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Actualités - CHRONOLOGIE

Gabriel Yared, où comment l'oscar vient au Liban (photo)

Suprême couronnement pour le compositeur d’origine libanaise Gabriel Yared, qui a obtenu l’Oscar de la meilleure musique de film dans la catégorie film dramatique pour «The English Patient» .
Après le César en 93 (pour «L’Amant» de Jean-Jacques Annaud), quatre victoires de la musique (1985, 86, 90 et 93) et le «Golden Globe» dernièrement, cet Oscar vient consacrer le talent de ce musicien qui marche sur les traces de Maurice Jarre et de Michel Legrand (trois Oscars chacun).
«Je suis très reconnaissant envers l’Académie des Oscars et je suis très honoré d’être ici», a déclaré Yared, auteur par ailleurs de musiques de ballet, en recevant son Oscar, qu’il a dédié à sa femme.
Né à Beyrouth en 1949, Gabriel Yared s’installa à Paris en 1970 pour y suivre les cours d’Henry Dutilleux à l’Ecole normale de musique. Dans les années 70, il composa, orchestra et arrangea des morceaux, notamment pour Johnny Halliday, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud, Enrico Macias, Sylvie Vartan, Michel Jonasz et Françoise Hardy. «J’en ai eu assez de servir des mélodies qui ne me convenaient pas», racontait-il en 1989, avant d’ajouter: «j’avais 28 ans et j’étais l’arrangeur le plus demandé, le plus cher, mais je me suis rendu compte que je ne faisais que de l’argent».
C’est en tant que compositeur de musiques de film («Sauve qui peut la vie», «La diagonale du fou», «Malevil», «3702 le matin», «Camille Claudel»...) qu’il connut la notoriété. En 1984, il se vit attribuer le prix de la Société des auteurs, compositeurs, éditeurs de musiques (SACEM) et du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) pour les musiques de «Hanna K» et de «La lune dans le caniveau».
Il estimait à ce propos qu’il «ne faut jamais mettre de musique sous les dialogues. Il y a un rapport cannibale entre l’image et la musique. Stravinsky appelait d’ailleurs ce type de musique du papier peint».

Prolifique

Assailli de messages sur Internet, le compositeur libanais ne cache pas son bonheur. «J’ai pris un plaisir fou à travailler sur ce film, raconte-t-il, volubile. C’était une véritable histoire d’amour, non seulement à l’écran, mais dans l’équipe. Je me suis bien entendu avec Anthony Minghella, le réalisateur. C’est un ancien professeur de lettres, très cultivé, qui passeson temps à déchiffrer Bach. On s’était déjà testés l’un l’autre avec une publicité en Angleterre pour des téléphones mobiles. Il a fait passer un sens éthique et esthétique exigeant dans le film. Jamais, peut-être, je ne suis allé si loin...»
Bouillonnant, Gabriel Yared? A quarante-sept ans, ce créateur prolifique — à qui l’on doit des centaines de chansons et musiques de films, mais aussi des jingles et des publicités — a l’art de vous communiquer sa passion pour la musique. «Plus on la fréquente, plus elle vous donne».
Une passion qui lui est venue à Beyrouth, alors qu’il était étudiant en droit. «Je m’étais procuré une clé pour aller jouer sur l’orgue à tuyaux de l’Université Saint-Joseph. Autodidacte, je me suis mis à avaler des mélodies avec boulimie».
Depuis deux ans, Gabriel Yared vit en Bretagne, à l’Ile-aux-Moines, avec sa femme, pianiste classique elle aussi, et leurs trois enfants». «J’ai suivi le conseil de Schumann, qui disait aux jeunes compositeurs: «Promenez-vous assidûment». «J’ai besoin de ce recul pour trouver l’inspiration. Je ne suis pas un homme d’images, mais je ne crois pas desservir le cinéma en ne le fréquentant pas beaucoup!»

L’interview à
Radio-Liban

A Najwa Aboulhosn et David Rochier de Radio-Liban (FM 96.2), Yared a accordé l’interview suivante qui sera diffusée aujourd’hui à 12h20 et à 18h.:
Q.: — Qu’est-ce que ça vous fait d’avoir reçu cette récompense?
R.: — Je m’étais déjà exercé. J’ai reçu, il y a un mois, le golden Globe après l’International Press academy, qui sont tous les deux des récompenses préparant aux oscars. C’est une grande satisfaction, un grand bonheur d’avoir composé une belle musique, que les gens aient pu la ressentir et l’aimer, pour un film que je trouve formidable.
Q.: — Pour vous, est-il important qu’on reconnaisse votre musique?
R.: — C’est important après 46 films. J’aimerais bien que les gens prêtent l’oreille de temps en temps. Il semble que, dans le cas précis du film «The English patient», il y a eu vraiment une place pour la musique. Les gens l’ont bien entendu. je suis très heureux, fou de joie. Je suis sur un nuage.
Q .: — Et l’ambiance à Hollywood?
R.: — C’est de la folie. Je ne peux pas vous la décrire. Tout se passe à l’américaine. les grosses limousines, le tapis rouge. Une fois sorti, on est envahi par les journalistes, les cameramen et les photographes. Jamais je n’ai vu ça de ma vie. Et puis toutes les stars qui sont là. Madonna, Barbra Streisand, Mel Gibson, Al Pacino.
Q.: Qui vous a le plus impressionné?
R.: Bizarrement, j’ai rencontré un jeune acteur qui vient de remporter le prix du meilleur acteur qui s’appelle Jeffry Hoch qui a joué dans le film «Shine». Ça me fait grand plaisir de voir de nouveaux venus récompensés.
Q.: Et Juliette Binoche?
R.: J’ai été très content pour Juliette Binoche. Elle a été très émue d’avoir eu cet oscar. Elle aurait préféré, dit-elle, que ce soit Lauren Bacal qui n’a jamais eu d’oscars.
Q.: Comptez-vous rentrer de sitôt au Liban?
R.: Les propositions pleuvent du côté américain. Je dois choisir avec beaucoup de soin ma prochaine collaboration. Dans l’immédiat, je n’envisage pas de rentrer. Je viendrai probablement voir ma famille en fin d’année.
Q.: De quoi peut-on rêver après un oscar?
R.: C’est la meilleure récompense qui puisse exister en matière de musique de film. L’avantage d’une telle récompense est qu’elle vous donne plus de moyens. Les offres de travail qu’on vous fait sont plus intéressantes sur le plan des choix. Je pourrais dorénavant choisir mes films et les gens avec lesquels je vais collaborer pendant quatre à cinq mois. Tout d’un coup, on est adulé, respecté.
Q.: Ce sera donc de la musique pour la musique. Pas forcément pour le cinéma...
R.: Pas forcément, mais je continue à travailler pour le cinéma. J’ai des projets. Je travaille aussi pour des chorégraphes. J’ai envie d’écrire de la musique pour moi. J’ai envie d’avoir un groupe de tournées avec un petit ensemble instrumental.
Suprême couronnement pour le compositeur d’origine libanaise Gabriel Yared, qui a obtenu l’Oscar de la meilleure musique de film dans la catégorie film dramatique pour «The English Patient» .Après le César en 93 (pour «L’Amant» de Jean-Jacques Annaud), quatre victoires de la musique (1985, 86, 90 et 93) et le «Golden Globe» dernièrement, cet Oscar vient consacrer le...