Répondant aux vifs reproches que lui avait adressés le monarque Netanyahu à Hussein : j'ai hérité d'un processus qui échouait

«Les Palestiniens ont l’impression d’avoir été humiliés» par la décision du gouvernement israélien de construire un nouveau quartier juif dans le secteur oriental annexé de Jérusalem, et de limiter le premier retrait de l’armée israélienne à 9% du territoire de Cisjordanie, a ajouté le roi.
«Vous ne pouvez pas être humilié sans réagir», a-t-il averti.
Selon le souverain jordanien, la nouvelle situation créée par les décisions israéliennes est «très dangereuse et intolérable».
Concernant Jérusalem, il a souligné la nécessité de maintenir «le statu quo (dans la ville) jusqu’aux négociations sur le statut final des territoires palestiniens», qui doivent en principe commencer ce mois-ci.
«Il existe de fortes chances que la violence éclate si les modifications (à Jérusalem), qui créent beaucoup de suspicion, de colère et d’angoisse, continuent», a-t-il dit.
Le roi Hussein, l’un des rares dirigeants arabes à avoir accordé un préjugé favorable à M. Netanyahu à la suite de son élection en mai 1996, a adressé dimanche un message au ton très dur au premier ministre israélien, l’accusant, dans cette missive, de «détruire le processus de paix».
Benjamin Netanyahu a repondu hier à la lettre du monarque hachémite, expliquant notamment, pour justifier sa politique, qu’il avait «hérité d’un processus de paix qui échouait», mais qu’il s’efforçait quand même de donner «un second souffle» au processus enclenché à Oslo.
Voici par ailleurs les principaux passages de la réponse du premier ministre israélien:
«Votre Majesté,
«J’ai lu votre lettre avec une profonde inquiétude, et je ne voudrais surtout pas susciter le doute et l’amertume chez vous. Mais votre connaissance des derniers événements vous permet de comprendre les difficultés du processus de paix qui ne sont pas le fait exclusif de mon gouvernement.
«Si un processus de paix actif et sérieux avait réellement existé en mai 1996, je n’aurais pas été élu. J’ai été élu précisément à cause des déceptions dues à la façon dont se déroulait ce processus.
«J’ai hérité d’un processus qui échouait. Le pays était secoué par la plus grave vague de terrorisme de son histoire. Des autobus sautaient au cœur de nos villes, et une guérilla meurtrière se déroulait au Liban.
«Pourtant, au lieu d’abandonner le processus d’Oslo, j’ai cherché à lui donner un second souffle, et j’ai pris des décisions difficiles tels le redéploiement à Hébron, la libération de prisonnière palestiniennes, dont des meurtrières d’Israéliens, la levée partielle du bouclage (des territoires palestiniens), et le transfert de fonds à l’Autorité palestinienne malgré les dettes accumulées par celle-ci envers Israël.
«Le processus d’Oslo a remis à la phase finale le règlement des problèmes les plus ardus avec les Palestiniens. Mais, les relations israélo-jordaniennes ne peuvent être otages des pourparlers israélo-palestiniens. Je ne comprends pas comment la construction de 2.500 logements réservés à des juifs et de 3.015 prévus pour les Arabes à l’intérieur des limites municipales de Jérusalem peut être considérée comme une nouvelle implantation.
«Je pense que mes succès obtenus en dépit de l’opposition d’une partie de mes propres sympathisants parlent d’eux-mêmes. Les deux parties doivent décider que le recours à la violence n’a plus de raison d’être».
M. Netanyahu a par ailleurs félicité le souverain hachémite pour son «courage» et sa «compréhension» (...) «C’est pourquoi je m’étonne de vos attaques personnelles. En tout état de cause, je m’efforce de ne pas glisser sur ce terrain. Il ne faut pas que les inéluctables difficultés du processus de paix débouchent sur l’extrémisme dans les relations entre les peuples».