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Actualités - CHRONOLOGIE

Le premier ministre turc refuse de mettre un frein aux activités islamistes extrémistes Erbakan défie les militaires

Le premier ministre islamiste turc Necmettin Erbakan a défié hier les militaires au risque de les pousser au coup de force, en refusant d’appliquer les mesures qu’ils exigent pour mettre un frein aux activités islamistes extrémistes.
Lundi, il a catégoriquement rejeté les appels à la démission qui se multiplient, accusant «certaines puissances étrangères» et la presse d’être responsables de la crise actuelle.

«Je ne démissionnerai pas», a-t-il déclaré. Il a qualifié les affirmations selon lesquelles les militaires pourraient être amenés à recourir à la force «d’efforts pour déstabiliser le pays par certaines puissances étrangères qui ne veulent pas d’une Turquie forte».

Auparavant, dans une conférence de presse, M. Erbakan avait invoqué la démocratie pour justifier son attitude.

«Le gouvernement est formé par le Parlement, pas par le Conseil national de sécurité (MGK)». «La volonté du peuple est représentée par le Parlement et c’est de lui que doivent venir les résolutions», a-t-il dit.

«Tous les partis au Parlement sont d’avis que laïcité ne veut pas dire athéisme», a-t-il dit, utilisant l’argument habituel de son Parti de la prospérité (Refah) selon lequel les défenseurs les plus intransigeants de la laïcité de l’Etat imposée en 1923 par le fondateur de la République Mustafa Kemal Ataturk sont en fait des athées.
M. Erbakan a également estimé que le plan d’action exigé par les militaires équivalait à une atteinte aux droits de l’homme, autre élément constant de la rhétorique du Refah, selon lequel les limitations imposées au port de vêtements islamiques est une violation de ces droits.
«L’Etat ne peut pas attaquer les droits de l’homme en prenant prétexte de quelques cas sporadiques, cela ne peut pas être accepté», a-t-il dit.
«Le MGK ne peut pas exiger que le gouvernement adopte des lois, c’est un organe consultatif», a-t-il encore dit.
Le MGK, composé des plus hauts dirigeants civils et militaires de Turquie, est en effet un organe consultatif mais ses recommandations sont généralement suivies à la lettre.
Vendredi dernier, au cours d’une réunion marathon de neuf heures, il avait vivement critiqué M. Erbakan, à qui est reprochée une dérive fondamentaliste, et l’avait mis en demeure de prendre immédiatement des mesures contre l’expansion du militantisme islamique.
Une liste de 20 mesures exigées par le MGK avait été publiée dimanche par l’ensemble de la presse turque, comprenant l’interdiction de toute propagande pro-charia (loi coranique) sur les radios et télévisions islamistes, des restrictions plus strictes du port de vêtements religieux et des décisions pour empêcher les islamistes radicaux de s’infiltrer dans l’administration.
Les militaires, gardiens traditionnels de la laïcité des institutions, exigent également une stricte surveillance des organisations financières contrôlées par les confréries islamiques et un étroit contrôle des achats de fusils à pompe dont les ventes connaissent actuellement un boom, dû semble-t-il aux islamistes radicaux.
Ils veulent également la prévention des efforts attribués à l’Iran pour déstabiliser le régime turc.
Ces exigences viennent après une période de forte tension dans le pays, les prolaïcs ayant été rendus furieux par une série d’initiatives jugées provocatrices et contraires à la laïcité des institutions de la part du Refah.
Dans sa conférence de presse, M. Erbakan, qui s’était efforcé pendant le week-end de minimiser l’impact de la réunion du MGK, a affirmé n’avoir pas reçu le plan en 20 points dont la presse a fait état.
Le premier ministre islamiste turc Necmettin Erbakan a défié hier les militaires au risque de les pousser au coup de force, en refusant d’appliquer les mesures qu’ils exigent pour mettre un frein aux activités islamistes extrémistes.Lundi, il a catégoriquement rejeté les appels à la démission qui se multiplient, accusant «certaines puissances étrangères» et la presse...