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Actualités - CHRONOLOGIE

Tansu Ciller se démarque du premier ministre mais exclut de quitter la coalition gouvernementale Erbakan seul face aux militaires

Le premier ministre islamiste turc Necmettin Erbakan apparaissait totalement isolé hier face à l’exigence des militaires qu’il donne un coup d’arrêt au militantisme religieux, avec pour seul choix de s’y soumettre ou de se démettre.
M. Erbakan avait rejeté lundi les demandes des militaires, au risque de les pousser au coup de force, dans un pays qui a vécu trois putschs dans les quarante dernières années.
Son unique soutien possible, sa partenaire dans la coalition gouvernementale Tansu Ciller, ministre des Affaires étrangères et chef du Parti de la juste voie (DYP, droite), s’est démarquée de lui dans son bras de fer avec les militaires.
«Certains veulent politiser la religion et introduire la politique dans les mosquées. C’est une position erronée», a-t-elle déclaré, dans une apparente critique de M. Erbakan.
Mme Ciller a également reconnu la réalité d’une «recrudescence des activités réactionnaires» de la part des extrémistes islamistes en Turquie, tout en exonérant l’actuel gouvernement de toute responsabilité.
Elle a également exclu de se retirer de la coalition, déclarant à la presse: «Nous restons au gouvernement», à la suite d’une réunion au Parlement de son parti.
Pour leur part, les chefs de l’opposition de gauche, rencontrés lundi par M. Erbakan dans une apparente tentative d’obtenir leur aide face au diktat de l’armée auquel il refuse d’obéir au nom de la démocratie, lui ont conseillé de «digérer le fait que l’Etat est laïc, ou démissionner».
Le chef du parti de la mère patrie (Anap, droite), Mesut Yilmaz, qu’il devait rencontrer mercredi, a déjà indiqué qu’il lui donnerait le même conseil.
M. Erbakan a rencontré hier le général Ilhan Kilic, secrétaire général du Conseil national de sécurité (MGK), où siègent les hauts dirigeants civils et les cinq commandants en chef de l’armée.

Sanctions

C’est le MGK qui, à l’issue d’une réunion marathon de neuf heures vendredi dernier, a exigé du gouvernement 20 mesures sévères pour lutter contre les activités des fondamentalistes en Turquie, mesures que M. Erbakan refuse d’adopter.
Rien n’a filtré de cette rencontre mais selon une source bien informée, M. Erbakan n’aurait toujours pas signé cette liste de mesures.
Une déclaration du MGK, organe en principe consultatif mais dont les résolutions sont d’ordinaire suivies à la lettre, publiée après sa réunion de vendredi, déclarait que des «sanctions» seraient prises si les mesures demandées n’étaient pas prises.
La déclaration ne précisait pas quelles sanctions pourraient être prises mais les analystes politiques ont estimé qu’elles pourraient inclure une déposition de M. Erbakan par la force.
Le Parlement a refusé hier soir, par 272 voix contre 265, de mettre à son ordre du jour une motion de censure déposée par l’Anap de M. Yilmaz contre le gouvernement, concernant sa politique salariale.
Le Parti de la Prospérité (Refah) de M. Erbakan et le DYP de Mme Ciller, qui ensemble détiennent la majorité absolue (276 sièges sur 550) ont voté contre la motion.
Le premier ministre islamiste turc Necmettin Erbakan apparaissait totalement isolé hier face à l’exigence des militaires qu’il donne un coup d’arrêt au militantisme religieux, avec pour seul choix de s’y soumettre ou de se démettre.M. Erbakan avait rejeté lundi les demandes des militaires, au risque de les pousser au coup de force, dans un pays qui a vécu trois putschs...