Vive émotion en Suède après une série de meurtres de femmes immigrées

STOCKHOLM, 14 Février (AFP). — Une série de meurtres et d’attaques brutales de femmes immigrées venant du Moyen-Orient, tuées ou agressées par des membres de leur famille, a suscité une vive émotion en Suède, où la femme jouit d’une place privilégiée dans la société.
Ces réparations d’honneur sont le fruit d’un clivage, difficilement surmontable et plus prononcé que dans d’autres pays occidentaux, entre une société suédoise libérale mais fermée et la culture et la tradition musulmanes.
Dimanche, une Libanaise de 21 ans a été battue à mort par son ex-mari qui condamnait son «comportement indigne pour une Arabe». Peu avant Noël, une Irakienne de 15 ans a été étranglée par son frère de 16 ans et son cousin de 17 ans, parce qu’elle avait dansé avec des amis suédois.
Lundi, un procès s’est ouvert contre un Turc d’origine kurde de 20 ans, qui a frappé de 21 coups de couteau sa sœur de 22 ans, à moitié paralysée suite à ses blessures, parce que son mode de vie suédois avait «déshonoré la famille».
La situation des immigrés du Moyen-Orient dans les pays scandinaves est différente de ce qu’elle est ailleurs, car «la ségrégation y est plus prononcée», affirme Ahmad al-Ribaky, un Irakien qui vit en Suède, mais a vécu aussi dans d’autres pays occidentaux.
«Cela ne pourrait se produire en Angleterre, par exemple», dit-il. «La société britannique est plus ouverte et diversifiée et les immigrés s’adaptent plus rapidement, car ils parlent généralement l’anglais et trouvent du travail».
En Suède, les immigrés sont logés dans les banlieues, où se constituent des ghettos dont les communautés attachent une grande importance aux traditions et rejettent le mode de vie suédois.
Le choc culturel est exacerbé par la place importante de la femme dans la société suédoise. 80% des Suédoises travaillent dans un pays qui leur a accordé le droit de vote dès 1863 et leur garantit l’égalité des sexes dans la Constitution.