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Actualités - CHRONOLOGIE

L'organisation japonaise confirme l'arrestation de certains de ses membres et Tokyo s'impatiente Armée rouge : Hraoui demande à la justice de trancher rapidement (photos)

La confusion la plus totale continue d’entourer l’affaire des membres présumés de l’Armée rouge japonaise qui auraient été arrêtés au Liban. Déclarations contradictoires, explications qui n’en sont pas et qui ne font que compliquer davantage encore le tableau: les responsables libanais ne savent plus quoi dire au sujet de ce dossier qui les embarrasse visiblement et auquel un nouvel élément est venu s’ajouter hier. En effet, l’Armée rouge elle-même est sortie de l’ombre pour confirmer que certains de ses membres avaient été arrêtés au Liban, contredisant ainsi les déclarations de plusieurs responsables libanais.
Ceci, alors que le Japon s’impatiente et que son ambassadeur à Beyrouth, Yasujji Ishikagi, vient de réclamer, mardi, des explications au ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz. Le diplomate, selon des sources informées, devrait être imminemment reçu par le chef du gouvernement Rafic Hariri, dont relève la Sécurité de l’Etat, le service d’ordre qui aurait procédé aux arrestations dans cette affaire. Le dossier a été hier au centre de deux entretiens que le chef de l’Etat Elias Hraoui a eus respectivement avec le président Hariri (dès le retour de celui-ci d’Italie), et le procureur général près la Cour de cassation Adnan Addoum, auquel (selon les sources précitées), il a demandé de «trancher le plus rapidement possible cette affaire» et «d’examiner avec les différents services de sécurité les moyens de faire accélérer l’enquête pour l’élucider».
L’ambassadeur du Japon, Yasujji Ishikagi, a donc été reçu hier par le ministre des Affaires étrangères Farès Boueiz auquel il a demandé des informations au sujet des personnes arrêtées.
A l’issue de l’entretien, il a indiqué qu’il «n’avait pas obtenu la confirmation» que des membres de l’Armée rouge avaient été arrêtés au Liban. M. Boueiz de son côté l’a assuré qu’il le «tiendra au courant lorsqu’il aura des informations supplémentaires». «Le résultat (de l’enquête) nous sera communiqué en temps opportun», a-t-il ajouté.
«Nous avons confiance dans les autorités judiciaires, politiques et de sécurité au Liban pour qu’elles traitent de manière appropriée cette affaire qui est importante pour le Japon», a-t-il indiqué.
L’entrevue de M. Ishikagi intervient après que le ministre de l’Intérieur Michel Murr et M. Addoum eurent affirmé que le Liban «ne détenait pas de Japonais».
Ces affirmations sont venues contredire une déclaration antérieure de M. Boueiz, selon laquelle des Japonais soupçonnés d’appartenir à l’Armée rouge japonaise auraient été arrêtés par les autorités libanaises.
Au cours de son entretien hier avec le diplomate japonais, M. Boueiz a justifié cette déclaration en soulignant qu’elle avait été faite après la présentation au palais Bustros, par les autorités japonaises, d’un mémorandum demandant des explications au sujet de l’arrestation de Japonais au Liban. Le mémorandum, relèvent des sources proches des A.E. libanaises, a été remis lundi 17 février et M. Boueiz a tenu ces propos le lendemain.
En réponse à une question de M. Boueiz, le diplomate japonais a indiqué que Tokyo avait été informé de ces arrestations par une «source sûre» libanaise.

L’Armée rouge
«regrette»

L’Armée rouge a confirmé hier que plusieurs de ses membres avaient été arrêtés au Liban, a rapporté hier l’agence japonaise Kyodo.
«Nous regrettons sincèrement l’attitude du gouvernement libanais à l’égard de nos camarades et amis de l’Armée rouge japonaise, qui ont été attaqués soudainement et emprisonnés le 15 février au matin», indique le groupe dans un communiqué obtenu à Tokyo par Kyodo.
«Nous exigeons avec force que ceux qui ont été emprisonnés, des Libanais et des Japonais, sans aucune justification légale, soient immédiatement libérés», précise le communiqué rédigé en anglais et intitulé «Message de l’Armée rouge japonaise».
«La détention sans procédure légale n’est rien d’autre qu’une violation des droits de l’homme», précise le communiqué rapporté par Kyodo.
La source libanaise précitée a indiqué que les autorités libanaises voudraient vérifier que ce texte émane bien de l’Armée rouge, et estiment que son ton n’est pas particulièrement agressif, comme l’on aurait pu s’y attendre de la part d’une organisation aussi extrémiste.
De même source, on ajoute par ailleurs que «l’enquête se poursuit avec les personnes arrêtées, notamment les Asiatiques munis de faux passeports, pour vérifier s’il s’agit ou non de ressortissants japonais».
Il convient de noter dans ce cadre que des sources de services de sécurité libanais, citées par l’AFP, ont confirmé la nouvelle rapportée par notre contrère «as-Safir» selon laquelle la délégation sécuritaire japonaise arrivée au Liban il y a quelques jours s’était rendue hier à Damas pour y obtenir des informations.
L’agence précise cependant que les responsables syriens et l’ambassade du Japon en Syrie ont affirmé tout ignorer de cette mission.

Rien avant
une semaine

Par ailleurs, l’ambassadeur du Japon à Beyrouth a tenu hier un point de presse consacré aux journalistes japonais. Dans ce contexte, «L’Orient-Le Jour» a appris que les sources diplomatiques japonaises ne s’attendent à aucun nouveau développement avant une semaine.
Ces sources sont convaincues de l’arrestation de Japonais membres de l’Armée rouge, et optimistes quant à leur extradition dans un proche avenir, après que l’affaire se sera calmée.
Elles notent qu’un changement d’attitude très perceptible est intervenu il y a quelques jours au niveau des autorités libanaises, qui, après avoir très bien accueilli les responsables japonais, se sont soudain mises à les éviter.
Des observateurs estiment à cet égard que si des membres de l’Armée rouge ont bel et bien été arrêtés, deux hypothèses peuvent expliquer les démentis tardifs des autorités libanaises: ou bien un accord qui aurait été conclu entre des parties concernées, — prévoyant notamment l’extradition des Japonais — n’aurait pas abouti, ou bien un service libanais aurait arrêté les Japonais sans prévenir auparavant certains services non libanais qui auraient par la suite manifesté leur opposition à la remise des détenus aux autorités japonaises.
Le service libanais concerné serait la Sécurité de l’Etat, qui relève de la présidence du Conseil. Des observateurs se demandent si le président Hariri, lui-même en bonne relation avec les Japonais, n’a pas voulu par ce biais s’attirer leur reconnaissance, et donc une plus importante participation aux projets en cours au Liban, en faisant arrêter des membres de cette organisation recherchée par l’Etat japonais. Rien ne permet pour l’instant de répondre à cette question. Ni à toutes les autres qui se posent.
Il n’en demeure pas moins que des éclaircissements devraient être apportés bientôt, cette affaire ayant largement porté atteinte à la crédibilité des autorités libanaises, du fait notamment des déclarations contradictoires des responsables.
Rappelons que le premier ministre japonais Ryutaro Hashimoto avait annoncé le 18 février que Tokyo avait été informé de l’arrestation au Liban de cinq ou six ressortissants japonais, soupçonnés d’appartenir à l’Armée rouge, qui avait mené des attentats terroristes dans les années soixante-dix.


La confusion la plus totale continue d’entourer l’affaire des membres présumés de l’Armée rouge japonaise qui auraient été arrêtés au Liban. Déclarations contradictoires, explications qui n’en sont pas et qui ne font que compliquer davantage encore le tableau: les responsables libanais ne savent plus quoi dire au sujet de ce dossier qui les embarrasse visiblement et...