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Actualités - REPORTAGE

Ay TDB Leila Chalfoun Une voix limpide et ductile (photo)

Quoique d’origine libanaise, elle nous vient en droite ligne du Canada. Leila Chalfoun a étudié l’art lyrique au Conservatoire de Montréal et a déjà triomphé dans plusieurs rôles notamment dans «la belle Hélène» et «La Veuve joyeuse». Elle est aussi apparue dans diverses productions à Monte-Carlo et dans une œuvre d’Offenbach au Lincoln Center de New-York. Entourée de l’Opéra baroque de Montréal elle sera en mai prochain l’impérieuse et fatale Cléopâtre de «Jules César» de Haëndel.
Pour son étape beyrouthine, au T.D.B, le temps de trois récitals, accompagnée au piano par Claudette Denys, Leila Chalfoun a réservé aux lyricomanes libanais un bouquet d’œuvres certes pleines de gaieté et de fantaisie (eh oui l’opéra n’est pas toujours tragique!) mais sentant bon aussi le feu sacré des immortelles héroïnes de la scène belcantiste...
L’air de Musette de Puccini est le premier chant de cette voix limpide et ductile qui donne à tous les élans (et les mirages!) de l’amour, force, tendresse et espoir dans une vie de «bohème» en prise avec un quotidien aux antipodes des rêves dorés des artistes désargentés...
L’air des bijoux de Gounod nous dévoile une Marguerite insouciante, coquette et éblouie jusqu’au vertige par un coffret où scintillent des parures qui valent toutefois la vie et la damnation de Faust...

Retour à Puccini

Retour à Puccini où Lauretta, une des héroïnes les moins célèvres de l’auteur de «La Tosca«, désemparée et amoureuse, tente de plier un père intraitable pour lui accorder le bonheur d’épouser l’homme de son cœur. Accents éminemment lyriques et chromatisme vocal d’une pureté de cristal.
Drôle et enjouée est la scène du téléphone (cellulaire, s’il vous plaît!) de Menotti, ce compositeur américain d’origine italienne qui tout en renouant avec la beauté d’une mélodie vaguement verdienne n’en marque pas moins sa narration de pointes acidulées et stridentes où le modernisme a le vent en poupe.
Fraîches, virevoltantes, presque jaillies d’un café-concert viennois, ces trois valses d’O. Strauss que la cantatrice a interprétées avec subtilité et une composition très personnelle révélant ainsi ses dons de comédienne et son indéviable présence scénique.
Pour enchaîner avec la deuxième partie de ce programme bien «joyeux» et libéré de toutes notes «noires», la fantaisie et l’humour étaient à nouveau au rendez-vous. Une danse vénitienne, tourbillonnante, chargée d’éclats de rire, de Rossini était prestement enlevée. Plus grave et méditative, soutenue par une langueur secrète mais habitée de l’aura du souffle et de la crainte de tous les amoureux du monde tant il est fugace et volatile, ce «Plaisir d’amour» (de Martini) était un authentique moment d’émotion. Emotion vite éclipsée par la vivace et triomphante mélodie froufroutante et déterminée parfois comme une marche militaire des «Filles de Cadix» de Delibes.
Tiré d’un opéra bouffe plein de verve cocasse et de fantaisie, de Poulenc et d’après un texte percutant et corsé d’Apollinaire, «l’air de Thérèse» extrait des «Mamelles de Tirésias» concilie avec finesse et désinvolture un thème bien scandé traité avec habileté et concision et auquel Leila Chalfoun prête non seulement ses remarquables prouesses vocales mais son apport de comédienne consommée.
Deux bis nourris de généreux applaudissements n’ont pu assouvir un public littéralement enchanté de cette performance. Une performance où virtuosité vocale et présence scénique avaient si fière, mutine et pimpante allure... En terme de spectacle, ceci s’appelle un régal!

Edgar DAVIDIAN
Quoique d’origine libanaise, elle nous vient en droite ligne du Canada. Leila Chalfoun a étudié l’art lyrique au Conservatoire de Montréal et a déjà triomphé dans plusieurs rôles notamment dans «la belle Hélène» et «La Veuve joyeuse». Elle est aussi apparue dans diverses productions à Monte-Carlo et dans une œuvre d’Offenbach au Lincoln Center de New-York....