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Actualités - CHRONOLOGIE

Les secousses telluriques ont provoqué de nombreux dégâts mais n'ont pas fait de victimes 6h22 : un grondement sourd et la terre commence à trembler... (photos)

Beaucoup de dégâts (minimes certes) mais pas de victimes. C’est le premier bilan des deux tremblements de terre qui ont secoué hier le pays tôt le matin et dans l’après-midi. Les deux secousses ont eu lieu à 9 heures d’intervalle et provoqué un mouvement de panique parmi la population. L’épicentre des deux secousses, d’une magnitude 5 pour la première et 4.3 pour la deuxième sur l’échelle de Richter, a été localisé dans l’Iqlim el-Kharroub, sur la faille de Roum, une des ramifications de la célèbre faille de Yammouné et connue pour être la plus active.
Coïncidence ou phénomène qui peut être scientifiquement justifié? Au même mois de mars, un séisme, dont l’épicentre se situait également dans l’Iqlim el-Kharroub, avait fait des dizaines de morts, il y a exactement 41 ans. C’était le 16 mars 1956. L’ensemble de la population ne parlait que de cela dans la journée, les deux secousses telluriques ayant été fortement ressenties partout dans le pays. Du coup, le souvenir du 16 mars 1956 a resurgi dans les mémoires des personnes qui ont vécu ce triste événement de l’histoire libanaise et fait renaître les mêmes peurs. Résultat: la majorité des habitants des villages de l’Iqlim el-Kharroub, et notamment de Chéhim, ont passé la nuit dans les champs.
6h22: Un grondement sourd brise le silence de l’aube printanière. Les Libanais n’ont pas le temps de réaliser ce qui se passe. La terre tremble et le sol se dérobe sous les pieds de ceux qui sont déjà debout. On craint le pire. La secousse, de magnitude 5 sur l’échelle de Richter, durera sept secondes qui paraîtront pour tout le monde une éternité. Quelques secondes suffisantes toutefois pour provoquer des dégâts matériels: jusqu’en soirée, le bilan des dommages était toujours incomplet. On a toutefois appris que plusieurs immeubles ont eu leurs murs lézardés et leurs vitres brisées partout dans le pays mais essentiellement à Beyrouth et dans sa proche banlieue ainsi que dans tous les secteurs situés dans le périmètre de la faille de Roum (celle-ci traverse Chéhim, Jezzine et Damour et trouve son prolongement dans la mer). La première secousse a provoqué une légère cassure dans une colline située dans le village de Roum. Des dégâts ont été aussi enregistrés à l’intérieur des appartements, en raison de la chute de divers objets.

Effondrements en série

Des balcons et des murs d’enceinte se sont aussi effondrés notamment à Nabaa, Basta el-Tahta et dans la banlieue-sud. Un vieil immeuble inhabité s’est aussi effondré dans le quartier de Gemmayzé. La secousse a, semble-t-il, été ressentie beaucoup plus fortement dans le secteur de Badaro que dans le reste de la capitale. De nombreux immeubles de cette région sont construits en effet, sur des radiers, le quartier étant situé sur d’anciens marécages.

Lignes téléphoniques
interrompues

Les lignes téléphoniques ont été interrompues. Elles ont repris quelque temps plus tard, pour tomber de nouveau en panne à la suite de la deuxième secousse de magnitude 4.3 sur l’échelle de Richter. Celle-ci s’est produite à 15h21 et a également son épicentre dans l’Iqlim el-Kharroub. Entre-temps, une dizaine de petites répliques ont été enregistrées sur le sismographe de Bhannès. Le responsable du centre, M. Charles Tabet, a indiqué qu’il faut s’attendre aujourd’hui encore à une série de répliques de faible magnitude. Leur force varie entre 2.5 et 3.2 sur l’échelle de Richter.
Il a précisé que l’ épicentre des deux secousses se situe dans l’Iqlim el-Kharroub, à 233 km au sud de Bhannès. Il a toutefois indiqué que ce n’est que dans les prochaines heures qu’il pourra déterminer avec précision le foyer exact du tremblement de terre. Il doit pour cela, a-t-il expliqué à «L’Orient-Le Jour», obtenir les données recueillies par les centres sismiques internationaux. M. Tabet a rappelé que lorsque le 9 octobre dernier, un séisme de force 6 s’était produit à Chypre, à 300 kilomètres de Bhannès, les répliques se sont poursuivies un mois durant. Cinq cents avaient été enregistrées sur l’île et 350 environ au Liban, selon ses explications. M. Tabet a qualifié les deux principales secousses d’hier de «modérées» et rappelle que leur multiplication contribue à faire évacuer l’énergie qui s’est accumulée sous l’écorce terrestre. «Nous espérons qu’au cas où elles se produiraient de nouveau, les secousses soient faibles», a-t-il ajouté.

Psychose

Les explications de M. Tabet ont été diffusées sur toutes les radios ainsi que sur la chaîne de télévision nationale. Mais il fallait beaucoup plus pour rassurer une population littéralement terrorisée. Ceux qui ne se sont pas tenus dans l’embrasure des portes, ou ne se sont pas réfugiés sous les lits ou les tables, sont descendus en pantoufles et pyjamas, le matin dans les rues. Dans l’esprit des gens, un tremblement de terre est toujours suivi d’un autre. Qu’il soit plus ou moins fort n’est pas important. C’est la répétition qui compte. La secousse de l’après-midi devait les conforter dans leurs craintes et pousser certaines familles à prendre leurs précautions pour la nuit. Certains ont dit ne pas vouloir mettre leurs pyjamas pour la nuit et affirmé avoir l’intention de préparer de petites valises. Au cas où... Les conversations portent toutes sur le double séisme, le comportement à adopter dans ce genre de catastrophe, les prophéties et les explications des spécialistes, traduisant ainsi l’inquiétude d’une population que rien ne semblait pouvoir rassurer hier. Pour plusieurs personnes, la succession des secousses telluriques depuis septembre dernier n’augure rien de bon.

On dort dans les
champs de Chéhim

La psychose a atteint son paroxysme — et c’est tout à fait compréhensible — dans l’Iqlim el-Kharroub où les habitants de plusieurs villages ont déserté leurs demeures et trouvé refuge dans les champs. La deuxième secousse a eu pour effet de les convaincre de la nécessité de passer la nuit dans la nature. Munis de matelas, de provisions et de vêtements chauds, ils ont pris leurs voitures le plus loin possible du secteur où ils croient que la faille de Roum est située. Les plus hardis ont décidé de rester chez eux, mais en prenant soin de garder les fenêtres ouvertes et en installant leurs matelas le plus près des portes d’entrée.
Et, comme si les gens n’étaient pas suffisamment effrayés, certains médias n’ont trouvé mieux que d’annoncer l’imminence d’un troisième tremblement de terre. D’autres ont expliqué les raisons pour lesquelles on s’attend à un fort séisme au Liban, en se fondant pour cela sur les diverses hypothèses avancées par les spécialistes, qui s’accordent, paradoxalement, à préciser qu’un tremblement de terre ne peut pas être prévu à l’avance. Et d’insister dans le même temps sur l’attitude à prendre durant un séisme: s’éloigner des vitres, se réfugier dans l’embrasure d’une porte, sous une table solide ou sous un lit, éviter de se déplacer pendant que la terre tremble, éviter de prendre l’ascenseur et de se réfugier sur les plages parce qu’une secousse de force 6 en mer peut provoquer un «Tsunami», une sorte d’immense vague pouvant atteindre les 15 mètres de haut et dont la vitesse peut aller jusqu’à 800 kilomètres à l’heure, se rendre dans des endroits dégagés et s’éloigner des poteaux électriques... Dans les écoles, on s’est empressé dans la matinée de communiquer ces indications aux élèves, tout en croisant les doigts pour qu’ils n’aient pas à les appliquer.
Beaucoup de dégâts (minimes certes) mais pas de victimes. C’est le premier bilan des deux tremblements de terre qui ont secoué hier le pays tôt le matin et dans l’après-midi. Les deux secousses ont eu lieu à 9 heures d’intervalle et provoqué un mouvement de panique parmi la population. L’épicentre des deux secousses, d’une magnitude 5 pour la première et 4.3 pour la...