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Actualités - CHRONOLOGIE

La procession archaïque de Nadim Karam à Prague... pour ce printemps (photo)

La «Procession archaïque» de Nadim Karam (ces «statues-personnages» en métal, naguère exposées à Sursock puis au Musée) va «défiler» sur les ponts Charles et Manes à Prague, du 12 mai au 2 juin. Ceci à l’occasion de la commémoration du Printemps de Prague, qui donne lieu depuis quelques années à l’un des plus importants festivals de musique classique en Europe. C’est la première fois que l’on aura vu cela, de mémoire de pragois...
«Quand j’ai organisé la première Procession Archaïque au Musée Sursock en 1994, l’ambassadeur tchèque, Petr Skalnik qui assistait à l’inauguration a été impressionné par ces personnages et m’a dit qu’un travail comme le mien devait passer à Prague», raconte Nadim Karam. La réflexion n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Trois mois plus tard, à l’occasion d’un voyage en Europe, Karam et son épouse font un crochet par la capitale tchèque. «J’ai été ébloui par cette ville», dit Nadim Karam, coupant court à tout pourquoi sur le choix de Prague. Un an plus tard, Karam et son Atelier «d’art-chitecture» Hap-Situs présentent au CCF les maquettes d’un projet fou: les «fil-de-fer» T-Race’s PCB-137 défilant sur les ponts Charles et Manes.
Nadim Karam est donc un architecte artiste. Sa production illustre et même exprime autant d’histoires qui sont aux antipodes de toute platitude. Elles sont pour lui, l’occasion de donner corps à une imagination débridée. Résultat: Kandinsky de passage à Prague sur son chemin vers Munich rencontre Kafka, le pragois. La rencontre entre ces deux monstres sacrés crée comme une aura qui se matérialise dans ces personnages bizarroïdes. Une entrevision surréaliste qui se déroule, nous fait croire Karam, sous les yeux émerveillés du peintre russe — lui inspirant la toile «Himmeblau» qu’il ne réalisera que 34 ans plus tard — et le regard ahuri de Kafka qui ne reconnaît plus les ponts centenaires de sa ville envahis par ces humanoïdes...

Bureaucratie

Sur le pont Charles, l’éléphant mobile observe d’un œil goguenard ses compagnons de voyage qui se baladent en face, sur le pont Manes. «En tout 23 éléments. En tôle perforée, les personnages d’une hauteur de 4,5 mètres et d’une largeur variant entre 2 et 8 mètres, pèsent une demie tonne chaque» indique Nadim Karam. A chaque exhibition, la procession comprend des personnages de base, tel le couple, le chat sauvage, le Sage, la girafe, le garçon et la fille; et des éléments inspirés de l’endroit où se produit la procession. A Prague, au garçon et à la fille... enchantés (référence à la flûte) viennent se mêler le Golem (fantôme de Prague) et d’autres créations inspirées des tours. Les créations de Karam sont des constructions en puzzle. «La conception et la mise en place des différents plans nous a demandé six bons mois. L’exécution, trois mois», ensuite, simulation sur ordinateur.
Comment arrive-t-on à exposer sur ces ponts célèbres de la vieille Europe? «Cela fait trois ans que je cours après les autorisations. Au moment de notre première visite à Prague, mon épouse et moi n’avions pas d’enfants. Aujourd’hui nous en avons deux». Et de souligner, après cette boutade, combien «les choses sont compliquées. La Municipalité de Prague nous autorise à utiliser les ponts gratuitement. Mais, il faut ensuite le feu vert de la présidence de la République et du Château de Prague (qui a vue sur les ponts); trois signatures du bureau du Patrimoine et l’accord du bureau technique des ponts et chaussées»... On imagine la galère.
Un pareil projet, on s’en doute, mobilise beaucoup de monde et un budget important. «Il nous manque encore une partie du budget, mais le projet poursuit son chemin grâce à la générosité des sponsors».
Une fois la tournée pragoise terminée, la procession reprendra son envol pour se poser dans le centre-ville de Beyrouth où elle s’établira jusqu’en l’an 2000...
Et après, qui vivra verra...

Aline GEMAYEL
La «Procession archaïque» de Nadim Karam (ces «statues-personnages» en métal, naguère exposées à Sursock puis au Musée) va «défiler» sur les ponts Charles et Manes à Prague, du 12 mai au 2 juin. Ceci à l’occasion de la commémoration du Printemps de Prague, qui donne lieu depuis quelques années à l’un des plus importants festivals de musique classique en Europe. C’est la...