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Actualités - REPORTAGE

A l'auditorium de l'UL - Sin El Fil Clavier et Alto, un duo de qualité (photo)

Elle est diplômée des Conservatoires de Berne et de Paris. Lui est Suisse et professe à Heidelberg. Présentés par le Kulturzentrum et le Conservatoire national à l’auditorium de l’U.L. à Sin el-Fil, Erika Kilcher, piano, et Jacques Mayencourt, alto, ont offert aux mélomanes libanais un programme raffiné. Au menu, J.S. Bach, J. Brahms, Marin Marais, P. Hindemith et Pablo de Sarasate.
Douce, fervente, rigoureuse et limpide est la première œuvre (une Gambensonate No. 2 en ré majeur de J.S. Bach) en quatre mouvements interprétée avec finesse et sensibilité. On retient surtout ici le rôle allouant aux coups d’archet de l’alto une atmosphère vibrante, ardente. Contemporain de Marin Marais et de Sainte-Colombe, virtuoses de la viole au XVIII siècle, d’Hervelois avec sa «plainte» a été un moment de recueillement tant la douleur, le chagrin et les blessures du cœur avaient des accents émouvants, narrés sur un ton d’une élégante mélancolie.
Plus vigoureuse, intense et véhémente est la sonate N.1 op. 120 de J. Brahms où les seuls mouvements d’«Allegro appassionato» et le «vivace» sont des instants de pur bonheur musical.
Après l’entracte, les «cinq danses d’autrefois» de Marin Marais ont apporté gaieté, douceur, en ramenant à nos mémoires les éblouissantes images, pleines de verdure et habitées de personnages solitaires et tourmentés, du film «Tous les matins du monde»... Diaphane, radieuse, parfois déchirante, cette musique retentissait avec éclat, de ce que la cour de Louis XIV a de plus «précieux», mais aussi d’une aristocratique élégance quoique ces «danses» parlent de la France profonde: la provençale, la musette, la matelote, la basque...
Changement de cap avec Paul Hindemith un des chefs de l’école contemporaine dont l’œuvre est liée aux bouleversements de notre siècle. Avec ses rythmes précipités, ses accords riches, ses thèmes variés, cette sonate fantaisie op. 11 No. 4 est certainement marquée par un lyrisme à panache qui ne laisse guère l’auditeur indifférent et pique même sa curiosité tant les éléments descriptifs restent délibérément flous tout en gardant un «aura» d’une extrême séduction...
Pour terminer ce récital où jamais la démonstration de bravoure n’était un prétexte à suggérer le talent des interprètes, le dernier morceau était réservé à Pablo de Sarasate qui justement était un violoniste virtuose qui affectionnait les grands effets sonores... Ibérique, chargée d’accords véhéments et «tapageurs», «La Playera» op. 23 No. 1 a soulevé l’enthousiasme du public avec ses trémolos sombres et tragiques...
Il y avait là toute la sensualité torride et la flamboyance d’une Espagne aux couleurs rouge sang... Nerveuse, cambrée, électrisée, cette œuvre tranchait dans son emportement et sa colère avec la tranquille sérénité de l’ensemble des partitions interprétées en toute quiétude. C’est ce qui s’appelle du piquant dans un bouquet aux senteurs sages...

Edgar DAVIDIAN
Elle est diplômée des Conservatoires de Berne et de Paris. Lui est Suisse et professe à Heidelberg. Présentés par le Kulturzentrum et le Conservatoire national à l’auditorium de l’U.L. à Sin el-Fil, Erika Kilcher, piano, et Jacques Mayencourt, alto, ont offert aux mélomanes libanais un programme raffiné. Au menu, J.S. Bach, J. Brahms, Marin Marais, P. Hindemith et Pablo de...