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Actualités - OPINION

Carnet de route Yamamoto kadératé (1)

On peut dire pis que pendre du Japon et avoir raison, ou lui vouer une admiration bien comprise, et avoir raison aussi. La contradiction n’est qu’apparente. A propos de contradictions, les transfuges de l’Armée rouge («Sekigun» pour être plus exact), en connaissent un bout car l’initiation à Marx et Lénine (sans remonter à Hegel qui, lui, ne donne pas dans les recettes pour la révolution…) ne va pas sans un corps à corps avec cette notion. Mais qu’est-ce qui me fait soudain penser au «Sekigun», depuis longtemps rangé des voitures, et que remplacent avec succès, dans l’actualité terroriste du Japon, des sectes dont la généalogie idéologique est plus inquiétante encore? Ce doit être les médias libanais qui ont d’abord annoncé la présence dans nos frontières d’anciens militants de l’organisation, en même temps que leur arrestation, confirmées par un ministre, niées par un autre ministre (et non des moindres de par ses fonctions) comme par un haut magistrat, et d’autres fonctionnaires, mais que Tokyo prend tout à fait au sérieux si l’on s’en tient à ses dires. Ce n’est pas très charitable de nous faire vivre ce suspense, nous qui sommes devenus émotifs, et qui nous retenons chaque jour de verser dans le cynisme à force d’espérer. Mais pourquoi se retenir plus longtemps? Il ne manquait plus que les fantômes dans notre paysage d’illusions: fantômes de terroristes, fantômes de ministres, et, par force, fantômes de journalistes. Le grand avantage d’un cynisme généralisé serait le repos de la conscience morale. M. Murr n’a arrêté personne? Le brave homme! M. Boueiz a bien fait son métier? Le brave homme! M. Addoum ne sait rien? Le brave homme encore une fois. L’ambassade du Japon attendait le retour de M. Hariri pour dissiper le brouillard? Les braves gens!
Non, messieurs, mais vous vous fichez de nous, tout gouvernants que vous êtes censés être. Eh bien, désormais ça nous est égal, nous qui savons tout de Lod, de Baader, du Liban et de vous. Mais vous ne valez pas une colère, cynisme oblige…

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Il a pris mes empreintes digitales. A sa gauche, il y avait une bouteille d’eau de cologne et un morceau de coton. Un coup que je te salis le pouce, un autre que je te le nettoie pour effacer mon forfait. C’est comme cela que, déchue d’un passeport «spécial» relevant de l’ambassade du Liban à Paris, et qui lui-même remplaçait un passeport diplomatique annulé par le palais Bustros, je me suis retrouvée devant ce fonctionnaire du consulat qui m’a lancé, sur un ton de revanche: «Abolition des privilèges». Ce n’était pas la nuit du quatre août. Mais c’était savoureux, cette cérémonie de l’équité libanaise avec sa note de parfum.

Amal NACCACHE

(1) Jeu adolescent consistant à faire deviner (généralement aux filles) le sens français des surnoms attribués aux divers étrangers. Phonétique appliquée.
On peut dire pis que pendre du Japon et avoir raison, ou lui vouer une admiration bien comprise, et avoir raison aussi. La contradiction n’est qu’apparente. A propos de contradictions, les transfuges de l’Armée rouge («Sekigun» pour être plus exact), en connaissent un bout car l’initiation à Marx et Lénine (sans remonter à Hegel qui, lui, ne donne pas dans les recettes...