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Actualités - ANALYSE

Une visite papale dont on attend presque... des miracles

C’est déjà l’effervescence dans les cercles présidentiels où, laissant à Murr le soin de se faire du souci pour les municipales de juin, on ne veut s’occuper que de la visite «historique» que le pape doit rendre au Liban en mai, mois marial, le 10 et le 11 plus exactement. «Tous les Libanais, serine un officiel qui n’est pourtant pas baptisé, réalisent l’importance capitale de cette visite et doivent se sentir fiers car le Saint-Père ne viendra qu’au Liban et n’ira pas ailleurs dans la région, pour riche qu’elle soit en Lieux saints du christianisme. Pour une fois nous ne sommes ni totalement négligés, ni même simplement inclus en complément de tournée officielle ou de travail au Proche-Orient. C’est nous et nous seuls qu’on vient voir».
C’est en effet méritoire car d’habitude les dirigeants libanais ne laissent personne se déranger et courent plus volontiers les capitales proches ou lointaines — aux frais de la princesse — qu’ils ne reçoivent à demeure.
«Il faut, reprend le responsable cité, applaudir déjà très fort Jean-Paul II. Car, comme la Curie en a informé la délégation qui accompagnait à Rome M. Rafic Hariri, le pape a refusé une pressante invitation particulière de Netanyahu. Ce dernier a insisté suggérant que Sa Sainteté fasse au moins un crochet officieux par Jérusalem après sa visite au Liban, mais le pape a dit non».
Pour ce dirigeant qui joue un peu les voyants, «la visite du Saint-Père va constituer l’événement le plus marquant de l’année 1997. Son impact va certainement dépasser les frontières de ce pays, pour donner un deuxième souffle à une opération de paix qui s’essouffle et pour promouvoir dans ce cadre le dossier libanais. Le poids du Vatican dans les affaires du monde, son autorité morale, son influence au sein de la communauté internationale sont des facteurs qui peuvent compter beaucoup quand le pape intervient en personne. Il est ainsi connu que Jean-Paul II, Carol Wojtyla, a joué un rôle essentiel dans la libération de son pays, la Pologne, de l’emprise communiste et partant, dans l’effritement de l’ancien bloc de l’Est. Il nous faut donc songer à exploiter au mieux, pour notre propre cause, pour la libération de notre Sud, sa présence à nos côtés».
Ce gouvernant souligne ensuite que «des parties malveillantes laissent entendre que la venue du pape servira principalement à consolider un certain statu quo qu’on qualifie de déséquilibré. Ce n’est évidemment pas du tout ni dans ce but ni dans un climat de stagnation qu’elle s’effectuera, puisque l’on ne parle aujourd’hui que de faire redémarrer le processus de paix régional, ce qui devrait nécessairement entraîner des changements de fond, partout».

La 425

«Le Vatican, poursuit cette source, a toujours soutenu le droit arabe et particulièrement le droit libanais, entendre la 425. Il n’y a pas de raison pour que la démarche du Saint-Père ne vienne pas appuyer les efforts déployés en vue de la libération du Sud et il est très probable qu’il en parlera dans son exorde papal, dans toutes ses interventions publiques, tous les sermons qu’il prononcera lors de son passage chez nous. Ceci étant, reconnaît cette source, il est également probable que le souverain pontife, tout en usant d’un langage choisi, saura rappeler les constantes qui lui tiennent à cœur quand il s’agit du Liban, à savoir la souveraineté, l’indépendance, l’autonomie de décision, l’intégrité d’un territoire exempté de toute présence étrangère. Mais, à part la question du Sud, l’essentiel de son discours tiendra dans un vibrant appel de concorde, de saine coexistence et d’entente nationale lancé aux Libanais. C’est ce qui nous importe et le Saint-Père sait que nous sommes prêts de notre côté à redoubler d’efforts pour ramener l’Est politique dans le giron de la République».
Mais c’est là une autre histoire et du reste, un peu trop tardive... En tout cas on attend visiblement beaucoup du côté loyaliste d’une visite papale qui ne va durer que 30 heures en tout... Ce qui offre l’avantage, toujours vu sous l’angle loyaliste, qu’il n’aura pas le temps de recevoir en audience privée les leaders de l’opposition.
A moins d’un changement de programme, ce qui est encore possible: une délégation vaticane est attendue à Beyrouth le 16 mars pour les derniers préparatifs de la visite. Qui devrait en principe se dérouler comme suit: arrivée samedi 10 mai à l’AIB à bord d’un appareil de l’Alitalia. Après le baiser traditionnel au sol, sur le tarmac, le souverain pontife sera accueilli par le chef de l’Etat entouré de tous les pôles de la République, des dignitaires religieux, des leaders, des personnalités de tous domaines... Puis direction Baabda où une grande réception de bienvenue sera donnée. Ensuite Bkerké et dîner ecclésiastique élargi, suivi d’une sorte de meeting populaire interne avec défilé de délégations. Fin de soirée à Harissa, siège de la Nonciature, à l’ombre de la Basilique mariale, où Jean-Paul II doit passer la nuit. Le lendemain dimanche, rencontre avec les jeunes au pied de la statue de la Sainte Vierge. Ensuite grand-messe solennelle Place des Canons, office au cours duquel sera prononcé l’exorde papal qui clôt le synode pour le Liban de 1995. Après quoi, retour à Rome sur les ailes de la MEA.
Un détail préoccupant et délicat reste à régler: la représentation de la communauté druze au niveau religieux pour la réception d’accueil à Baabda... On sait en effet que cheikh Bahjat Ghaith ne bénéficie pas en tant que cheikh Akl intérimaire de la reconnaissance du principal leader politique de la communauté M. Walid Joumblatt. Les dirigeants pressent donc la communauté de trouver un arrangement avant mai pour que nul ne boude le pape ou ne provoque un pénible esclandre marginal gâchant la visite.

Ph.A.-A.
C’est déjà l’effervescence dans les cercles présidentiels où, laissant à Murr le soin de se faire du souci pour les municipales de juin, on ne veut s’occuper que de la visite «historique» que le pape doit rendre au Liban en mai, mois marial, le 10 et le 11 plus exactement. «Tous les Libanais, serine un officiel qui n’est pourtant pas baptisé, réalisent l’importance...