catégorie (directeur général par exemple) ne touche pas plus de trois millions de L.L. par mois, élément qui contribue certainement à promouvoir la corruption dans l’Administration. L’effort à faire à ce niveau est donc justifiable, mais par contre quand il s’agit des politiciens, il est bon de rappeler que dans le principe ils ne sont pas élus pour en vivre. Bien que beaucoup d’entre eux aient dépensé de petites, ou même de grosses fortunes, pour décrocher un strapontin Place de l’Etoile. Ce qui paradoxalement permet de penser qu’ils ne comptent pas sur le million de plus envisagé par M. Hariri pour faire fructifier leur «investissement». Si l’on veut être juste, qu’on dise donc à l’opinion très clairement quelles sont les personnalités ministérielles ou parlementaires qui ont vraiment besoin de ce million de L.L., qu’on le leur donne donc, à eux et à eux seuls. Cela ne devrait probablement pas faire plus de dix millions par mois en tout...» conclut cette personnalité.

E.K.
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