Saint Valentin, à quel titre? ...

Saint-Valentin. Il y a quelques années, les Libanais ignoraient tout de ce saint qui, comme par enchantement, fait maintenant «l’unité nationale». D’ailleurs aujourd’hui encore, on n’en sait pas beaucoup plus sur le personnage. On ne lui adresse aucune prière, aucune supplique. On ne lui connaît aucun miracle. Et pourtant, on le célèbre en grande pompe, chez nous le 14 février, ailleurs à d’autres dates. Et on assiste, aux alentours de cette période, à une mobilisation générale des marchands d’un temple, que personne ne vient chasser…
La Saint-Valentin, c’est la fête rouge — couleur du cœur — des amoureux. Si les tourtereaux n’attendent pas le 14 février pour se déclarer leur flamme (encore heureux!), ils profitent quand même de ce jour pour témoigner de leurs sentiments. Une rose, une carte, un bouquet, un gadget ou un bijou… chacun selon ses moyens ou ses goûts.
«C’est le geste qui compte», dit-on. De moins cependant, et c’est là où le bât blesse. A force d’être matraqués de slogans publicitaires qui clament que «rien n’est assez beau pour l’Autre», beaucoup en viennent à se convaincre que l’importance dudit geste doit être proportionnelle à la force de l’amour que l’on éprouve. Par les temps de crise économique qui courent, cela conduit parfois à des actes irrationnels pouvant friser l’indécence. On fait des folies, on se serre la ceinture, pour honorer sa Valentine ou son Valentin.
La faute à qui? A personne, comme souvent d’ailleurs… Mais parions qu’à la longue, Saint-Valentin risque de «perdre des points», d’être «maudit», et de resombrer dans l’oubli. Ou carrément dans ce néant d’où on le fit naître. Un 14 février.

N.S.