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Actualités - OPINION

L'état tartuffard

La Résistance islamique, bras armé du Hezbollah, est en train de démontrer jour après jour que le moyen qui est à l’origine même de la création de l’Etat d’Israël — à savoir la violence — est susceptible d’être retourné contre lui et de le contrer.
Pour la première fois dans son histoire, l’Etat hébreu, édifié à coups de spoliations et de fuites en avant, est amené à envisager un retrait sans contrepartie (unilatéral) d’un territoire qu’il occupe, en l’occurrence la bande frontalière au Liban-Sud. Le débat à Jérusalem sur l’utilité de la perpétuation de l’occupation révèle l’ampleur du désarroi dans lequel il se trouve plongé. «Sûr de lui et dominateur», comme l’avait noté de Gaulle, Israël subit désormais des humiliations, alors qu’il se plaisait tant à en infliger et il connaît à son tour le goût amer des revers, de l’impuissance et des catastrophes.
Le Liban-Sud est devenu, toutes proportions gardées, la Tchétchénie de Netanyahu. Celui-ci, qui, à Washington, va évoquer entre autres ce dossier, est placé devant un dilemme qu’il n’arrive pas à trancher. Les problèmes auxquels il se heurte, tout comme ceux auxquels avaient eu à faire face avant lui les gouvernements Rabin et Pérès, sont à mettre au crédit du Hezbollah, de sa lutte courageuse et sans relâche face à l’occupation ennemie.
Certes, l’action du Hezbollah dépend en grande partie de l’aide extérieure iranienne et syrienne qu’il reçoit. Sans elle et n’était la conjoncture très particulière dans laquelle se trouve le Liban, le Parti de Dieu n’aurait ni la même envergure, ni la même efficacité, et Israël ne subirait pas au Liban-Sud une guerre de harcèlement qui lui coûte de plus en plus cher.
Quelles que soient les réserves que l’on est en droit de formuler au sujet de la dépendance extérieure du Hezbollah et quelle que puisse être la réaction future d’Israël, qui pourrait exercer des représailles particulièrement lourdes pour la formation islamiste et pour le Liban tout entier, il n’en demeure pas moins qu’à travers ce parti et pour la première fois dans ce pays, des Libanais auront eu le courage et l’honneur de dire «non» aux faits accomplis israéliens et d’opposer à l’esprit de conquête l’esprit de résistance, de passer aux actes et de consentir des sacrifices considérables.
Force est de dresser un parallèle entre cette attitude et celle de l’Etat libanais, faite de démission et d’hypocrisie. Tout se passe comme si celui-ci considérait qu’il lui suffit, pour être quitte de ses obligations envers la partie méridionale du pays occupée, de rappeler régulièrement deux choses: le droit sacré à la résistance à l’occupation et l’existence de la 425. Attitude hypocrite, parce qu’elle consiste à proclamer l’appui à la résistance, puis à lui tourner le dos. Attitude de démission, parce que, moyennant une simple profession de foi, on laisse le champ entièrement libre devant ceux qui sont assez déterminés et courageux pour se défendre les armes à la main contre l’occupation.
Alors que la formation intégriste enregistre constamment de nouveaux acquis sur le double plan militaire et politique, qu’elle s’impose de plus en plus comme une force incontournable, qu’elle peut se targuer d’avoir forcé Israël, sinon à se retirer du Liban-Sud, du moins à envisager de le faire, l’Etat libanais, lui, s’obstine dans sa pusillanimité, son inertie et son pharisaïsme. C’est probablement la conséquence de son renoncement à toute liberté de décision, au suivisme qui caractérise la Deuxième République. La passivité érigée en stratégie politique a pourtant mené le Liban dans le passé récent à bien des catastrophes. L’Etat libanais est un Etat sans mémoire. Demain, à l’heure de la clôture des comptes au Liban-Sud, il risque de le payer très cher.

Roger GEHCHAN
La Résistance islamique, bras armé du Hezbollah, est en train de démontrer jour après jour que le moyen qui est à l’origine même de la création de l’Etat d’Israël — à savoir la violence — est susceptible d’être retourné contre lui et de le contrer.Pour la première fois dans son histoire, l’Etat hébreu, édifié à coups de spoliations et de fuites en avant,...