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Actualités - ANALYSE

Municipales : une bataille politique ou purement locale ?

MUNICIPALES: UNE BATAILLE POLITIQUE
OU PUREMENT LOCALE?

A peine l’Assemblée nationale avait-elle approuvé le projet de prorogation jusqu’en juin prochain du mandat des conseils municipaux que les présidents de ces mêmes conseils, les moukhtars et les candidats aux élections entreprenaient de vérifier les listes électorales pour y dépister d’éventuelles erreurs.
C’est que l’enjeu politique est de taille. D’autant plus que l’opposition extraparlementaire compte participer activement à ce scrutin. C’est donc sur le terrain des municipales que la force des opposants et des loyalistes sera véritablement sondée.
Dès la semaine prochaine, les commissions parlementaires devraient commencer à plancher sur le projet des municipales afin que députés et candidats soient informés au plus tôt de la loi sur base de laquelle les élections auront lieu. Il s’agit en effet de prendre connaissance des modalités de la candidature, du montant du dépôt exigé pour briguer un siège et du nombre de villages qui auront droit à leurs propres municipalités.
Le défi entre le gouvernement et l’Assemblée a atteint un tel degré d’exacerbation — aucune des deux instances n’étant disposée à assumer la responsabilité d’un report du scrutin — que tous ont oublié les répercussions négatives que celui-ci pourrait avoir sur la saison d’estivage et sur les examens officiels qui doivent se dérouler au mois de juin.
Sauf cas de force majeure, les élections devraient avoir lieu dans les délais.
Certes, les élections municipales revêtent un caractère purement local, mais on ne saurait pour autant négliger leur aspect politique. Aussi, certains milieux de l’opposition craignent-ils de voir les autorités recourir aux moyens dont elles ont usé et abusé lors des dernières législatives — en l’occurrence falsifier les extraits d’état civil, empêcher les électeurs opposants de s’en procurer... Ces derniers pourraient tout aussi bien être privés des cartes électorales lors des municipales, en raison du délai assez court prévu pour leur distribution. Le délai pourrait aussi échoir sans que l’électeur n’ait eu le temps de corriger les erreurs dont sa carte serait entachée.
En outre, si le gouvernement conserve le droit de nommer un certain nombre de membres au sein du conseil municipal, il pourra ainsi compenser ce qu’il aurait perdu lors du scrutin.

L’enjeu des élections

En tout état de cause, il convient d’attendre la nouvelle loi sur les municipalités avant de spéculer sur le comportement du pouvoir lors des élections. On note dans ce cadre que la majorité des députés réclament l’approbation rapide du projet de loi relatif aux municipalités. Les parlementaires veulent aussi voter simultanément le projet sur la décentralisation administrative, conformément à l’accord de Taëf. Cette loi est essentielle dans la mesure où elle implique la révision du découpage des mohafazats, avec les conséquences qu’elle entraîne au niveau de la loi électorale.
Sur un autre plan, la question est de savoir si loyalistes et opposants pourraient former des listes de coalition dans l’intérêt des villes, villages et localités où ils présenteront leur candidature. En d’autres termes, on peut se demander si les municipales seront effectivement dépolitisées, le but étant le développement des régions et non une partie de bras de fer politique entre loyalistes et opposants. Du reste, on ne peut jurer que loyalistes, d’une part, et opposants, d’autre part, constitueront des listes homogènes. En effet, étant donné les dissensions qui peuvent exister au sein d’une même famille, à l’intérieur de chaque village et localité, il est souvent difficile d’aboutir à la formation de listes unifiées, aussi bien dans le camp des opposants que dans celui des loyalistes.
Sur le terrain, on peut d’ores et déjà considérer qu’au Liban-Sud, la victoire est acquise au Hezbollah et au mouvement Amal si les deux parties parviennent à composer une liste unifiée. Les élections qui seront entreprises dans ce mohafazat seront alors de pure forme. Il en va de même pour les listes du ministre Walid Joumblatt qui sont presque sûres de l’emporter dans la majorité des localités du Chouf et de Aley, surtout si les déplacés trouvent des difficultés à se rendre dans leurs villages pour voter.
Si les élections municipales embarrassent le pouvoir, elles le soulagent malgré tout quelque peu, dans la mesure où les gens trouveront dans ce scrutin un palliatif à la crise socio-économique dont ils imputent la responsabilité à l’Etat. Les municipales les occuperont pendant quelques mois, jusqu’en été. C’est alors que l’élection présidentielle deviendra le sujet brûlant de l’actualité...

E.K.
MUNICIPALES: UNE BATAILLE POLITIQUEOU PUREMENT LOCALE?A peine l’Assemblée nationale avait-elle approuvé le projet de prorogation jusqu’en juin prochain du mandat des conseils municipaux que les présidents de ces mêmes conseils, les moukhtars et les candidats aux élections entreprenaient de vérifier les listes électorales pour y dépister d’éventuelles erreurs.C’est que...