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Actualités - ANALYSE

Une responsabilité qui circule très vite ... Peut-être en courant d'air


Tout aussi lamentables les uns que les autres, les couacs étatiques dans l’affaire des Japonais se succèdent à un rythme d’enfer, en se ressemblant furieusement.
Au niveau ministériel, on note pour commencer que les A.E., au lieu de s’offusquer de la «leçon constitutionnelle» qu’un fonctionnaire a prétendu leur donner en début de parcours, avaient balbutié des explications desquelles il ressort qu’elles avaient fait foi aux indications de Tokyo pour confirmer l’arrestation...
Mais en définitive les A.E. s’en tirent tout de même mieux que l’Intérieur ou que le Parquet qui avaient catégoriquement, pour leur part, démenti la capture. On se demande dès lors avec curiosité comment le ministre, M. Michel Murr, va réagir à l’encontre du service responsable de toutes les bavures (et de nombre d’autres antérieures, plus graves encore puisqu’elles avaient causé mort d’homme et arrestations arbitraires): Un service qui, tout en étant de police, n’est pas placé sous ses ordres mais sous ceux du président du Conseil M. Rafic Hariri, en voyage lors des faits... Les compétences, toutes catégories étatiques confondues, sont si admirables qu’hier encore (16 jours pleins après la rafle) on ne savait pas encore avec certitude s’il y avait trois ou six Nippons appréhendés, ni si Kozo Okamoto se trouvait parmi eux.
Comment M. Murr va-t-il à la fois gérer son initiative de couvrir les dénégations d’un service qui ne dépend pas de lui, le courroux que lui a causé le fait qu’il avait dû attendre dix jours avant d’être «informé» (leurré serait plus exact) par une note succincte du brigadier Nabih Farhat, et le démenti du démenti que lui inflige en fin de compte la triste réalité... Si M. Farès Boueiz a préféré diplomatiquement ne pas remettre à sa place un fonctionnaire qui semblait alors couvert par les décideurs, l’influent vice-président du Conseil va-t-il admettre les désagréments, le discrédit que lui cause le service de Sûreté de l’Etat? Va-t-il se taire, va-t-il encore une fois couvrir sinon pour raison d’Etat, du moins parce que les décideurs recommandent qu’on ne fasse pas trop de vagues, même s’il y va finalement de l’autorité, du crédit du Liban... A son niveau le procureur Adnan Addoum, victime du même rapport fantaisiste, est dans le même cas. Il se trouve même plus «bafoué» si l’on peut dire que le ministre de l’Intérieur, parce que, en principe, toutes les polices, quelle qu’en soit l’autorité de tutelle, restent organiquement liées au Parquet: lequel doit sinon en superviser l’action, du moins en suivre les moindres traces. Surtout quand il s’agit d’arrestations, les lois libanaises précisant que — sauf cas de flagrant délit — elles ne peuvent être opérées sans ordre ou mandat judiciaires.
Au-delà des considérations locales «il est assez évident, dit une personnalité informée, que tout s’est joué au niveau des pressions et contre-pressions de source étrangère, et c’est ce qui explique les contradictions mouvementées de ce dossier. Il y a eu de la part des Occidentaux et de Tokyo de trop forts» arguments sonnants et trébuchants» en rapport avec les engagements pris lors du forum des «Amis du Liban» tenu le 16 décembre à Washington. On a fait comprendre aux autorités libanaises que si elle se montraient insouciantes, négligentes dans ce dossier classé «top terrorisme», elles pourraient dire adieu veau, vache, cochon, couvée et faire leur deuil des quelque 3 milliards de dollars promis. Devant cet enjeu, bien d’autres amis, pour redoutables qu’ils paraissent, ne pèsent pas très lourd et l’on s’est senti pour une fois assez motivé pour leur expliquer de quoi il en retournait au juste et pourquoi, pour une fois, il leur fallait composer avec la volonté d’autres puissances extérieures...»
Une version qui «semble a priori peu plausible» à un loyaliste, qui affirme que «tout est entièrement imputable dans cette affaire aux bavures des services locaux, les autres parties n’étant intervenues ni dans un sens ni dans l’autre, sans quoi nul n’aurait songé à les défier».
Il paraît logique en effet que la réapparition (au sens figuré parce que concrètement on n’avait encore rien vu hier) des Japonais n’ait pu se faire sans un consentement, direct ou tacite, des décideurs. Et l’on revient là à la notion première de «cadeau» que ces derniers feraient au Mikado comme à Clinton, pour ne plus être sur la liste noire et pour prouver qu’ils veulent aller de l’avant sur la voie de la paix.

Ph.A-A.
Tout aussi lamentables les uns que les autres, les couacs étatiques dans l’affaire des Japonais se succèdent à un rythme d’enfer, en se ressemblant furieusement.Au niveau ministériel, on note pour commencer que les A.E., au lieu de s’offusquer de la «leçon constitutionnelle» qu’un fonctionnaire a prétendu leur donner en début de parcours, avaient balbutié des...