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Actualités - ANALYSE

Le sud plus que jamais dans l'attente inquiète de la réaction israélienne..

C’est en vain qu’Israël s’efforce de bétonner sur le plan de la sécurité sa frontière nord avant la signature d’un traité de paix avec le Liban comme avec la Syrie. Un traité que l’Etat hébreu ne serait d’ailleurs guère pressé de conclure une fois qu’il aurait obtenu la neutralisation de la résistance libanaise et la fermeture du seul front actif de la région.
Il semble qu’Israël a cru que les arrangements non écrits de juillet 93 puis d’avril 96 allaient calmer le Hezbollah, faire cesser le cycle d’attaques-ripostes au Liban-Sud et en Galilée. Mais le parti islamiste s’en est tenu strictement aux clauses de l’accord tacite établi à l’issue de l’opération israélienne d’avril dite «les raisins de la colère», à savoir qu’on épargnerait désormais de part et d’autre toute population civile, qu’il n’y aurait donc plus de tirs de Katioucha sur les kibboutz de Galilée ni de bombardement des villages du Sud. Le Hezb a donc continué à planter des mines sur les routes empruntées par les patrouilles israéliennes ou par le lahdistess, en leur tendant parfois des embuscades et en attaquant à la roquette leurs positions, avec des bilans variables. La persistance de cette action a atteint un but politique certain: semer le doute, le trouble, la polémique en Israël où les partisans d’un retrait visant à épargner la vie des soldats israéliens se font de plus en plus nombreux.
La situation est d’autant plus inconfortable pour Israël qu’à son avis le comité multinational de surveillance du cessez-le-feu ne remplit pas son rôle puisqu’il ne jugule pas les opérations de la résistance libanaise. Ainsi, avant l’accident en Galilée de deux hélicoptères militaires qui se rendaient au Sud, collision qui a causé la mort de 73 soldats, les Israéliens avaient perdu trois de leurs hommes, dont un officier suite à une explosion revendiquée par le Hezbollah.
Dès lors, il n’est pas exclu que, tout comme ils avaient passé outre aux accords de juillet 93, les Israéliens ne décident de se passer du comité de surveillance et des accords d’avril 96. Ils se donneraient de la sorte quartier libre pour toutes actions ou exactions de vindicte qu’ils jugeraient bon d’entreprendre. D’autant que, adeptes notoires de l’axiome du fabuliste «la raison du plus fort...», les Israéliens ne sont pas loin d’estimer que c’est par la faute du Liban qu’ils viennent de perdre 73 soldats, puisque la mission de ces derniers était d’aller attaquer les Libanais...
Ainsi Weizman, qui a beaucoup d’audience en Israël de par ses fonctions de chef de l’Etat, affirme que tout doit être fait pour liquider la résistance libanaise et soutient que Tel-Aviv ne doit pas reprendre les pourparlers avec les Syriens tant que ces derniers ne se sont pas arrangés pour neutraliser le Hezbollah.
Mais si le ton israélien se durcit d’une manière générale, les opinions divergent dans l’Etat hébreu quant aux moyens à mettre en œuvre pour en finir avec le lourd problème, sécuritaire et politique, que finit par représenter l’occupation de la bande frontalière au Liban-Sud. Certains, comme déjà signalé dans ces colonnes voici quelques jours, préconisent un retrait brusque, sans contacts techniques préparatoires avec les Libanais par le truchement des Occidentaux, pour provoquer un vide appelant l’anarchie au Sud «pour laisser Beyrouth se débrouiller ensuite avec le Hezbollah». d’autres préconisent également le retrait mais pensent qu’il vaut mieux, pour la sécurité de la Galilée, préorganiser la relève par les forces régulières libanaises, voire syriennes ou alors libano-franco-syro-américaines... Mais les officiels israéliens, dont les généraux sont contre le retrait, affirmant que cela élargirait encore plus le champ des attaques hezbollahies contre la Galilée et rappelant qu’Israël ne doit pas lâcher les lahdistes qui l’ont servi... En pratique donc c’est cette option qui risque le plus d’être retenue. Et elle est inquiétante dans la mesure où ces mêmes officiels israéliens affirment que la situation devient intolérable et multiplient des menaces dont toutes ne seraient pas vaines. Ils parlent ainsi de frapper les ponts et les centrales électriques; les militaires israéliens font remarquer pour leur part que de telles représailles ne seraient pas techniquement efficaces et n’empêcheraient pas la résistance intégriste de poursuivre ses actions. Ils laissent donc entendre qu’il va y avoir de nouvelles frappes, soi-disant dirigées contre le Hezbollah. Mais comme la guérilla est par définition insaisissable, il est à craindre que comme en juillet 93 ou en avril dernier, ce ne soit encore la population civile qui fasse les frais de la vindicte israélienne, dont seul Washington pourrait juguler ou limiter les violences éventuelles...

E.K.
C’est en vain qu’Israël s’efforce de bétonner sur le plan de la sécurité sa frontière nord avant la signature d’un traité de paix avec le Liban comme avec la Syrie. Un traité que l’Etat hébreu ne serait d’ailleurs guère pressé de conclure une fois qu’il aurait obtenu la neutralisation de la résistance libanaise et la fermeture du seul front actif de la...