Il a remis à Hraoui un message de Clinton Jones déplore les manifestants de joie à la suite de la collision des hélicoptères israéliens

L’ambassadeur des Etats-Unis, M. Richard Jones, a été reçu hier au palais de Baabda par le président Elias Hraoui à qui il a remis un message du président Bill Clinton, en réponse au télégramme que le président Hraoui avait adressé au chef de la Maison-Blanche à la veille de la conférence des «Amis du Liban» qui s’est tenue à Washington en décembre dernier. L’entrevue a eu lieu en présence de Mme Elisabeth McKune, en charge du desk Liban-Syrie-Jordanie au département d’Etat.
Mme McKune — qui occupait le poste d’attachée commerciale à l’ambassade américaine à Beyrouth entre 1986 et 1988 — était arrivée samedi dernier à Beyrouth, dans le cadre d’une tournée régionale qui l’a conduite en Israël, en Syrie, en Jordanie et en Egypte. Elle doit soumettre au nouveau secrétaire d’Etat, Mme Madeleine Albright, un rapport détaillé sur les résultats de sa mission d’information au Proche-Orient. Rappelons qu’un autre émissaire spécial américain a effectué la semaine dernière une tournée d’information dans la région. Il s’agit de Mme Debora Bodlander, chargée par le président de la commission des Affaires étrangères du Congrès U.S. de suivre le dossier du Proche-Orient. Mme Bodlander avait eu à la fin de la semaine dernière une série d’entretiens à Beyrouth.
Pour en revenir à l’entrevue de M. Jones avec le chef de l’Etat, hier, l’ambassadeur U.S. a indiqué, à sa sortie du palais de Baabda, que le message du président Clinton au président Hraoui réaffirme «l’appui des Etats-Unis au Liban». «Cet appui, a souligné M. Jones, s’est manifesté à l’occasion de l’organisation de la conférence des «Amis du Liban». Il se traduit aussi par la politique suivie par notre gouvernement en vue de concrétiser notre soutien dans les délais les plus brefs».
Evoquant, d’autre part, la collision des deux hélicoptères israéliens, mardi soir, au-dessus de la Galilée, l’ambassadeur américain a déploré les manifestations de joie qui ont éclaté dans certaines régions du Liban-Sud et de la Békaa à la suite de la mort des 73 militaires israéliens qui se trouvaient à bord des deux appareils. «Il s’agit là d’un drame particulièrement douloureux, a souligné M. Jones. Je pense que, dans de telles circonstances, et quelle que soit la partie concernée, nous ne pouvons que regretter les pertes en vies humaines et compatir avec les familles des victimes».
Et M. Jones de poursuivre: «A mon avis, nul ne devrait se réjouir de la perte en vies humaines, quelle que soit la cause. Ces militaires (israéliens) faisaient sans nul doute leur devoir pour leur pays. Ils ne sont pas responsables de la politique de leur gouvernement. En ce qui me concerne, je ne peux qu’exprimer ma douleur et partager la peine du peuple israélien et des familles des victimes».
Interrogé sur les informations selon lesquelles les deux hélicoptères israéliens se dirigeaient au Liban-Sud afin d’y effectuer une opération militaire, M. Jones a déclaré: «Je ne suis pas en possession d’informations à ce propos. J’ai cru comprendre que les militaires se préparaient à effectuer une simple opération de relève. Leur mission n’était donc pas de nature offensive, mais elle revêtait un caractère logistique». En réponse à une question, M. Jones a estimé qu’à son avis l’affaire de la collision des hélicoptères israéliens n’aura pas de conséquences sur la situation au Liban-Sud.
Commentant la récente mission d’information effectuée à Beyrouth par le secrétaire adjoint du Bureau des narcotiques au département d’Etat, M. Jonathan Winer, l’ambassadeur U.S. a déclaré: «Cette visite (de M. Winer) revêt une importance particulière. Nous prenons au sérieux l’opération de lutte contre les stupéfiants. Je pense que la mission de M. Winer a abouti à des résultats positifs sur le plan de l’évolution des efforts déployés par le Liban en matière de lutte contre la drogue. Nous continuons à estimer que le Liban est un pays de transit de la drogue, comme l’a souligné M. Winer. Nous avons le sentiment qu’il est nécessaire de poursuivre l’action entreprise sur ce plan et de renforcer la coopération en vue de mettre un terme à ce fléau. Quelle que soit la nature des relations entre les deux pays, nous pensons qu’il est nécessaire qu’une coopération s’instaure entre les services concernés afin de mettre fin au trafic des stupéfiants».
En réponse à une question sur le rapport d’une société américaine privée préconisant l’implantation de 75.000 Palestiniens au Liban, M. Jones a souligné qu’il s’agissait là d’un rapport privé et que le gouvernement américain n’est nullement concerné par la teneur d’un tel document.
De son côté, Mme McKune s’est déclarée optimiste quant à l’avenir du Liban. En réponse aux questions des journalistes, l’émissaire U.S. a d’autre part réaffirmé la détermination de Washington à aboutir à une paix globale au Proche-Orient.