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Actualités - ANALYSE

Provocations israéliennes, pusillanimité arabe et partialité US...

A Beyrouth, un officiel amer autant qu’inquiet souligne «combien le dernier cycle de violence était prévisible, combien de mises en garde avaient été vainement lancées pour le prévenir. Qui sème le vent récolte la tempête. C’est très exactement ce qui est en train d’arriver à Netanyahu. Personne n’a été surpris par le geste dément du soldat jordanien fauchant sept adolescentes israéliennes ni par l’attentat-suicide qui a fait quatre victimes à Tel-Aviv. Le chef du gouvernement israélien a en effet trop fait monter les enchères, trop défié les Palestiniens, les Arabes et l’opinion mondiale par sa politique de colonisation, de judaïsation de Jérusalem, ainsi que par son refus de restituer les territoires occupés».
«Il faut dire aussi, poursuit ce responsable libanais, que les réactions excessivement timides, désordonnées et divisées des Arabes face aux provocations de Netanyahu sont un appel d’air à la violence «palliative» si l’on peut dire des masses. Une forme de riposte stimulée également par le laxisme, voire par le parti pris flagrant du soi-disant parrain américain de la paix qui au lieu d’être le premier à réprimer la flagrante agression israélienne contre son propre processus, trouve le moyen d’opposer à deux reprises son veto à une résolution de l’ONU condamnant l’Etat hébreu».
«Comment veut-on que, dans de telles conditions, les populations arabes ne soient pas révoltées jusqu’au désespoir, ne sentent pas en elles un tel désir de revanche qu’elles sont poussées au pire. Le geste du soldat jordanien, le hara-kiri du Palestinien prouvent suffisamment qu’on atteint la cote d’alerte à partir de laquelle tout peut devenir rapidement incontrôlable. Car il est évident que la série peut se poursuivre et s’aggraver. D’autant que les Israéliens ne font qu’envenimer les choses quand ils imputent à tour de rôle la responsabilité au roi Hussein et à Yasser Arafat. Le premier a habilement amorti le choc en fustigeant avec la dernière fermeté le geste criminel du soldat jordanien, en changeant aussitôt de gouvernement et en rendant une visite de condoléances aux parents des victimes. Mais pour Arafat c’est beaucoup plus difficile: les attentats ne sont pas le fait d’individus isolés, mais d’organisations intégristes connues, qu’on lui demande de neutraliser, ce dont il n’a pas vraiment les moyens. Car ces formations ont beaucoup d’adhérents, notamment parmi les jeunes, et elles sont apparemment bien soutenues sur le plan financier et logistique. Il peut en jeter quelques cadres en prison, mais il ne peut rien contre des militants qui vont jusqu’au sacrifice de leur vie pour faire réussir un attentat. C’est là une réalité élémentaire que même Clinton reconnaît, mais qui n’empêche pas les Israéliens de mettre Arafat (et partant les accords d’Oslo) au pied du mur. En oubliant que lorsque Baruch Goldstein avait massacré 29 croyants en prière dans la mosquée du tombeau d’Abraham, ils s’étaient eux-mêmes contentés de vagues excuses verbales, en permettant par la suite aux intégristes israélites de transformer en lieu de culte la tombe de cet assassin. Cela pour rappeler que la violence, quand les repères — dont les principes de Madrid — se perdent, n’est jamais à sens unique. Les nuages ne cessent donc de s’amonceler et en torpillant délibérément la paix Netanyahu reste de très loin le premier responsable des menaces qui pèsent sur la région. Et qui sont encore aggravées par le blocage américain imposé au Conseil de Sécurité de l’ONU au sujet, capital, de Jérusalem. Comble d’ironie ou de tranquille cynisme, les Etats-Unis multiplient les appels au calme, comme si tout ce que faisait Netanyahu n’était que péché véniel, n’avait aucune importance, ne méritait aucune réaction en flèche... Qui pis est, conclut cet officiel, les USA ne font toujours pas mine de bouger sérieusement pour sauver le processus de paix, alors même que seul un effort de leur part peut empêcher l’explosion ou pour endiguer la violence en cours».

E.K.
A Beyrouth, un officiel amer autant qu’inquiet souligne «combien le dernier cycle de violence était prévisible, combien de mises en garde avaient été vainement lancées pour le prévenir. Qui sème le vent récolte la tempête. C’est très exactement ce qui est en train d’arriver à Netanyahu. Personne n’a été surpris par le geste dément du soldat jordanien fauchant...