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Actualités - CHRONOLOGIE

Recevant Berry au troisième jour de sa visite en France De Charette : peut-on encore parler de processus de paix? Des municipales transparentes, souhaite Philippe Seguin (photo)




«Il n’y a qu’une seule voie pour la paix», c’est le respect des résolutions internationales et du principe de l’échange de la terre contre la paix. Ces propos fermes, visant principalement Israël, le ministre français des Affaires étrangères, Hervé de Charette, les a tenus hier devant le chef du Parlement Nabih Berry, au troisième et dernier jour de la visite officielle de ce dernier en France.

M. Berry, qui doit rentrer aujourd’hui jeudi à Beyrouth, a entamé hier ses contacts à Paris par un petit déjeuner de travail au Quai d’Orsay, avec M. de Charette. Etaient notamment présents les ambassadeurs de France à Beyrouth Jean-Pierre Lafon et du Liban à Paris Nabil Abi Assi, ainsi que les principaux collaborateurs du chef de la diplomatie française, en particulier le négociateur en charge du processus de paix, Jean-Claude Cousseran.
«Nous sommes inquiets de la dégradation des relations israélo-palestiniennes, et du blocage persistant des volets libanais et syriens dans les négociations avec Israël, a indiqué le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Jacques Rummelhardt, après cet entretien.
«La France considère qu’il est urgent de reprendre les négociations» sur ces deux volets, a-t-il ajouté, soulignant que Jean-Claude Cousseran s’était entretenu une nouvelle fois mardi à Damas avec le président syrien Hafez el-Assad.
M. Cousseran, qui est directeur d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient au Quai d’Orsay, s’était déjà rendu il y a quelques semaines à Damas où il avait été reçu par M. el-Assad.
Pour sa part, abordant à l’issue du petit déjeuner les difficultés actuelles du processus de paix, M. de Charette a déclaré: «En fait, je ne sais pas très bien si l’on peut parler encore de processus de paix. Le fait est que l’aggravation des tensions et les décisions prises donnent le sentiment que ce processus est aujourd’hui en grave difficulté».
«Il va de soi que les Libanais en sont directement concernés puisqu’aussi bien, le Liban-Sud constitue pour tous les Libanais, pour tous les amis du peuple libanais et en particulier pour la France, et pour la communauté internationale, un grave sujet de préoccupation», a-t-il ajouté.
«Nous avons partagé nos vues, constaté une fois de plus qu’elles étaient extrêmement proches et le président Nabih Berry sait bien que la France attache une très grande importance à l’intégrité territoriale et à l’indépendance du Liban», a-t-il dit.
«Nous travaillons la main dans la main pour parvenir à la solution de ces difficultés et nous échangeons nos préoccupations au sujet de la situation actuelle. Nous avons exprimé à cet égard des vues, des convictions et l’intention de travailler ensemble pour essayer de faire en sorte que le processus de paix reprenne sa route car, je le répète, il n’y a pas plusieurs voies pour la paix, il n’y en a qu’une, c’est le respect des résolutions du Conseil de Sécurité, le respect des accords déjà passés, l’échange de la terre contre la paix», a encore dit M. de Charette.
Selon lui, «tout cela est d’une extrême simplicité et tout ce qui cherche à échapper à la logique de la paix ne peut que conduire à l’aggravation de la tension que nous constatons aujourd’hui».
«Il y aura, le jour venu, la paix, l’indépendance, la prospérité du Liban, c’est cela qui est en route. Simplement, quand il y a un obstacle sur la route, il faut s’en occuper, il faut être là pour lever cet obstacle et permettre au peuple libanais de construire sa propre voie», a-t-il souligné.
Selon des sources de la délégation qui accompagne M. Berry, citées par l’Agence nationale d’information (ANI), le chef du Législatif a souligné lors du petit déjeuner à l’adresse de M. de Charette «l’opportunité pour la France de profiter de trois données de base dans son action destinée à débloquer le processus de paix». Ces données sont, selon lui, «l’unité des Libanais qui s’est manifestée à différentes occasions, et notamment après l’opération d’avril (1996), la concomitance de volets (de négociation) syrien et libanais et la position du Liban en faveur de la résistance jusqu’à la libération» du Liban-Sud.
Selon ces mêmes sources, M. Berry a en outre évoqué avec le chef de la diplomatie française la question des élections municipales au Liban, prévues en juin prochain, et lui a affirmé que le Parlement libanais veillerait à ce que ce scrutin se déroule «dans un climat de liberté et d’honnêteté» et qu’il puisse «refléter la vraie position des Libanais et leurs orientations».

A l’hôtel de Lassay

M. Berry et sa délégation ont par la suite été reçus par le président de l’Assemblée nationale Philippe Séguin à l’hôtel de Lassay (résidence des présidents de la Chambre), pour un entretien d’une demi-heure suivi d’un déjeuner.
A cette occasion, M. Séguin a souligné, dans une allocution, que pour que la paix s’installe au Proche-Orient «il est indispensable que le processus de réconciliation, malheureusement enrayé, entre Israéliens et Palestiniens, puisse reprendre sa marche».
M. Séguin a rappelé que le président Jacques Chirac avait déclaré lors de son dernier passage à Beyrouth que «la France se tiendra présente, à chaque pas, aux côtés du Liban, quand devront se négocier les contours d’une paix globale». Il a affirmé qu’il n’existait pour les Français «aucune autre alternative à l’application de la résolution 425 dans le cadre d’un accord global» et que «cet objectif recueillait l’appui unanime de la représentation nationale» française.
M. Séguin a souligné le «caractère exceptionnel» des relations entre le Liban et la France et souhaité un «renforcement des échanges et de la coopération» entre les deux Assemblées parlementaires.
Evoquant les prochaines municipales au Liban, M. Séguin a déclaré: «Alors que les législatives de l’été dernier ont permis d’assurer le renouvellement de la Chambre des députés dans un réel esprit de pluralisme, et avec une participation substantielle, très supérieure à celle de 1992, une nouvelle échéance électorale se profile à l’horizon».
Selon lui, «ces premières élections locales depuis 1963 peuvent contribuer à parfaire la réconciliation entre tous les Libanais et enraciner définitivement le retour du Liban à une vraie normalité dans le fonctionnement de ses institutions».
«Tout sera dès lors en place pour que le Liban recouvre enfin cet immense rayonnement qui fut le sien jusqu’au terrible conflit dont il a été victime», a-t-il dit.
«Nous formulons le vœu que ces élections puissent se dérouler dans un climat de confiance et de transparence, profitant de l’expérience déjà acquise en 1996, et participent ainsi au rapprochement nécessaire entre les citoyens et les élus qui les représentent car pour vous, comme pour nous, c’est là un facteur essentiel de la cohésion nationale», a-t-il conclu.
Prenant la parole à son tour, M. Berry a réitéré la position officielle du Liban à l’égard du processus de paix et du conflit avec Israël, appelant notamment «le monde libre à maintenir la crédibilité de la communauté internationale en cessant de traiter Israël comme une exception à laquelle ne s’appliquent pas les résolutions de l’ONU».
Evoquant la situation intérieure au Liban, il a assuré que la confiance des Libanais dans leur Etat allait «grandissant».
M. Berry a en outre estimé que le Liban et la France avaient «un rôle essentiel à jouer» dans l’édification du partenariat euro-méditerranéen.
Par ailleurs, le chef du Législatif a rencontré le président du Sénat français René Monory, qui lui a donné des explications sur le rôle de cette institution, ainsi que le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale Laurent Fabius, à qui il a transmis une invitation à visiter le Liban.
Il a également été reçu par le président du groupe RPR au palais Bourbon Michel Péricard. Ce dernier a déclaré à la suite de l’entretien que son groupe soutenait la politique du président Jacques Chirac visant à «permettre au Liban de se reconstruire, de recouvrer son entière liberté et de renforcer la démocratie en son sein, ainsi que de se libérer de toutes les tutelles en collaboration avec la France et l’Union européenne».

Communiqué du RPL

Par ailleurs, dans un communiqué faxé de Paris, le Rassemblement pour le Liban, proche du général Michel Aoun, affirme «apprécier l’intérêt que porte la France au Liban à l’occasion de la visite officielle du président du Parlement libanais Nabih Berry». «Cette visite est l’occasion pour le RPL de rappeler que le Liban continue à subir la double occupation israélo-syrienne qui perdure depuis maintenant 19 ans. Et le peuple libanais continue à voir sa liberté muselée et sa dignité bafouée à cause des agissements du pouvoir en place dont M. Berry est l’un des ténors. Ce pouvoir, installé et appuyé par la Syrie, porte atteinte quotidiennement aux principes fondamentaux des droits de l’homme et supprime volontairement les libertés publiques et la démocratie, ce qui est aux antipodes des valeurs universelles prônées par la France», ajoute le communiqué.
«Ceci doit faire réfléchir les gouvernants de la France sur la juste politique vis-à-vis du Liban. En effet, toute action ne prenant pas en compte les aspirations du peuple libanais sera vouée à l’échec», selon le texte, qui souligne que «l’amitié entre les gouvernants ne peut pas être plus profonde que celle des deux peuples».
Le RPL appelle la France à «agir pour rétablir la souveraineté et l’indépendance du Liban en œuvrant pour le retrait des armées d’occupation syrienne et israélienne et à ne pas cautionner un régime antidémocratique et totalitaire».
Enfin, le RPL affirme que «des parlementaires français ont refusé (mardi) d’applaudir la présence de Berry dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale et ont quitté leurs bancs en signe de protestation», et salue «leur courage».
«Il n’y a qu’une seule voie pour la paix», c’est le respect des résolutions internationales et du principe de l’échange de la terre contre la paix. Ces propos fermes, visant principalement Israël, le ministre français des Affaires étrangères, Hervé de Charette, les a tenus hier devant le chef du Parlement Nabih Berry, au troisième et dernier jour de la visite...