Jérusalem-est : Washington tente de calmer le jeu Arafat totalement satisfait de l'attitude US et Netanyahu déterminé à construire un onzième quartier juif dans la Ville sainte (photo)

Malgré le désaveu public de Clinton et les «regrets» exprimés au nom de la France par Hervé de Charette (VOIR PAR AILLEURS), Benjamin Netanyahu, qui sera reçu aujourd’hui au Caire par le président Moubarak, a réaffirmé hier sa détermination à construire un onzième quartier juif à Jérusalem-Est, précisant même que les travaux commenceraient dans les jours qui viennent.
Mais malgré tout, le chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, qui poursuit sa visite aux Etats-Unis, a tenu à ne pas couper les ponts avec le premier ministre israélien. Netanyahu, a-t-il dit, reste «mon partenaire» malgré le «défi au processus de paix» qu’il a lancé en mettant en chantier 6.500 logements de colons sur une colline entre le quartier arabe de la Ville sainte et Bethléem.
Dans le même souci de calmer le jeu, les Etats-Unis ont annoncé hier que le débat du Conseil de Sécurité de l’ONU consacré à la nouvelle colonie dans la vieille ville avait été reporté de 24 heures à leur demande. Bill Richardson, représentant américain à l’ONU, a précisé que ce «court délai» serait «utile» afin que les membres du Conseil puissent entendre aujourd’hui le point de vue du leader palestinien avant de débattre de la question.
A ce propos, le chef de l’OLP s’est déclaré «totalement satisfait de la bonne volonté» manifestée par Clinton lors de leur entretien de la veille à la Maison-Blanche. «Je l’ai trouvé inquiet» de la décision israélienne, «je suis sûr qu’il s’efforcera avec toutes ses capacités de préserver le processus de paix», a précisé M. Arafat.
«Il n’y a rien de nouveau» dans les critiques américaines, déclarait en même temps de son côté, à Jérusalem, le premier ministre israélien.
«Nous nous y attendions. La réaction américaine est prudente et reflète simplement le fait que nous n’avons pas la même opinion sur Jérusalem», a déclaré le premier ministre. «Ce n’est pas nouveau, c’est comme ça depuis 1967», date de l’occupation et de l’annexion de la partie arabe de la ville par Israël.
«Les Américains comprennent bien notre politique, nous sommes déterminés à continuer à construire à Jérusalem, qui est notre capitale depuis 3.000 ans. Je ne serais pas influencé par telle ou telle opposition exprimée dans le monde», a affirmé M. Netanyahu, dans des interviews séparées à la radio publique et à la radio de l’armée.
Le premier ministre a indiqué que les travaux d’arpentage de la colline de Jebel Abou Ghneim (Har Homa), à la limite entre Jérusalem-Est et Bethléem, allaient commencer dans les trois jours à venir.
Il a souligné que le report sur son ordre des travaux, qui devaient initialement intervenir hier, était uniquement dû «à des raisons techniques et juridiques» et n’avait rien à voir avec sa visite prévue aujourd’hui au Caire.
«La loi israélienne prévoit en outre un délai de quinze jours entre le moment où un projet est enregistré au journal officiel et le lancement des travaux, or cet enregistrement a eu lieu dimanche», a expliqué M. Netanyahu.
«S’il n’y avait pas eu ces limitations juridiques, les bulldozers seraient déjà sur le terrain à Har Homa», a affirmé le premier ministre. «L’affaire des arpenteurs a été repoussée pour des raisons techniques d’un jour ou deux, trois maximum», a-t-il dit.
«Il ne fait aucun doute que les travaux commenceront et que nous irons de l’avant», a poursuivi le premier ministre.
Commentant l’entêtement du gouvernement israélien, M. Fayçal Husseini, dirigeant palestinien influent, a brandi hier le spectre d’une chute de l’Autorité palestinienne et d’une prise du pouvoir par les fondamentalistes islamistes.