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Actualités - REPORTAGE

A Tripoli, foire Rachid-Karamé Au chant des vieux métiers répond le crin-crin d'un artisanat de Bazar (photos)

A Tripoli, la Foire internationale Rachid Karamé a sonné le rassemblement de tous les métiers artisanaux du nord. Jusqu’au 2 mars et sur 2.000m2, artistes et artisans venus du Akkar, du Koura, de Zghorta et de Minié racontent le rendez-vous de la tradition avec la société moderne. A travers les anciens métiers, des hommes et des femmes ont esquissé pour nous un portrait attachant de cet éternel Liban que nous aimons. Par contre, certains «fait-main» (broderie, dentelle, abayas) laissent beaucoup à désirer. Là, l’aiguille et le fil ne sont plus prétexte au merveilleux...
De la ferronnerie au tissage, en passant par la poterie, la marqueterie ou la fabrication de canots de pêche, les vestiges d’un passé très riche d’activités sont toujours dignes d’intérêt. Aussi, pour ressusciter les vieux métiers dans tout leur éclat, pour leur rendre une valeur nouvelle, le Rassemblement économique du Nord a offert gratuitement 90 stands à tous les corps de métiers traditionnels de la région. Un univers dominé par les hommes, où chacun dans son coin s’adonne à ses petits secrets de fabrication. Penché sur sa planche, le savonnier s’amuse à colorer ses petits pains à l’huile d’olive et à la noix de coco, qu’il décline en rouge, vert, bleu... «j’utilise la teinture de l’ice cream», indique-t-il. En face, des hommes au visage basané jonglent avec leurs engins de pêche: des nasses, paniers oblongs en treillage métallique, et des filets à poissons. Un gros-bras calfate les bordures de la coque de son canot.
Quelques pas plus loin, les tisserands de Tikrit et de Kosbah trament avec leurs fils de laine et de poil de brebis des légendes hautes en couleur. En voisin, un stoppeur de tapis traite de façon adroite une trame surprenante, compliquée, conçue de règles strictes... Avec son coton et sa laine ouatés, le matelassier de grand-mère est également au rendez-vous. De même le mouleur qui sculpte ses modèles en bois pour tarte, «maamoul», gaufre, brioche... Il s’amuse aussi à créer des «babouges» de bains qu’il peint de motifs fleuris. Cap ensuite sur l’instrument du «oud»: une fabrication qui reste l’une des spécialités reconnues de Tripoli, la capitale du Nord.
Toutefois, en cette saison de grands froids, c’est le poêle qui tient la vedette. Dans les villages, il est la grande star des chambres chauffées. Et on s’arrête pour voir le poêlier manier le tuyau, le foyer et la grille...
Inventif, chaleureux, ouvert, l’encadreur - artisan explore le bois sous l’œil amorphe du vannier (kachach) qui répare le rotin. On note la faible présence du cuivre dont le travail est pourtant une spécialité de cette région du nord. L’artisan souffleur de verre de Beddaoui comble la lacune en mobilisant ses bras et ses fourneaux avec ardeur.
L’incursion dans les coulisses de la broderie, de la confection des abayas et du tricot débouche sur une déception. Le fil et l’aiguille traduisent un banal recommencement, sans invention...
Passons vite: architectes et peintres déboulent sur le circuit. Les premiers, encore étudiants (AUB), présentent des maquettes portant sur la restauration des vieilles demeures de Tripoli. Les deuxièmes, frais émoulus de l’U.L. III, offrent en lecture plusieurs thèmes: la Vidange, le Vendeur de «souss», (réglisse), «Souk al haddadine», le Port, les Marais salants...
Egalement au rendez-vous, les calligraphes, leur doyen Adib Nachabi, Mohammed Ghaleb... Pour terminer, une halte pour goûter aux célèbres douceurs orientales de Tripoli.
Sans doute cette première exposition des métiers — artisans du Nord ne relève pas tous les défis, et vacille un peu du côté d’un «fait-main» qui doit certes être traditionnel, sans oublier d’être original... Le perfectionnisme, la quête de la belle ouvrage de certains nous ont épatés. Mais d’autres «joies simples» nous ont filés entre les doigts. A cause, répétons-le, de la banalité pour ne pas dire de la médiocrité des produits. Sauvegarder ces métiers est un travail social sur lequel on devrait se pencher sérieusement. Ceci étant, l’effort de Tripoli est à saluer...

M. M.
A Tripoli, la Foire internationale Rachid Karamé a sonné le rassemblement de tous les métiers artisanaux du nord. Jusqu’au 2 mars et sur 2.000m2, artistes et artisans venus du Akkar, du Koura, de Zghorta et de Minié racontent le rendez-vous de la tradition avec la société moderne. A travers les anciens métiers, des hommes et des femmes ont esquissé pour nous un portrait attachant de cet...