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Actualités - REPORTAGE

Affirmant que les FL avaient de bonnes raisons de le tuer mais qu'il entretenait des relations normales avec leur commandement Murr soumet l'audience d'hier au régime de la douche écossaise (photos)

De tous les témoins qui ont comparu devant la Cour de justice dans le cadre des trois procès contre le chef des Forces libanaises dissoutes, M. Samir Geagea, c’est le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, qui a passé le plus de temps à la barre des témoins répondant patiemment quatre heures et demie durant aux questions qui lui étaient posées et soumettant l’audience au régime de la douche écossaise. Bien que convoqué par la défense dans le cadre du procès consacré à l’affaire de la double tentative d’attentat qui l’avait visé en mars 1991, M. Murr n’en a pas moins développé un témoignage accablant pour les FL, tout en affirmant qu’il entretenait des relations normales avec leur commandement.
Sans aller jusqu’à accuser directement la formation dissoute d’avoir cherché à le liquider, le ministre, qui détenait à l’époque le portefeuille de la Défense, a à plusieurs reprises laissé entendre que personne d’autre que les FL n’aurait profité de sa mort et que la formation dissoute avait une bonne raison pour se débarrasser de lui: entraver ou retarder le processus de désarmement et de dissolution des milices. Il refuse toutefois d’être catégorique sur ce point, estimant qu’il appartient à la justice de trancher. Et même s’il a reconnu qu’il entretenait aussi bien en 1986 qu’en 1991 des relations «normales» avec les FL, il n’en demeure pas moins qu’il a démenti les propos de l’ancien vice-président des FL, M. Karim Pakradouni, sur les raisons de son départ du Liban en 1986 et les conditions dans lesquelles son fils avait été évacué du conseil de guerre FL lors de l’«Intifada» du 15 janvier 1986 contre Elie Hobeika. Il a précisé que c’est parce qu’il se sentait menacé qu’il avait décidé de quitter les régions Est en 1986 et qu’il est «reconnaissant» à M. Geagea d’avoir accepté un cessez-le-feu en janvier 1986 afin que son fils puisse quitter le conseil de guerre FL.
La déposition-fleuve de M. Murr a de toute évidence éclipsé celles des trois autres témoins, des agents des FSI qui ont notamment parlé de l’explosion. L’audience fixée à 14h30 comme toujours, n’est ouverte qu’avec 20 minutes de retard. Elégant comme à son habitude, M. Murr entre d’un pas assuré dans l’immense salle de tribunal, le sourire aux lèvres, et saluant d’un discret signe de la main les membres de la cour, les avocats de la défense et de la partie civile. On ne peut pas savoir s’il regarde le chef des FL dans le box des accusés, en raison de ses lunettes noires qu’il n’ôtera qu’une fois debout devant la barre des témoins.
D’entrée de jeu après avoir prêté serment, le vice-président du Conseil souligne qu’il tient à établir une distinction entre Michel Murr, le ministre et Michel Murr la personne. Il réitérera cette précision plusieurs fois durant l’audience. Le président Khairallah n’a pas besoin de lui poser de questions parce qu’il enchaîne tout de suite en affirmant qu’il souhaite parler de ses rapports avec le chef des FL — qu’il appellera tout au long de l’audience «Dr Geagea» — depuis 1984 jusqu’après la tentative d’attentat. Une heure durant, M. Murr exposera — dans ce qu’il a ensuite appelé une introduction — les circonstances dans lesquelles la dissolution des milices avait été décidée et entreprise puis les raisons pour lesquelles il avait quitté le Liban en 1986, consultant de temps en temps des documents qu’il avait apportés avec lui.

Sentiment
«inamical»

Après avoir rappelé que la décision de dissoudre les milices avait été prise le 16 janvier 1991 et qu’il avait été chargé de présider la commission chargée de la mettre à exécution et de prendre, en sa qualité de ministre de la Défense, les mesures nécessaires dans ce cadre, M. Mur met l’accent sur les difficultés dans la mise en application de cette décision en raison du «sentiment inamical que les milices, qui se sont trouvées du jour au lendemain contraintes de renoncer à tous leurs acquis, nourrissaient» à l’égard des forces étatiques. Le FL étaient les seules, selon lui, à nourrir un «sentiment d’hostilité» à l’égard de l’armée «qui le leur rendait» en raison de la guerre dite d’élimination. Il évoque «de nombreuses difficultés rencontrées durant la mise à exécution de nos missions».

Après avoir rappelé que les FL lui reprochaient vivement sa ligne politique, le vice-président du Conseil déclare: «Si le ministre de la Défense était quelqu’un d’autre, l’autre partie se serait sentie mieux». Il indique par la suite que durant les deux mois qui avaient précédé l’explosion, le 21 mars 1991, il n’«hésitait pas à effectuer des contacts directs (avec M. Geagea) pour aplanir les difficultés devant le déploiement de l’armée». «Je crois même avoir rendu visite deux fois au Dr Geagea à Ghodress».
Il rappelle qu’il avait fait la connaissance de M. Geagea en 1984 lors du soulèvement des FL (Geagea et Hobeika) contre le président Amine Gemayel et qu’il avait entretenu de bonnes relations jusqu’à la fin de 1985. «Nos rapports se sont tiédis avant la fin de cette année en raison de l’accord tripartite que nous avions appuyé».

Les raisons
d’un départ

En ce qui concerne l’évacuation de son fils, le ministre précise que le chef des FL, avec qui il avait pris contact à partir de Yarzé, avait accepté d’ordonner un cessez-le-feu pour qu’il puisse sortir avec ses compagnons du siège du Conseil de guerre. Elias Murr avait toutefois refusé de partir seul. «Je préfère mourir ici plutôt que de sortir seul et qu’on dise plus tard qu’il n’a pensé qu’à se sauver», avait-il répondu à son père qui devait relancer M. Geagea pour la deuxième fois. M. Geagea avait, note-t-il, posé des conditions pour l’évacuation d’Elie Hobeika en même temps qu’Elias Murr: les hommes de Hobeika devaient se retirer du quartier de M. Pakradouni dont le transport devait être assuré à Yarzé. M. Hobeika devait présenter sa démission et quitter le territoire libanais avec ses compagnons sans prendre avec lui l’argent de la formation. M. Murr nie catégoriquement que M. Geagea ait exigé des garanties et souligne ensuite que M. Pakradouni s’était réuni avec Paul Ariss, le trésorier des FL du temps des FL, à Yarzé où ils devaient évoquer la question de transfert de fonds.
Les propos tenus par le ministre laissent transparaître ses reproches à l’égard de M. Pakradouni, dont il dément également la déposition sur les raisons de son départ. Il précise qu’il avait expliqué à l’ancien vice-président des FL — qui était venu lui demander de ne pas partir et lui dire que M. Geagea n’avait aucun problème avec lui — qu’il ne pouvait pas rester à Achrafieh «alors que l’état de sécurité dans le secteur laissait à désirer et qu’on ne savait pas qui était en charge de la sécurité». «Je représente une ligne politique déterminée et depuis la signature de l’accord tripartite, le 28 décembre 85, nous sommes traités de trahison et de lâcheté par les médias (chrétiens). Pour cette raison, je compte m’éloigner du pays jusqu’à ce que je puisse m’assurer que je pourrai y demeurer sans que je ne sois menacé», affirme-t-il, démentant ainsi être parti en raison de son conflit avec le président Gemayel, un conflit dont il n’a pas voulu d’ailleurs préciser la nature.

Rencontre avec
Geagea

Le ministre assure ensuite que ses biens meubles et immeubles avaient été saisis par les FL. La formation, indique-t-il, avait saisi après son départ des équipements de construction d’une valeur de 9 millions de dollars et ne les lui avait restitué qu’à la suite d’une médiation de son gendre, M. Gebran Tuéni. Il avait dû payer la somme de 5 millions de livres pour les récupérer. (A ce sujet, M. Geagea et ses avocats demandent à la cour l’autorisation de convoquer M. Tuéni). M. Murr ajoute que les FL avaient mis la main sur Halate-sur-Mer et désigné un certain Tony Geagea pour gérer le complexe balnéaire avant de préciser que «ces abus n’ont eu aucune influence sur son action au ministère de la Défense».
M. Murr souligne ensuite qu’après la première tentative d’attentat, il est resté 15 jours à Bteghrine où M. Geagea l’avait appelé pour l’interroger sur des rumeurs selon lesquelles il soupçonnerait sa formation d’avoir commandité la tentative d’attentat. Il lui avait expliqué que s’il soupçonne les FL, c’est en raison d’une réponse de celles-ci publiée la veille (le 19 mars) à une déclaration qu’il avait faite le jour-même et dans laquelle il avait évoqué le mécanisme de dissolution des milices et souligné que l’Etat était déterminé à étendre son autorité sur toutes les régions libanaises, par «tous les moyens possibles». «Ces moyens peuvent seulement ouvrir devant vous les routes à l’est de Bteghrine et aucune autre». Telle avait été la réponse d’une «source responsable des FL» (en l’occurrence M. Georges Abdel Massih, responsable du département d’information FL, précisera M. Murr) dans le quotidien «Al-Diyar». Le ministre avait vu dans ces propos une menace à peine voilée dans la mesure où il lui était «conseillé d’emprunter de nouveau la route Hammana-el-Karamé à l’est de Bteghrine pour se rendre à Beyrouth et non pas la route d’Antélias» qu’il empruntait tous les matins pour se rendre à son bureau à Yarzé.
A M. Geagea qui lui faisait remarquer s’il est possible qu’une partie qui envisage de perpétrer un attentat contre quelqu’un profère des menaces à l’encontre de sa cible 24 heures avant de l’assassiner, M. Murr répond: «Abdel Massih aurait pu être en compagnie des personnes qui devaient préparer l’attentat et les auraient entendus parler du lieu sans connaître toutefois la date».
S’il soupçonne aussi les FL d’avoir tenté de l’assassiner, c’est parce que M. Geagea n’avait pas remis au juge d’instruction militaire des éléments FL qu’il souhaitait interroger pour les besoins de l’enquête et dont les noms avaient été cités par des personnes interpellées quelques semaines après l’attentat. Il précise qu’il était lui-même intervenu auprès de M. Geagea à la demande du juge d’instruction pour que ces personnes puissent être interrogées à titre de témoins. M. Murr affirme ne plus se rappeler des noms et c’est M. Geagea qui les lui cite: Hambarsoumian, Mohamed Ibrahim, Nabil Abou Nasr, Joseph Geagea. Le ministre dit se rappeler vaguement d’un «certain Nabil et d’un certain Geagea» et souligne qu’il a par la suite appris que Hambarsoumian était un soldat de l’armée en poste à Bteghrine et qui avait été chargé de le surveiller.
Il n’en demeure pas moins qu’il précise être resté en contact avec M. Geagea qu’il devait rencontrer au domicile du député Roucheid el-Khazen, lors d’une réunion des ministres chrétiens. «Nous nous sommes alors salués et réconciliés», déclare M. Murr qui précise en réponse à une question du président Khairallah que les FL exprimaient certaines réserves au sujet de l’accord de Taëf. Il souligne que «jusqu’au 30 avril 1991, l’armée n’avait pas pu être déployée dans le Kesrouan et à Jbeil» et que le commandement des FL tentait d’imposer le choix des brigades et des officiers de l’armée qui devaient être déployés dans ces régions.
Toujours est-il qu’il estime que les FL «ne lui en voulaient pas au point de le liquider» et que son appui à M. Elie Hobeika, «bien qu’il déplaise au Dr Geagea ne justifiait pas (son) assassinat». «Le fait que je sois le président de la commission chargée de la dissolution des milices et que je sois chargé de les désarmer est plus important que ma relation avec Elie Hobeika. Je peux vous l’assurer, affirme-t-il à l’adresse du président Khairallah, que si Michel Murr était mort ce jour-là, la dissolution des milices aurait été retardée de six mois au moins pour une raison simple: tout ministre qui aurait pu me remplacer aurait été terrorisé à l’idée d’être en danger de mort. La tentative d’attentat n’avait pas pour seul but de ne liquider mais d’intimider celui qui pourrait me remplacer».
Aviez-vous à l’époque d’autres ennemis que les FL qui auraient pu tenter de vous tuer? Catégorique, M. Murr répond: «Je peux assurer que non et j’ajoute même qu’à l’époque le président Gemayel me vouait une hostilité sans bornes. S’il était au Liban et qu’il était en position de force, je l’aurai soupçonné avant tout autre. Mais il n’était pas là. Voilà pourquoi je suis si catégorique». Un peu plus tard, il adoptera une position plus nuancée lorsque Me Edmond Naïm l’interroge sur le point de savoir si quelqu’un d’autre que les FL aurait intérêt à l’assassiner: «J’ai répondu à cette question mais cela ne veut pas dire que c’est le Dr Geagea qui a tenté de me tuer». En dépit des réserves exprimées selon lui par M. Geagea contre l’accord de Taëf, M. Murr reconnaît que les FL étaient en faveur de cet accord. Il fait remarquer néanmoins qu’elles n’avaient pas répondu à la proposition de l’Etat d’enrôler 3000 miliciens de cette formation dans les rangs des forces régulières. «Nous les avions à plusieurs reprises prié de se présenter, mais c’était toujours en vain», ajoute-t-il.

Une question de mémoire

Vers 18h, M. Murr réclame un verre d’eau. C’est à ce moment-là que le président Khairallah réalise que le ministre est debout depuis trois heures. Il ordonne qu’on lui amène une chaise. Mais le ministre refusera de répondre assis aux questions de la cour, des avocats de la défense et de M. Geagea. Jusqu’à 19h10, il passera son temps à se lever et à s’asseoir, répondant aux questions sans se départir de son sourire, même lorsque les avocats de la défense tentent de le mettre au pied du mur. C’est le cas notamment lorsque Me Edmond Rizk lui fait remarquer d’une voix tonitruante que suivant la logique qu’il défend, se sont les forces présentes sur le terrain à Beyrouth-Ouest qui auraient tué le mufti Hassan Khaled et le président René Moawad et que ce sont celles qui étaient déployées à Baabda qui auraient assassiné Dany Chamoun. Un sourire malicieux aux lèvres, M. Murr s’adresse à l’avocat en lui faisant remarquer que c’est la défense qui l’a convoqué. Dans le même temps, le président Khairallah vole à son secours empêchant l’avocat de poursuivre, dans la mesure où, explique-t-il, son intervention est inopportune.
Puis un débat s’ensuit entre la défense, M. Geagea et M. Murr sur le point de savoir si d‘autres forces étaient présentes sur le terrain à l’époque. La défense veut démontrer que les FL n’étaient pas les seules forces présentes dans le Metn en 1991 dans la mesure où des forces armées (PSNS, le parti al-Waad notamment) avaient fait leur entrée dans les régions Est après l’éviction du général Aoun et «commettaient des abus sans être poursuivies». Mais M. Murr nie catégoriquement ces indications, soulignant que ces forces armées se trouvaient dans le Haut-Metn seulement. Entre-temps, M. Geagea lui rappelle que lors de la guerre dite d’élimination, les FL avaient été «contraintes par les troupes du général Michel Aoun de sortir des régions de Aïn el-Remmaneh et du Metn et étaient confinées à Achrafieh et dans le Kesrouan», Puis lorsque le ministre répond «je ne sais pas» à M. Geagea qui l’interrogeait sur le point de savoir qui était accusé de trahison après la signature de l’accord, Me Issam Karam lance ironiquement: «Il n’a pas bonne mémoire». Toujours avec le sourire, M. Murr répond: «Ce n’est pas une question de mémoire, c’est le fait de parler pendant six heures».
M. Geagea lui pose de nombreuses questions. M. Murr affirme notamment ne pas avoir entendu parler de Manuel Younès, Naja Kaddoum, Rushdie Raad, «le singe», Nadim Achkar. Il est 19h10 lorsque l’audition de M. Murr prend fin. Avant de quitter la salle de tribunal, le ministre salue de nouveau les avocats de la défense et de la partie civile. Pendant ce temps, le président Khairallah annonce une pause d’une demi-heure que l’assistance met à profit pour se dégourdir les jambres.

Les autres témoins

Après la pause, la Cour entend le deuxième témoin, Samir Kahwagi, qui était lieutenant-colonel aux FSI à l’époque de l’attentat. Kahwagi devait confirmer la teneur de sa déposition devant le juge d’instruction, soulignant qu’après la double explosion, il s’était rendu sur les lieux de l’attentat à la tête d’une patrouille relevant du poste de police d’Antélias. Kahwagi a précisé qu’il avait entamé un début d’enquête lorsque le commissaire-adjoint du gouvernement près le tribunal militaire, Khaled Hammoud, est arrivé et l’a informe qu’il prenait lui-même en charge les investigations.
Un troisième témoin, l’artificier des FSI, Mohammed Mahmoud Idriss, est ensuite appelé à la barre. Après avoir souligné qu’il avait inspecté le lieu de l’attentat, Idriss confirme ses dépositions faites en date du 30/3/1991 et du 3/4/1991 devant le juge d’instruction. M. Geagea lui demande alors de préciser où se trouvait la voiture de M. Murr lorsque l’attentat s’est produit. Le témoin répond que lorsqu’il a effectué son inspection, la voiture de M. Murr ne se trouvait plus sur les lieux de l’attentat.
Le dernier témoin appelé à la barre est Bassam Saïd Younès, adjudant-chef à la Police militaire et juge d’instruction militaire. Younès confirme sa déposition faite en mars 1991, soulignant qu’il avait été chargé par le commandant de la Police militaire et par l’un des officiers de la police de se rendre sur les lieux de l’attentat pour recueillir les premiers éléments de l’enquête.
A 21 heures, la Cour veut entendre la déposition du député Rouchaïd el-Khazen, mais il s’est avéré que celui-ci avait quitté la Cour après avoir attendu longtemps son tour. Le représentant du parquet, le juge Amine Bou Nassar, demande alors de ne plus convoquer M. el-Khazen et de se contenter de lire la déposition qu’il avait faite le 23/8/1995. Me Issam Karam réclame cependant que le député soit quand même convoqué une nouvelle fois. La cour décide de lire la déposition de M. el-Khazen, à charge de convoquer le député si certaines précisions doivent être obtenues. Dans sa déposition, M. el-Khazen affirmait qu’il avait entrepris une médiation entre MM. Murr et Geagea.
La prochaine audience est fixée à demain, vendredi. La cour entendra les autres témoins de la défense.
Tilda ABOU RIZK
De tous les témoins qui ont comparu devant la Cour de justice dans le cadre des trois procès contre le chef des Forces libanaises dissoutes, M. Samir Geagea, c’est le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, qui a passé le plus de temps à la barre des témoins répondant patiemment quatre heures et demie durant aux questions qui lui étaient posées et soumettant...