Sixième journée de colère en Cisjordanie (photo)

Vingt-deux Palestiniens ont été blessés par des balles en caoutchouc tirées hier par l’armée israélienne en Cisjordanie contre des manifestants qui jetaient des pierres, encouragés même en cela par les dirigeants du Fateh, la principale composante modérée palestinienne.
Des centaines de Palestiniens ont bombardé de pierres les soldats, pour le sixième jour consécutif, afin d’exprimer leur colère contre la construction d’une nouvelle colonie juive par Israël à Jérusalem-Est. L’armée a riposté avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.
Au moins 20 Palestiniens ont été blessés par les balles en caoutchouc et un soldat a été blessé par une pierre, lors de heurts devant le «tombeau de Rachel», un lieu saint juif de Bethléem. La police palestinienne était présente mais n’est pas intervenue.
Deux autres Palestiniens ont été blessés à Hébron par des balles en caoutchouc. Plusieurs dizaines de manifestants avaient commencé à jeter des pierres sur des soldats gardant l’enclave juive dans cette ville. La police palestinienne est intervenue après une heure d’affrontements et a dispersé les manifestants, au moins temporairement.
Les Palestiniens protestent depuis la semaine dernière contre la mise en chantier par Israël, le 18 mars, d’une colonie juive de 6.500 logements à la limite entre Bethléem et Jérusalem-Est.
Un membre du Fateh de Yasser Arafat a déclenché la fureur des colons juifs en brandissant la menace d’un recours aux armes lors d’une interview à la radio publique israélienne.
«La direction palestinienne a beaucoup d’armes et beaucoup de pierres», a affirmé M. Bassem Saëh.
«Si nous ne réalisons pas nos droits avec des pierres, nous recourrons aux armes», a ajouté M. Saëh. Il a cependant nuancé sa déclaration en ajoutant: «Nous ne menaçons pas le peuple israélien, nous voulons vivre ensemble (...). Le gouvernement israélien doit cesser de construire (de nouvelles colonies) et revenir au processus de paix. Nous ne voulons pas de violences».
Dimanche, des dirigeants du Fateh en Cisjordanie ont appelé la population à «confronter les colonies et les colons par tous les moyens légitimes». M. Marouane Barghouti, secrétaire général du Fateh en Cisjordanie, a expliqué que la colère grandissait parmi ses troupes.
«Il y a une forte tendance parmi les militants du Fateh à reprendre la résistance dans les zones qui sont restées sous occupation en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est», a-t-il dit.
«Nous ne voyons pas pourquoi nous devrions poursuivre les négociations. Ce qu’il nous faut pour le moment, c’est de renforcer la coordination avec toutes les autres formations (palestiniennes), notamment le Hamas», a ajouté M. Barghouti.
Selon M. Barghouti, «pour que le processus de paix puisse continuer, il faut (qu’Israël) s’engage à appliquer les conditions du processus, et d’abord en cessant les activités de colonisation».
Les dirigeants des colons juifs ont considéré ces déclarations comme un appel à un réveil de l’intifada, le soulèvement palestinien contre l’occupation mené de 1987 à 1993.
«C’est un appel au meurtre contre des citoyens israéliens», s’est exclamé Ron Nahman, le maire de la colonie d’Ariel en Cisjordanie. «Si les Arabes jugent utile de relancer l’intifada et d’appeler au meurtre de résidents israéliens en Cisjordanie, ils doivent comprendre que cela peut être réciproque», a-t-il averti en brandissant la menace d’une «intifada des juifs».
(AFP - Reuter)