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Actualités - INTERVIEWS

Harb : les maronites sont les grands vaincus de la guerre

Le député Boutros Harb a considéré que les maronites sont «les grands vaincus» de la guerre libanaise, soulignant que l’application de l’accord de Taëf a marginalisé davantage les chrétiens. Il a toutefois estimé que le document d’entente nationale peut constituer une base pour l’édification de l’Etat de droit et des institutions.
Dans une interview accordée à «Radio Liban libre», le député de Batroun s’est longuement étendu sur la vie politique libanaise, soulignant que «c’est à cause de leurs conflits internes que les maronites se sont perdus sur le plan politique». Selon lui, ce n’est pas l’accord de Taëf qui doit être mis en cause. «Lorsque le document d’entente nationale a été établi la situation des chrétiens était meilleure que lorsqu’il a commencé à être appliqué. En d’autres termes, entre le moment où le texte a été élaboré et le moment où il a été appliqué une forte secousse s’est produite dans la région et a anéanti la présence chrétienne au Liban en tant que force politique active», a-t-il déclaré en allusion aux derniers affrontements interchrétiens au Liban et aux guerres régionales.
Pour le député de Batroun, les changements sur l’échiquier régional ont fait que le Liban «n’est plus qu’une petite partie d’un grand jeu appelé le projet de règlement moyen-oriental». selon lui, les Palestiniens, les Syriens et les Israéliens sont «les principaux acteurs de ce jeu». «Le Liban, a-t-il ajouté, aurait pu être leur partenaire s’il n’était pas passé par toutes les épreuves qu’on sait. Mais aujourd’hui, on pense qu’il est nécessaire de contrôler la scène politique intérieure de sorte à ce qu’elle ne redevienne plus une cause de soucis».
Après avoir estimé que le document d’entente nationale doit servir de «base pour parvenir à une formule susceptible de favoriser l’édification de l’Etat de droit et des institutions», M. Harb a indiqué que la concrétisation de ce projet auquel il appelle d’ailleurs avec un groupe de parlementaires est «tributaire du degré d’éveil de notre peuple». Il a rappelé, en réponse à une question, que «le transfert des prérogatives du président de la République au Conseil des ministres ne constitue pas une nouveauté puisque ces prérogatives ont toujours été détenues par le gouvernement mais ce sont les ministres qui ne le savaient pas. Et parce que le texte (de la Constitution) était ambigu, le chef de l’Etat faisait allusion» à ses prérogatives.

«Une vie commune»

Le député a également estimé qu’«il ne peut y avoir de vie commune dans le pays si les acquis de l’Etat ne sont pas répartis entre tous les Libanais». A la question de savoir qui est responsable de l’établissement d’une «troïka» du Pouvoir, M. Harb a répondu: «la vie politique dans le pays et le fait de ne rien revendiquer et de ne pas exiger des comptes». Et si la «troïka» est morte, c’est seulement en raison d’«un conflit d’intérêts», a-t-il ajouté.
Le député de Batroun a longuement parlé de la mission que s’est fixé le rassemblement parlementaire auquel il appartient et qui comprend également MM. Hussein Husseini, Sélim Hoss, Omar Karamé et Nassib Lahoud. «Nous voulons créer un noyau capable par son action de créer une vie politique dans le pays», a-t-il dit, soulignant que ce noyau pourrait être élargi. «Le Parlement, a-t-il soutenu, comprend d’excellents éléments qui peuvent se joindre à nous pour mener à nos côtés la bataille du rétablissement de notre système parlementaire démocratique».
M. Harb a estimé que le groupe auquel il appartient a «passé son premier test dans la mesure où il a donné une leçon au gouvernement: nous lui avons appris que ce n’est pas de la sorte qu’on traite avec le Parlement notamment dans le domaine financier», en allusion au débat budgétaire. Il a justifié le vote du budget par une forte majorité par le nombre élevé des députés loyalistes. «Si nous (l’opposition parlementaire) ne sommes pas en mesure de changer la décision politique, il n’en demeure pas moins que nous pouvons la rendre plus difficile et la dénoncer devant l’opinion publique».

«Les trois présidents»

Par ailleurs, M. Harb a désigné comme une erreur le fait de parler de «trois présidents» soulignant qu’il n’y a qu’un seul président, à savoir le chef de l’Etat et «des présidents d’institutions».
Le député s’est de nouveau dit pour les amendements constitutionnels. «Ma position est le fruit d’une conviction selon laquelle le système politique qu’«ils» ont érigé n’est pas viable. Il est caractérisé par de nombreuses lacunes et ce serait injuste de dire que le chef de l’Etat cherche à consolider les prérogatives de la présidence de la République à travers son projet d’amendement» de certaines dispositions de la Constitution, a-t-il fait valoir.
«L’objectif des modifications en faveur desquelles le président Hraoui plaide est de trouver un équilibre entre le Conseil des ministres et le Parlement», a-t-il encore ajouté avant de mettre l’accent sur l’importance du rôle que le chef de l’Etat peut avoir dans la vie politique. «Tant que le président de la République a le droit de ne pas signer le décret de formation d’un gouvernement qui ne lui plaît pas, cela veut dire qu’il détient la décision politique. Le président du Conseil est également important, mais est-il possible qu’il se mêle d’une affaire de promotion d’officiers de l’armée? Il faut appliquer la loi et tant que certaines personnes se considèrent au-dessus de la loi, ce pays ne survivra pas», a affirmé M. Harb.
A la question de savoir si la bataille présidentielle s’est ouverte, le député a répondu en affirmant qu’il est «inutile de se casser la tête à ce sujet». Et de préciser: «La décision (d’élire un chef de l’Etat) est prise à la dernière minute. Elle n’est pas le fruit d’une volonté parlementaire intérieure. Il s’agit d’une décision internationale qui est concrétisée sur le plan régional et exécutée localement».
Le député Boutros Harb a considéré que les maronites sont «les grands vaincus» de la guerre libanaise, soulignant que l’application de l’accord de Taëf a marginalisé davantage les chrétiens. Il a toutefois estimé que le document d’entente nationale peut constituer une base pour l’édification de l’Etat de droit et des institutions.Dans une interview accordée à...