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Actualités - CHRONOLOGIE

Les dissensions au sommet retardent la réforme de l'ex-armée rouge

MOSCOU, 14 Février (AFP). – Les deux principaux responsables de la réforme de l’ex-Armée rouge ont eu du mal à dissimuler leurs dissensions sur la mise en œuvre de cette «perestroïka» militaire déjà maintes fois reportée, lors d’un point de presse pourtant destiné à affirmer leur convergence.
Le président Boris Eltsine avait ordonné au ministre de la Défense Igor Rodionov et au secrétaire du Conseil de la défense Iouri Batourine de démontrer qu’ils étaient parvenus à coordonner leurs points de vue, après que les médias eurent fait leurs choux gras de leur rivalité.
Dans un premier temps, les deux hommes ont affirmé que leurs positions «coïncidaient exactement» sur la nécessité de mener à bien cette réforme qui doit permettre de sortir l’armée russe de la dérive, illustrée par sa défaite contre les indépendantistes tchétchènes.
Mais, après avoir affirmé cet accord de principe, MM. Batourine et Rodionov se sont laissés entraîner par les journalistes à exprimer leurs différences.
«Nous avons des divergences sur le règlement de certains problèmes techniques» de la réforme, a ainsi reconnu le ministre de la Défense, Igor Rodionov.
M. Batourine propose par exemple de réduire les effectifs militaires avant l’an 2000 et de ne commencer à «rééquiper massivement l’armée» que dans les années 2005-2010.
Pour le général Rodionov au contraire, la réduction quantitative des forces armées ne peut pas précéder son rééquipement en matériel moderne.
«Dans les conditions actuelles, une guerre de grande envergure est peu probable», estime encore M. Batourine.

Dons ou
emprunts?

«L’armée doit être prête à accomplir une mission de combat» pour faire face à «une éventuelle menace militaire», rétorque le général Rodionov.
Selon Sergueï Markov, analyste à la Fondation Carnégie, les deux hommes ont des approches radicalement différentes: l’un, le général Rodionov, âgé de 60 ans, est un «euro-asiatique», tandis que l’autre M. Batourine, 47 ans, est un «occidentaliste».
«Batourine estime qu’un affaiblissement temporaire de l’armée n’est pas grave, alors que pour le général Rodionov, l’armée ne doit absolument pas perdre sa capacité de combat», ajoute M. Markov.
M. Rodionov «a toujours soutenu qu’il fallait commencer à rééquiper l’armée dès maintenant et que l’Etat devait trouver de l’argent pour cela», explique Pavel Felgenhauer, spécialiste des questions militaires au quotidien «Sevodnia».
Mais le budget adopté pour 1997, qui prévoit d’allouer quelque 100.000 milliards de roubles (18 milliards de dollars) à la défense, ne couvre que 60 pour cent des besoins de l’armée et «il faut donc chercher des sources hors budget», estime M. Batourine.
Si le général Rodionov compte sur des «dons de la population» et des «emprunts sur le marché intérieur», M. Batourine propose pour sa part de supprimer la centaine d’entreprises agricoles déficitaires du ministère de la Défense – créées à l’époque soviétique pour parer aux pénuries alimentaires dans l’armée – et des magasins spéciaux pour les militaires à prix réduits connus sous le nom de VœnTorg.
M. Rodionov voudrait que le président Eltsine se fasse l’arbitre de ce différend. «Le dernier mot revient au président en tant que commandant en chef de l’armée. La décision du président sera pour moi un ordre», dit-il.
Mais, avec les ennuis de santé à répétition du président, M. Rodionov ne peut qu’espérer que «notre commandant en chef se sente bien et possède la même capacité de travail qu’avant». «Je voudrais bien le rencontrer plus souvent. Mais nous ne pouvons qu’attendre des jours meilleurs».
Devant ces dissensions, l’analyste Sergueï Markov doute fort que «la réforme puisse commencer dans un avenir proche».
«Seul le président est capable de faire taire les intérêts corporatifs et de lancer la réforme», conclut-il.
MOSCOU, 14 Février (AFP). – Les deux principaux responsables de la réforme de l’ex-Armée rouge ont eu du mal à dissimuler leurs dissensions sur la mise en œuvre de cette «perestroïka» militaire déjà maintes fois reportée, lors d’un point de presse pourtant destiné à affirmer leur convergence.Le président Boris Eltsine avait ordonné au ministre de la Défense Igor...