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Actualités - REPORTAGE

Un peu de sport ou de lecture, beaucoup de bouffe-ciné-techno (photos)

On ne dira jamais assez de bien des loisirs. C’est «ça la vraie vie»... Des heures passées à se relaxer, à faire du sport, à s’instruire ludique. Des tonnes de romans et de revues, des kilomètres de films... Le loisir est donc une bien belle conquête des temps modernes... Malheureusement souvent coûteuse. Des heures que les jeunes tenteront de caser vaillamment dans un emploi du temps chargé, s’il leur reste un peu de force au milieu du reste. Famille, boulot, école, copains, transports, toutes ces activités qui se téléscopent. Et s’il reste un peu de fric aussi. Des semaines de 40 heures pour tout cela? Vous n’y pensez pas. Il faudra compter le triple. Ou se résigner, comme tout un chacun, à faire semblant d’avoir vu le dernier film. Ou l’ultime bouquin. Entendu le suprême C.D.... A moins de répondre avec une moue: «Pas encore mais c’est le premier sur ma liste, et d’ailleurs on m’en a dit beaucoup de mal». Pas étonnant, avec tous ces loisirs, qu’on ait besoin de vacances. Venons-en au fait: Que font les jeunes (16-24 ans) durant leurs heures libres? Comment passent-ils le week-end? Quels sont leurs divertissements favoris?
Autant commencer par un loisir noble: la lecture.
Mauvaise nouvelle: les jeunes ne lisent pas de livres. Ce sont les revues, bandes dessinées et journaux qui ont leurs faveurs, suivis par une catégorie de littérature toute fonctionnelle: catalogues, modes d’emploi divers. Les livres proprement dit n’arrivent qu’en troisième position. Pourquoi? Tout d’abord parce qu’aujourd’hui, la loi du marché ne fait pas d’exception pour le secteur des loisirs: télé, sport, musique, copains et jeux électroniques font une rude concurrence au livre. Voilà qui explique qu’ils lisent moins et s’ils lisent autre chose que des livres, c’est pour une raison tout aussi simple: le cerveau des enfants de la télé vibre désormais sur un rythme emotionnel qui n’est plus celui du livre mais de l’écran cathodique: 25 images par seconde.
Le revers de médaille possède sa face lumineuse: la lecture s’est démocratisée. Les jeunes lisent moins... mais ils sont de plus en plus nombreux à lire!
Les filles lisent plus que les garçons, deux à cinq fois selon les classes, indiquent les statistiques. C’est donc clair, net et précis de 7 à 77 ans. Les consoles de jeux n’ont certes rien arrangé à l’affaire, mais dans un pays qui oriente les filles vers les sections littéraires, le pli est si ancien qu’il en paraît naturel. Côté préférence, le clivage traditionnel: aux jeunes filles la littérature romantique, psychologique, à effet miroir; aux jeunes gens, l’aventure, la science-fiction, le polar... Mais ces genres musclés gagnent du terrain ces derniers temps chez les demoiselles. Genre éternel et fort prisé: l’humour.
«Je me réfugie dans le monde du livre car ce que je vois autour de moi me rend plutôt pessimiste, explique Mona, 17 ans. Je crois qu’il existe une énigme dans le monde. Ce que je vois autour de moi n’y répond pas. Moi, je pense que c’est derrière les mots des livres qu’elle se trouve»... Peut-être.

Le week-end

Dans la tribu des «chasseurs de loisirs», les «ceux-qui-voudraient-bien-mais-n’ont-vraiment-pas-le temps» se taillent la part du lion. Ils attendent quand même le week-end avec impatience pour se défouler. Pour la plupart des jeunes, c’est un exutoire. Il leur permet de se reposer, de décompresser ou de terminer les corvées qu’ils n’ont pas eu le temps de faire durant la semaine. Le week-end de deux jours à l’anglaise où l’on rompt avec ses rythmes et ses activités habituels ne ressemble guère à la fin de semaine que subissent beaucoup de nos potiches. Ils ont en effet école le samedi et, souvent, beaucoup de travail à faire à la maison le dimanche... Toutes les corvées-courses, travail professionnel ou «homeworks» rapportés à la maison par les consciencieux et les surmenés sont dans toute la mesure du possible expédiés le samedi, quitte à ne pas déjeuner tant il y a de choses à faire ce jour-là.
La vraie détente ne commence donc pour beaucoup que le samedi soir et se termine avec la soirée du dimanche. Quand la nuit qui mène au lundi tombe, le charme est rompu, sans doute pense-t-on déjà aux soucis de la semaine à venir.
Le samedi, c’est la journée shopping-flânerie par excellence. On déambule dans les rues, dans les centres commerciaux ou on se promène corniche du Phare. «Chaque week-end, je fais une heure de marche à Manara. C’est très relaxant», dit Rana, 24 ans.
Le soir, c’est la fête, c’est traditionnel, presque sacré, pour certains. Un remake de «la fièvre du samedi soir», en quelque sorte. «Mais l’été, c’est un peu tous les soirs que l’on sort», souligne Nada, 18 ans.
«Le dimanche soir, on voudrait le passer plus souvent à la maison. Mais comme il n’y a rien d’intéressant à la télé, on se rabat sur le cinoche» indique Paul, 17 ans.
Entre nous soit dit, les responsables du petit écran devraient réfléchir sur cette chute vertigineuse de l’audimat à un moment où tous les records pourraient être facilement battus!

Sorties et rentrées

Le topo, grosso modo, des loisirs saisonniers? L’hiver: ski, boîtes, ciné et resto. L’été: plage, boîtes, ciné et resto. Au milieu de cette routine qui ne semble pas ennuyer outre mesure les jeunes, quelques-uns d’entre eux se distinguent par un dynamisme hors du commun. Pleins de vigueur, ils s’adonnent à la randonnée, à des activités sportives aventureuses comme le parapente et le kayak...
A y regarder de plus près, presque toutes les sorties sont associées à la nourriture. Les jeunes envahissent les restos chics de la ville. C’est à se demander où ils dénichent l’argent. Aujourd’hui, une nouvelle tendance apparaît: les grill rooms, les cafés et les restos arabes, pizzerias et autres fast foods sont plutôt sollicités à domicile. Ainsi, ceux qui restent at home sweet home se font livrer une pizza-crêpe-ou méchoui.

Dépense... physique

Sport à gogo ou paresse totale pour les autres. Il ne semble pas y avoir de demi-mesure. Les accros du sport sont en général beaucoup mieux organisés que les autres. «Au début de chaque saison, je prends des résolutions avec la ferme intention d’y tenir: faire de la gymnastique trois fois par semaine. Je m’inscris à un club. Après les premières semaines, les visites deviennent de plus en plus espacées. Un mois plus tard, la prespective d’aller souffrir dans une salle bondée de personnes suantes m’emballe autant qu’un rendez-vous chez le dentiste», déclare Malek, 24 ans.
D’autre part, on trouve ceux qui règlent leurs journées et soirées comme du papier à musique. Si, si, cela existe. Certains se lèvent à une heure très matinale pour dépenser un trop-plein d’énergie. Il y a Maya, 21 ans, par exemple, qui fait son jogging matinal tous les jours. «C’est un rendez-vous sacré que je manque rarement», dit-elle. Réveil à 6 heures même les jours de pluie... Parmi les activités sportives les plus prisées, il y a la natation, le tennis, le squash, le basket-ball, le football, le ski.
Il y a également la tribu des flemmards. Déambulant avec nonchalance étudiée, se prélassant mollement à la plage, aux terrasses des cafés. Envahissant les nights-clubs, se déplacant par tribus entières... «Mes heures de loisir à moi, je les consacre au repos», indique Ziad, 18 ans.
Si les jeunes gardent un semblant de sérieux le jour à l’université ou au bureau, le soir-ils s’éclatent vraiment.
Les très jeunes préfèrent le samedi soir. Ils vont danser, jouer au billard...
Couchés tard, ils font la grasse matinée le dimanche matin et ne délirent d’enthousiasme ni pour le déjeuner ni pour l’après-midi du dimanche, qu’ils consacrent en partie à leurs chères études...
«C’est malheureux. Tout est associé à la nourriture, déplore Fadi, 24 ans. On chipote, on grignote dans les cafés, on se gave dans les restos chers afin d’en avoir pour son argent. Même pour aller danser la techno, il faut casquer 50 dollars au moins. Si on est accompagné, c’est le billet vert à deux zéros qui est assuré. Beyrouth est une des capitales les plus chères du monde. On arrive à peine à s’en sortir avec tout ce qu’il y a comme dépenses quotidiennes. Que personne ne vienne nous reprocher que l’on dépense trop sur nos sorties, c’est le seul exutoire qui nous reste. Partout ailleurs, il suffit d’aller se promener dans les rues, de faire les musées, les expositions... de prendre un bouquin et s’installer à l’ombre d’un arbre dans un jardin public...».

Cocooning

Dans la tribu des sérieux, on trouve les adeptes du cocooning. Mazen, 25 ans, en est l’exemple type. Il se réveille tôt le matin, fait sa marche quotidienne, va au boulot à 7h30, rasé, parfumé, en costume-cravate. Il déjeune sagement à la maison, lit les journaux, fait une petite sieste. Le soir, c’est le café-ciné-resto ou tout simplement le cocooning devant la télé.
Les adeptes du cocooning peuvent aussi se réunir dans la maison d’un des membres du clan. Les accessoires indispensables de ces sortes de soirées: les cartes, le tric-trac, le monopoly, le Risk, les jeux de société, le Trivial Pursuit et, bien sûr, le «take away», les chips et les glaces.
L’essentiel, après tout, c’est de garder à côté de soi de quoi grignoter...

Maya GHANDOUR
On ne dira jamais assez de bien des loisirs. C’est «ça la vraie vie»... Des heures passées à se relaxer, à faire du sport, à s’instruire ludique. Des tonnes de romans et de revues, des kilomètres de films... Le loisir est donc une bien belle conquête des temps modernes... Malheureusement souvent coûteuse. Des heures que les jeunes tenteront de caser vaillamment dans un...